Le
cheikh Akl druze Bahjat Ghaiss (notre photo) a été rétabli
dans ses fonctions deux années après avoir été
“limogé” et remplacé par un haut fonctionnaire de sa communauté.
Sans doute, c’est la conséquence du conflit qui oppose, depuis quelque
temps, le chef du gouvernement au ministre des Déplacés,
Walid Joumblatt, à cause du refus de M. Hariri d’inscrire dans les
prévisions budgétaires de 98 des crédits destinés
à assurer le retour des personnes déplacées à
leurs villages.
Le conflit opposant depuis quelque temps le chef du gou-vernement au
ministre des Déplacés, éclate au grand jour et risque
de se répercuter, négati-vement, sur l’équipe gouverne-mentale.
Il est possible que le Premier ministre ait sciemment agi de manière
à pousser Walid Joum-blatt à sortir de ses gonds et, partant,
à mettre à exécution sa menace de résigner
ses charges officielles. Et ce, en signe de protestation contre le refus
du président Hariri de prévoir dans les prévisions
budgétaires de 1998 des crédits destinés à
hâter le retour des personnes dépla-cées à leurs
villages.
M. Hariri avait adressé à la fin de la semaine écoulée,
une lettre demandant au ministre des Déplacés de lui communiquer
le plan global sur base duquel ce département se propose de ramener
les déplacés à leurs localités et, aussi, les
crédits nécessaires au financement de cette opération.
Le ministre a riposté sur-le-champ en renvoyant le président
du Conseil au service technique de son département, en rappe-lant
que ce dernier avait déjà envoyé au palais du gouver-nement
le plan réclamé et tous les renseignements relatifs au problème
des déplacés...
La demande de M. Hariri avait tout l’air d’une initiative visant à
laisser croire que M. Joumblatt avait failli à ses responsabilités
en tant que ministre des Déplacés et, aussi, à lui
faire endosser le retard mis par les sinistrés de la montagne et
d’ailleurs, à réintégrer leurs pénates...
Autre initiative haririenne qui n’aura pas manqué d’indisposer
M. Joumblatt: son abrogation du décret remontant à deux ans,
en vertu duquel le cheikh Akl druze, Bahjat Ghaith était rem-placé
par un haut fonctionnaire de cette communauté, chargé d’expédier
les affaires courantes de l’instance religieuse des Bani Maarouf. Ceci
avait provoqué de profonds remous au sein de la communauté.
Or, cheikh Ghaith vient d’être rétabli dans ses fonctions.
Ce qui n’a pas manqué de vexer le maître de Moukhtara qui
s’en est pris violemment au “capitalisme sauvage” incarné par M.
Hariri...
Naturellement, le cheikh Akl s’en est réjoui et après
avoir rendu visite au président du Conseil pour le remercier, a
déclaré que M. Hariri avait mis fin à une anomalie,
“un décret ayant annulé les effets du premier”.
Il a ajouté que tout est remis en ordre au sein de sa communauté
et, notamment, les wakfs qui ont besoin d’être mieux gérés...
Fait à signaler: M. Hariri a rétabli cheikh Ghaith dans
ses fonctions, suite à l’ouverture opérée par le leader
du PSP en direction du camp chrétien et spécialement, des
leaders maronites marginalisés par une application tronquée
de l’accord de Taëf.
Il n’est donc pas étonnant, comme nous le laissions prévoir
dans notre dernière livraison, que le ministre des Déplacés
change maintenant de camp, en ralliant les détracteurs du Pouvoir
et en aidant à la planification de l’action anti-gouvernementale. |