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D’UN EXAMEN DE CONSCIENCE À L’AUTRE |
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Certes,
entre le passé et l’avenir, le temps flottant qu’il nous faut vivre,
semble incertain. Une crise de conscience nous envahit. Il nous faudra
arracher le bandeau et préparer des lendemains qui chantent, arracher
quelques feuilles du calendrier et parier sur elles. Car tout n’est pas
menace, ni bonheur qui avilit, ni réussite qui tue, mais une confiance
en nous-mêmes, en notre conscience.
Mais l’imprévu est si constant qu’il va falloir fuir l’oracle, agir comme si l’on était maître du sort aussi contrasté fût-il. Notre indifférence aux alternances du temps, n’a pas toujours une cause aussi sentimentale pour effacer de notre mémoire la notion du temps. Néanmoins, il nous faut autant d’examens de conscience, pour nous rendre à l’évidence qu’il est grand temps de mettre les pendules à l’heure au Liban. A ce stade, il nous arrive qu’un simple examen de conscience prenne autant de valeur qu’une révolution. C’est ce sentiment en notre for intérieur qui mesure son importance et son efficacité. Toutefois, nous ne croyons pas aux cas de conscience insolubles, puisque dans les pires moments, l’homme sait qu’il peut donner sa vie pour une noble cause, pour ce qu’il croît être la vérité qu’il lui faut défendre par tous les moyens dont il dispose. Nous avons toujours cru que le premier jour de l’An, n’était jamais pareil aux autres. Aujourd’hui encore, nous avons beau répéter que les hommes ont conventionnelle-ment choisi ce jour entre autres, pour ne rien faire, qu’il y avait quelque chose qui traverse notre mémoire, une grande forme voilé: L’année nouvelle, sans visage, le destin de l’humanité et le nôtre drapés dans ses plis. Notre impassibilité au changement d’année, n’a pas toujours eu un effet romanesque. La passion n’étant indispensable que pour supprimer la conscience que les hommes ont de la notion du temps. Se recueillir au seuil de l’année nouvelle, représente justement ce que nombre d’entre nous ont en horreur. Les hommes ont toujours été allergiques à l’examen de conscience. Il n’y a guère de poison qui ne leur semble délicieux, s’il leur permet de ne rien sentir de ce passage dans la durée, d’éviter ces points de repères quoi qu’il arrive, heur ou malheur, ils sont résolus à les ignorer. Le temps ne les concerne pas, ils sont partisans de l’évasion dans la vie. Ce faisant, ils croient avoir échappé à la fatalité de l’Histoire. L’humanité, tout comme le Liban, confronte sûrement de graves problèmes qui souffrent de symptômes similaires dont chacun a sa particularité. Face à eux: des gouvernants inexpérimentés puisant dans les alibis et les tabous le peu de savoir qu’ils puissent trouver, démentis par les faits au quotidien. Les conséquences et les séquelles de ces carences se font sentir à tous les niveaux, dans les comportements au sein d’une démocratie qui s’exerce difficilement. Et, entre celle-ci et un étatisme dépassé, malade de son passé et de son présent, comment pourrait-on assurer des lendemains meilleurs, déjà largement compromis? La vérité est que la politique de soutien au Liban, hormis
quelques exceptions, est, incontestablement fallacieuse, artificielle et
artificieuse, que le pouvoir en place appelle aujourd’hui à faire
bloc contre elle, alors qu’hier même il appelait de tous ses vœux,
à lui rendre hommage, un choix estimé décisif, balayé
par les faits.
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“Que la grande inconnue que les temps à venir nous réservent, ne trouve pas en nous un point faible, mais une confiance en nous-mêmes et en l’avenir”. (Charles Péguy)
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