Avant
son départ pour Abou-Dhabi et Dubai, le chef de l’Etat a réitéré
son attachement au projet de mariage civil facultatif, tout en exprimant
son appréhension d’une crise de pouvoir, au cas où le chef
du gouvernement s’abstient d’apposer sa signature sur le texte officiel.
Cependant, la “trêve des confiseurs” devant intervenir à l’occasion
des fêtes de l’Adha et de Pâques, apaisera le climat enfiévré
pour au moins deux semaines. Notre photo: le président Hraoui a
été accueilli par cheikh Zayed Ben Soltan Al-Nahyane à
son arrivée à Abou-Dhabi où il se trouve depuis mardi.
Dans notre
dernière livraison, nous avons mis en garde contre une crise de
pouvoir, si le chef du gouvernement refusait d’apposer sa signature sur
le projet de loi instituant le mariage civil facultatif, pour être
tranmis à la Chambre des députés en vue de sa ratification.
Les partisans dudit projet soutiennent: “Le président Hariri
est tenu de le signer, sinon il n’aurait d’autre alternative que de présenter
sa démission”.
Et si, demandions-nous, il s’exécutait dans les circonstances
présentes, le pays serait-il en mesure de supporter une telle crise
et, surtout, ses conséquen-ces, à quelques mois de l’échéance
présidentielle?
Nous en arrivions à la conclusion suivante: il faut agir avec
sagesse et pondération, en gelant pour le moment le “projet-sédition”
qui divise les Libanais, alors que, dans la conjoncture régionale,
il importe de sauvegarder leur union et de renforcer leur cohésion,
pour déjouer les manœuvres suspectes et les complots de leur ennemi
du Sud.
Le chef de l”Etat s’est prononcé lundi, au cours de sa visite
à la Maison de Cilicie à Antélias, “contre le terrorisme
et l’incita-tion aux mouvements séditieux; pour la liberté
et la démocratie; contre les mini-Etats confession-nels, pour un
Etat moderne...”
De plus, il a émis le souhait “de voir tous les citoyens vivre
dans un Etat libre et démocratique où la religion serait
réservée à Dieu et la patrie à tous ses fils”.
Dans le même temps, il reste sur sa position en ce qui concerne
le projet de mariage civil facultatif, en dépit de la forte opposition
suscitée à son encontre dans beaucoup de milieux et, en tout
premier lieu, au niveau des instances spirituelles.
Pendant ce temps, celles-ci continuent à réclamer le
retrait dudit projet, “parce qu’il trans-gresse les préceptes de
la religion et compromet l’unité nationale”.
Ces instances sont confortées dans leur prise de position, hostile
au mariage civil, même facultatif, par des délégations
populaires venues de toutes les régions qui affluent à Dar
el-Fatwa, à Bkerké et au siège du Conseil supérieur
chiite.
Ceci a fait hausser le ton du ministre de l’Intérieur - hostile
aux manifestations, “comme l’exige la loi” (sic) - lequel s’en est pris,
à son tour, à certains hommes de religion, les accusant de
faire monter la tension au niveau de la rue et d’user de termes désobligeants
à l’égard des responsables”.
Puis, tout en invitant les chefs spirituels “à ne pas perdre
patience”, le ministre a dit qu’il ne pouvait pas ignorer ce qui se passe
dans la rue et, par conséquent, il n’allait plus tolérer
(à partir de mardi dernier) les manifestations...
Mais lesquelles, même celles qu’organiseraient les partisans
du mariage civil? Il ne l’a pas précisé...
Pour en revenir à ce sujet, il est certain que le Premier ministre
n’apposerait pas sa signature sur le projet, même si les ministres
qui y sont favorables, devaient le presser de le faire, au cours de la
réunion du Cabinet ayant eu lieu hier jeudi sous sa présidence
au palais du gouvernement.
Dans ce cas, que feraient ces ministres? Contraindraient-ils M. Hariri,
et par quel moyen, à rendre le tablier?
Dans l’état actuel des choses, une crise de pouvoir n’est pas
à écarter, pareille à celle qui avait duré
plusieurs mois sous le sexennat du président Hélou,
à cause d’un malentendu l’ayant opposé au président
du Conseil de l’époque... |