LA BOMBE A ÉTÉ
DÉSAMORCÉE DANS L’ATTENTE
DE NOUVEAUX PRÉTEXTES ET DÉTONATEURS
La crise a-t-elle
pris fin et le danger de guerre s’est-il dissi-pé? Non. ceci est
un excès d’optimisme et une interprétation erronné
des faits. Les risques de la con-frontation sont cal-culés, cette
fois, con-trairement à la fois précédente où
l’exa-gération, les fanfaronnades et les épées ensan-glantés
ont fait leur émergence... à la place de la logique, de la
vigilance, de la prévoyance et de la déduction.
Cette fois, il s’agit d’autre chose. Les ressen-timents se sont éclipsés,
mais ce qui est dans les cœurs y restent. Puis, les prétextes pour
le maintien des soldats, des armes, des porte-avions Nimitz, George Washington
et d’autres bâtiments de guerre là où ils mouillent
en prévision de la guerre, sont nombreux, dont la nécessité
de tester la sincérité dans l’application de l’accord...
Car ceux qui ont pris des engagements ont des antécédents
(sic).
L’examen des détails de l’accord avec
minutie et mauvaise foi se poursuit, les diables se trouvant toujours dans
les détails, non dans les titres. Puis, le désir de réaliser
quelqu’acquis, incite à ce comportement. Il n’est pas permis que
les héros ayant résolu de faire la guerre, reviennent les
mains vides. D’autant qu’ils ont pris la peine de s’ébranler et
il est honteux que leur branle-bas se limite à une opération
de parade...
Quant à Kofi Annan, il connaît son rôle et sa dimension,
sans tenter de les dépasser. Et ces derniers ont été
barrés, face à l’outrecuidance qui s’empare de la tête
des grands. C’est pourquoi, ils ne pèsent pas lourd et c’est ce
qui a porté Michaël McCurry, porte-parole du président
Clinton, à douter de l’utilité de l’action de Annan.
L’équipe de travail tripartite d’inspecteurs dépêchée
par les Nations Unies, ayant à sa tête le Suédois Stephen
Demistora, a considéré que son rôle était essentiellement
technique; il consiste à établir les plans de huit palais
présidentiels, soupçonnés par les observateurs d’abriter
des armes de destruction massive, des fabriques d’armement, des dépôts
et des labyrinthes.
Bagdad a accepté, sur l’insistance des présidents Chirac
et Eltsine, de faciliter la tâche des Nations Unies, l’inspection
des sites présidentiels devant prendre fin dans un délai
n’excédant pas soixante jours, cette opération étant
prise en charge par un comité nommé par Kofi Annan.
Klaus Kinkel, ministre allemand des Affaires étrangères,
a insisté sur la nécessité de ne rien épargner
pour favoriser la “solution politique”. Tout en affirmant l’engagement
de l’Allemagne à l’égard de l’option militaire américaine,
si celle-ci était adoptée.
Cependant, cette position a porté l’Amérique à
procéder à une nouvelle lecture de la proclamation de l’Allemagne
favorable à son soutien, parce qu’il y a en cela de l’exagération
et de la duplicité.
Le roi Fahd, les présidents Assad, Moubarak, Ali Abdallah Saleh,
Zein el-Abidine Ben Ali et Arafat s’étaient prononcés contre
le frappe de Bagdad.
A Ankara, où les contours de l’Etat kurde commencent à
apparaître, le président Suleiman Demirel a appelé
à l’attentisme quant au recours à la frappe aérienne
et demandé à l’Irak de respecter les résolutions des
Nations Unies. Il estime qu’une opération militaire américaine
aurait des retombées dangereuses, si elle devait se produire. L’Amérique
et la Grande-Bretagne n’ont pas encore dit leur mot définitif, en
attendant les étapes de la vérification, de l’investigation,
les tractations et les garanties inviolables.
Ajoutez à l’attente, à l’hésitation et au refus,
un avertissement de la Russie, insinuant qu’elle pourrait devenir partie
contre l’Amérique et le refus de la Chine, ne serait-ce qu’en parole,
de toute option militaire. Le secrétaire du Foreign Office, lord
Guilbert, avait annoncé que la visite de Kofi Annan à Bagdad
indique le côté exact d’où soufflent les vents.
Ainsi, le général Anthony Zinni, commandant des forces
américaines, a perdu sa chance de devenir un autre Schwarzpkof.
Et le chef des experts, Richard Butler a gagné son pari sur la nécessité
de protéger l’UNSCOM, c’est-à-dire la commission chargée
par les Nations Unies de débarrasser l’Irak des armes de destruction
massive (21 Etats) et de ne pas s’attaquer à ses effectifs.
Dans la langue de la guerre, la bombe a été
désamorcée... Cependant, la poudre reste à sa place,
attendant de nouveaux prétexte et détonateur, en dépit
de l’acceptation par le président Clinton de l’accord de Bagdad.
C’est une résolution des Nations Unies
qui a été appliquée... Au tour des autres résolutions
restées lettre morte, en tête desquelles la 425. |
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