1997 a été une année de crises aux plans économique,
financier, social et de la vie quotidienne, durant laquelle ont émergé
une “révolte des affamés” et une régression à
tous les niveaux. Et ce, par la faute d’un gouvernement frappé de
cécité et de surdité, feignant de ne rien entendre
et de ne rien voir des problèmes auxquels sont confrontés
les citoyens dont il a la charge, le devoir d’améliorer leur standing
de vie.
Au lieu de cela, il les a surchargés de nouveaux impôts
et de surtaxes qu’ils ne sont plus en mesure de supporter. Ce gouvernement
s’est davantage occupé de la pierre, mais à quel prix et
aux dépens de ce brave peuple abandonné à son triste
sort!
Ce prix, tout le monde le sait déjà, est exorbitant;
il consiste en une dette publique de 15 milliards de dollars, appelée
à s’amplifier, en raison du “service de la dette”... Alors que l’Etat
attend, vainement, l’afflux de fonds promis au “forum des amis du Liban”
tenu à Washington, il y a bientôt deux ans...
A vrai dire, sans les généreuses initiatives du roi Fahd
Ben Abdel-Aziz, “Serviteur des deux saintes mosquées, - la dernière
s’étant traduite par le dépôt de 600 millions de dollars
auprès de la Banque Centrale, émanant de la National Saudi
Bank, dont le président est l’ami du Liban, cheikh Khaled Ben Mahfouz
- toutes les promesses du Sérail se seraient volatilisées...
L’ARMÉE, ÉPINE DORSALE...
A l’orée de la nouvelle année, tirons les leçons
qui s’imposent du passé proche et lointain. Bien des crises et des
problèmes se sont posés à nous, exigeant beaucoup
d’efforts et de sacrifices pour y remédier. Mais l’épine
dorsale dans tout cela, est sans conteste l’Armée qui a consolidé
la sécurité intérieure, tout en insufflant l’âme
de la résistance face à l’ennemi israélien.
L’institution militaire s’est souciée d’appliquer les décisions
du Conseil des ministres sans les discuter, partant du fait que la décision
politique incombe au Pouvoir. Le commandement a réussi à
maintenir la Grande Muette à l’abri de la politique et de ses tractations,
se limitant à s’acquitter de ses missions au double plan intérieur
et le long des lignes de démarcation dans la zone frontalière.
L’Armée n’a pu atteindre ses objectifs sans consentir des sacrifices.
Si elle a pu déjouer l’opération héliportée
d’Ansarieh, sans subir aucune perte en vies humaines dans ses rangs, alors
que les Israéliens ont déploré treize tués,
elle a eu des victimes parmi ses effectifs dans d’autres affrontements,
notamment à Arab Salim où elle a déploré trois
martyrs.
UNE DOUBLE ÉCHÉANCE ÉLECTORALE
Il sied, ici, de revenir à la récente tournée
que le commandant en chef, le général Emile Lahoud a effectuée
dans les positions avancées de la troupe au Liban-Sud, au cours
de laquelle il a réaffirmé les directives du commandement.
De fait, il a assuré que “l’armée n’est en état d’émulation
politique avec personne et accomplit son devoir au plan sécuritaire
dans le cadre des institutions légales.” Cette prise de position
franche du commandant en chef, est considérée comme une réplique
à ceux qui tentent d’impliquer l’institution militaire à
l’approche de l’échéance présidentielle.
Cela dit, nous devons faire face à une échéance
plus rapprochée, celle des élections municipales. Puissent
toutes les bonnes volontés se concerter aux fins de garantir le
déroulement du scrutin du printemps à la dimension des aspirations
de tous les citoyens. Ce dernier devant constituer la pierre angulaire
pour l’édification d’un Liban dont nous serons fiers.
Peut-on, à cette occasion, ne pas évoquer les propos
tenus par S.Em. le cardinal Sfeir, quant à la nécessité
d’opter pour la petite circonscription municipale, alors que la loi récemment
ratifiée par la Chambre considère toute ville et tout village,
grands ou petits, comme autant de circonscriptions?
Les observateurs pensent que l’idée de l’éminent prélat
marquera le début d’une controverse de politique autour du découpage
des circonscriptions électorales, surtout dans les grandes villes,
à la lumière du tri démographique qui s’est opéré
au cours de la guerre.
Une source ministérielle considère la proposition du
cardinal Sfeir en tant que solution de rechange au principe de la nomination
des conseillers municipaux, Sa Béatitude se préoccupant de
garantir une représentation équilibrée, tant chrétienne
que musulmane, au sein des municipalités, à travers les petites
circonscriptions dont il préconise l’adoption.
VERS UNE ALLIANCE HARIRI-HOSS-SALAM?
En même temps, cette même source observe que cette formule
requiert la révision de la loi sur les élections municipales,
ce qui ne s’avère pas possible pour le moment, en raison des arrangements
que cela exige au plan administratif et par rapport aux listes d’électeurs.
Le scrutin ne pourrait pas, alors, être organisé au printemps
prochain. C’est d’ailleurs, ce qu’a souligné le ministre de l’Intérieur,
lundi dernier, au cours d’une conférence de presse.
Quoi qu’il en soit, un courant se dessine, d’ores et déjà,
dans la capitale, en prévision de ces élections. Les députés
de Beyrouth commencent à échanger les contacts et à
se concerter en prévision d’éventuelles alliances entre les
“ténors”, à savoir: MM. Hariri, Hoss, Tammam Salam, Mohamed
Y. Beydoun, ce dernier ayant aidé à hâter la ratification
du projet de loi sur les municipalités, conjointement avec un autre
Beydoun, Mohamed Abdel-Hamid...
Les observateurs pensent que le chef du gouvernement n’a d’autre choix
que de s’allier à MM. Hoss et Salam, afin d’éviter les “surprises
désagréables”, comme ce fut le cas lors des législatives
de 96.