Saturnale

Par MARY YAZBECK AZOURY   
SI J'ÉTAIS PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE...
Je nagerais dans l’euphorie la plus douce.
Je n’aurais aucune raison de m’inquiéter.
Dressant le bilan de 1997, le président de la République a déclaré en outre: “Je suis moi-même chrétien maronite, me voyez-vous prostré?”
Si j’étais président de la République, je ne serais pas aussi prostrée.
Je suis chrétienne maronite et j’ai des raisons d’être prostrée. Mais je rejoins le chef de l’Etat dans son analyse quand il déclare: “Il est demandé aux chrétiens de s’aider eux-mêmes... Pour quelles raisons sont-ils plongés dans cet état de prostration?”
Pourquoi?
Evidemment, parce qu’ils ont peur du lendemain!
Déjà, le présent est assez difficile, il est vrai, par leur propre faute, qu’en serait-il après?
Nous n’avons pas peur de l’Islam comme religion; nous n’avons pas peur des musulmans comme compatriotes, mais nous avons peur de l’Islam comme religion d’Etat, comme c’est le cas dans  la plupart des pays arabes qui nous entourent; nous avons peur de l’intégrisme comme en ont peur les Etats arabes musulmans modérés.
Contrairement au chef de l’Etat, nous n’avons pas les moyens de plier bagages, avec notre famille et de nous en aller sous des cieux plus cléments, si la situation dans la région se détériore.
(Cela ne veut pas dire que le président Hraoui va le faire...)
Voilà, grosso modo, les raisons de la grande inquiétude des chrétiens du Liban, dont une bonne partie a envoyé ses enfants étudier à l’étranger.
Une preuve concrète de cette peur?
Le rejet massif, par les musulmans, de la proposition du président Hraoui, visant à l’institution d’un état civil non confessionnel au Liban, qui permettrait aux Libanais de contracter des mariages civils.
C’est la preuve par neuf, si besoin en est, de ce que serait ou pourrait devenir le Liban, si le statu quo actuel n’est pas respecté, ou si le pays ne progresse pas dans la voie des libertés et de la laïcité!
***

LA CARENCE DE L’ENSEIGNEMENT DE L’HISTOIRE: UN DANGER NATIONAL
Le 31 août 1983, le président de la République française, François Mitterrand, ayant un véritable “coup de sang” en plein conseil des ministres, déclare: “La carence de l’enseignement de l’Histoire à l’école est devenue un danger national.”
Le président Mitterrand se  déclare “scandalisé et angoissé” par la perte de la mémoire collective qui peut être constatée dans la nouvelle génération et indique la nécessité d’une réforme de l’enseignement de l’Histoire. Le chef de l’Etat ajoute, enfin: “Un peuple qui perd sa mémoire, perd son identité.”
Qu’en est-il au Liban?
L’Histoire du Liban est devenue le cheval de bataille de différentes parties. Chacun veut raconter l’Histoire du Liban, depuis 1860, à sa manière; chacun veut commenter les faits de son point de vue.
Conclusion? L’enseignement de l’Histoire du Liban est réduit à sa plus simple expression. Il faut prendre des mesures immédiates et énergiques pour éviter la catastrophe. Effondrement des connaissances, perte du sens de la chronologie, absence de formation historique. Notre présent est hypothèse et le futur incertain. L’Histoire peut apporter des certitudes. Peut-être s’intéressant à son Histoire, le Libanais se sentira-t-il plus en sécurité?
L’école a pour but de meubler les esprits, mais de former aussi des citoyens. Il ne faut pas redouter d’apprendre aux enfants l’Histoire de leur patrie, même si la vérité est désagréable tantôt pour les uns, tantôt pour les autres.
Si nous sommes privés de toute référence au passé, que serions-nous sinon des orphelins?

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GRANDS PREMIERS: BÉCHARA EL-KHOURY ET ZALFA CHAMOUN “L’UNIQUE”
Certains historiens dans le monde établissent un classement parmi les chefs d’Etat (rois, reines, présidents de République, etc...) pour distinguer les “Grands” ayant marqué l’Histoire de leur pays, les “presque Grands”, les “Moyens” et les “Minus” ou “Insuffisants”.
En ce début d’année, nous avons demandé à une centaine de personnes de tout âge, de toutes les professions et de tous les milieux (des étudiants aux retraités, des riches aux pauvres) qui, selon eux, peut être considéré comme un “Grand” président ou “presque Grand”.
La majorité des réponses a déclaré le président Béchara el-Khoury, Grand Premier. Le suit immédiatement, le général Fouad Chéhab... Fait intéressant: de nombreux jeunes les ont cités, alors que leurs parents même venaient de naître. C’est donc cela la réputation, c’est donc cela l’Histoire!
Quant aux autres, les Libanais se sentant libres dans l’anonymat des réponses, ont donné libre cours à leurs sentiments. Ce que nous ne pouvons, évidemment, publier sous peine d’aller directo en prison.
Au sujet de l’épouse du président la plus populaire, la plus aimée: un véritable consensus s’est fait autour du nom de Zalfa Chamoun. Là, pas d’hésitation: 80% des réponses ont spontanément voté Zalfa Chamoun. La Première grande dame du Liban, l’Unique. La plupart d’entre eux, ne l’ont pas aussi connue.

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PRÉSIDENTS DU CONSEIL?
Les questions ont été aussi posées au sujet des Premiers ministres et présidents de la Chambre.
Au sujet des présidents du Conseil, les noms qui sont le plus souvent mentionnés, sans qu’il se dégage une véritable majorité sont: Riad Solh, Salim Hoss, Rachid Karamé, Saëb Salam et Chafic Wazzan...
Quant aux chefs du Législatif, ils ne suscitent aucun état d’âme. Peut-être la fonction n’était-elle pas suffisamment médiatisée. Néanmoins, il y a eu quelques timides réponses: Sabri Hamadé et, pour les vieux, Ahmad el-Assaad.
Cette méthode quoiqu’elle rappelle les distributions des prix, est assez satisfaisante, car les réponses ont fusé spontanément!

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UN TENDRE DUO: HILARY ET BILL
Quoi de plus jolie et de plus attendrissante que cette photo, prise à l’insu des protagonistes, représentant le président Bill Clinton et son épouse Hillary dansant tendrement sur une plage, en maillot de bain?
Personnellement, je l’ai beaucoup aimée. C’est une scène charmante qui mérite d’être vue...
Cette scène pourrait-elle se passer ailleurs qu’aux USA?


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