Il s’agit, à présent, de localiser l’endroit où
se trouve le chef de la “révolte des affamés”, les rumeurs
à ce sujet étant nombreuses et contradictoires. D’aucuns
disent qu’il se serait réfugié à Brital ou dans le
jurd de cette localité, alors que d’autres pensent qu’il aurait
quitté le pays.
Le fait pour Téhéran d’avoir manifesté l’intention
d’entreprendre une initiative destinée à régler “l’affaire
Toufayli”, porte à penser que ce dernier pourrait gagner la République
islamique d’Iran. Mais rien n’est moins sûr...
La poursuite de l’ancien secrétaire général du
“Hezbollah” avait commencé dès le moment où, ayant
fait la sourde oreille à la sommation de la troupe d’évacuer
l’école religieuse de Aïn Bourday, il a pris la fuite, à
la faveur de l’obscurité avec bon nombre de ses partisans.
OÙ SE TROUVE TOUFAYLI?
Les recherches se sont étendues de Brital, village situé
au sud-ouest de Baalbeck, à Haour Taala et jusqu’au jurd...
Tout au long de la journée de samedi dernier, les contacts se
sont intensifiés au niveau politique, à l’effet de parvenir
à un arrangement acceptable, pendant que les effectifs de l’armée
renforçaient leur encerclement de Brital, en vue d’arrêter
cheikh Toufayli et ses partisans, en vertu d’un mandat d’arrêt émis
par M. Nasri Lahoud, commissaire du gouvernement près le tribunal
militaire sous une triple inculpation: formation d’une bande armée,
atteinte à la sécurité du citoyen et agression contre
les militaires.
Cependant, la hiérarchie chiite - et l’imam Chamseddine l’a
déclaré mercredi devant la Presse - est intervenue auprès
des autorités pour leur demander d’atténuer la pression
exercée sur Brital, village natal de Toufayli et, surtout, de ne
pas l’investir dans un climat survolté, afin de dissiper les craintes
de ses habitants.
APPEL AU PRÉSIDENT ASSAD
Ceux-ci ont adressé un appel au président syrien Hafez
Assad, demandant son intervention à l’effet d’empêcher un
déploiement militaire en force dans leur localité qui risquerait
d’occasionner des pertes en vies humaines et d’importants dégâts
matériels. Ils ont exprimé leur appréhension de ce
qu’une tierce partie ayant intérêt à fomenter des troubles
et à semer les germes de la sédition, s’infiltre dans le
secteur pour remettre le feu aux poudres. Ce qui compromettrait l’opération
entreprise par la Grande Muette et exécutée de manière
à limiter les dégâts.
L’imam Mohamed Chamseddine qui a pris contact avec les chefs de l’Etat
et de la Chambre, ainsi qu’avec le commandant en chef de l’Armée,
a obtenu des assurances quant à la nature de l’action confiée
à la troupe. Celle-ci se limitera à dresser des barrages
aux entrées de Brital et dans ses environs.
Le président de la Chambre a multiplié les démarches
auprès du chef de l’Etat et des responsables syriens, dans ce but.
Aussi, a-t-il obtenu des garanties selon lesquelles l’armée n’a
pas l’intention de se déployer à Brital, d’autant que selon
des renseignements provenant de sources fiables, cheikh Toufayli et ses
partisans auraient gagné le jurd ou d’autres régions békaaiotes.
La baisse de la tension sur le terrain a permis d’inhumer l’ancien
parlementaire Tleiss, dont les obsèques se sont déroulées
à Brital. La foule a scandé des slogans hostiles aux chefs
de l’Etat et du gouvernement, ainsi qu’au ministre de la Défense,
celui-ci étant natif de la Békaa et au secrétaire
général du “Hezbollah”, Hassan Nasrallah.
ACCUSATION D’UNE “TIERCE PARTIE”
Les habitants de Brital ont diffusé un manifeste dans lequel
ils accusent une “tierce partie” d’avoir ouvert le feu sur l’armée
et en même temps sur les représentants de cheikh Toufayli
(qui avaient entamé des pourparlers avec les officiers, aux fins
de parvenir à un arrangement honorable, autour de l’occupation de
l’école religieuse de Baalbeck), ce qui a causé des victimes
de part et d’autre.
Quoi qu’il en soit, il y a lieu de souligner que l’Armée a tranché
la situation avec rapidité et surmonté, avantageusement,
une dure épreuve, étant donné les facteurs tribaux
et les susceptibilités inhérentes à la contexture
politico-sociale de la Békaa.
En agissant comme elle l’a fait, la Grande Muette a prouvé,
une fois de plus, s’il en est encore besoin, l’importance de son rôle
en tant que garante de la sécurité et de la stabilité
dans le pays. Ce qui a renforcé sa crédibilité, en
opérant dans un parfait esprit d’objectivité et d’impartialité
vis-à-vis de toutes les parties.
Le général Emile Lahoud a clairement dit “qu’il ne sera
permis à personne de perturber la sécurité intérieure,
ni de détourner l’institution militaire de sa mission dont elle
s’acquitte face à l’ennemi, car cela favoriserait l’exécution
de plans subversifs contre la patrie, que ce soit au Liban-Sud ou dans
toute autre région du pays.”
LA SITUATION DANS LA BÉKAA ÉVOQUÉE
À DAMAS
Cela dit, la situation dans la Békaa a été évoquée
à Damas avec M. Abdel -Halim Khaddam par le chef du gouvernement,
qui y a fait escale mardi à son retour de Paris, où il avait
conféré avec le président Chirac autour de la conjoncture
régionale.
Toujours est-il que les milieux politiques ont blâmé le
Premier ministre: d’abord, pour être resté loin du terrain
des affrontements et, aussi, pour avoir fui ses responsabilités
et ce, en n’accordant pas l’attention nécessaire aux problèmes
socio-économiques dont l’aggravation a engendré un mouvement
revendicatif celui de cheikh Toufayli, à savoir: la “révolte
des affamés”. M. Hariri avait promis d’affecter 150 milliards de
livres (au caza de Baalbeck-Hermel) dont on ne trouve pas trace dans le
budget 98...
Par ailleurs, les observateurs s’attendent à l’émergence
d’une rivalité entre “Amal” et le “Hezbollah” autour de l’hégémonie
que chacun de ces partis aurait tendance à exercer dans cette région
à prédominance chiite.
Le chef de “Amal”, est parvenu à établir une tête
de pont à travers laquelle il compte revenir à Baalbeck-Hermel
via Brital. En effet, le chef du Législatif est parvenu à
épargner un bain de sang dans ce village et deux membres du bureau
politique de son parti ont assisté aux obsèques de Tleiss,
ce qui a été vivement apprécié par les Toufaylistes.
Nous avons appris la démission du chef du
Législatif d’Arménie qui était censé assurer
l’intérim de la présidence, suite à la démission
de M. Ter Petrossian..
Avec la démission de M. Araktsian, l’intérim selon la Constitution a été confié au nouvel homme fort du pays, le Premier ministre M. Robert Kotcharian qui était, rappelons-le, l’ancien président du Karabagh. La situation est trouble en Arménie; les nouvelles se précipitent et nous parviennent au compte-gouttes. Que réserve l’après - Ter Petrossian? Ce qui est certain selon les observateurs en place, est que le départ du président entraînera un durcissement de la position d’Erevan concernant les négo-ciations sur le Karabagh. (Voir l’article consacré à la démission présidentielle à la page 24). |