M. Elias Hraoui.
M. Nabih Berri.
M. Rafic Hariri.
Un soldat israélien traversant la frontière
libanaise.
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Dans son état actuel, le Liban ressemble à un malade
qui ne parvient pas à se débarrasser de ses souffrances,
qu’il dorme sur le côté gauche ou droit”.
Cette réflexion de M. Pierre Hélou, ancien parlementaire,
président de la Ligue maronite, traduit parfaitement la situation
dans laquelle vivent les Libanais depuis la fin de la guerre.
Le pays souffre dans ses structures vitales et est menacé par
le moindre revers ou accident de parcours.
Puis, son sort est lié à une personne, ce que déplore
un éminent homme politique. “L’être humain est sujet, à
tout instant, à un malaise qui pourrait l’emporter, alors que la
patrie appartient à tous ses fils”, soutient-il, en mettant l’accent
sur la nécessité d’instaurer l’Etat des institutions, ce
dernier étant appelé à durer, alors que les personnes
changent.
Les trois pôles du pouvoir vivaient, jusqu’à tout dernièrement,
en parfaite entente, si l’on excepte quelques divergences rapidement dissipées,
suite à une intervention de qui l’on sait. A présent, ils
sont en bisbille et ne s’adressent même plus la parole, laissant
la république aller à la dérive!
En effet, le chef de l’Etat qui a proposé l’institution du mariage
civil facultatif, est en conflit ouvert avec le président du Conseil
qui refuse de signer le projet y relatif empêchant, de ce fait, sa
transmission à la Chambre.
BROUILLE PERSISTANTE...
Le chef du Législatif, lui aussi, n’est plus en bons termes
avec le chef du gouvernement, depuis l’altercation verbale qui les avait
opposés sous l’hémicycle, le mois dernier. Conséquence
de cette brouille: la Banque du Liban a dû alléger ses réserves
en devises rares, de près de 98 millions de dollars, pour restabiliser
la parité de la monnaie nationale.
Même le “conseil” syrien n’est pas parvenu, cette fois, à
normaliser les rapports entre les trois présidents. De fait, la
tension continue à les caractériser, en dépit du sommet
libano-syrien élargi tenu sur les bords du Barada, il y a une quinzaine
de jours, précédé ou suivi de rencontres à
deux, entre le président Assad, d’une part et, séparément,
avec les présidents Berri et Hariri.
Le second sommet ayant eu lieu lundi à Damas, a-t-il pavé
la voie aux retrouvailles présidentielles prévues, dit-on,
après les fêtes dans la capitale syrienne?
Cette question a été posée au président
Hraoui à son retour de Syrie, lundi soir. Le chef de l’Etat affichait,
ce jour-là, un visage souriant et détendu; tous ceux qui
se trouvaient au domicile du président Hussein Husseini - où
M. Hraoui s’était rendu pour présenter ses condoléances
à l’ancien chef du Législatif - l’ont remarqué.
Tout en ne laissant rien transpirer de ses entretiens avec son homologue
syrien, le président de la République s’est contenté
de faire état de la satisfaction ressentie tant par Beyrouth que
Damas, suite à la position adoptée par Paris (et l’U.E.)
envers la proposition israélienne relative à un éventuel
retrait de “Tsahal” de la région frontalière.
De même, le porte-parole officiel de la présidence syrienne,
a déclaré à l’issue du sommet bipartite qui a duré
près de cinq heures, que les deux hommes d’Etat avaient échangé
les vues sur les problèmes de l’heure, celui posé par la
425 en tête, et sur les questions d’intérêt commun aux
deux pays.
D’aucuns pensent que l’échéance présidentielle
a été évoquée, étant donné que
celle-ci serait à l’origine de la tension qui caractérise
les relations inter-présidentielles au plan intérieur.
CONSEIL DES MINISTRES, MERCREDI...
Fait à signaler: l’ordre du jour du Conseil des ministres, prévu
pour mercredi prochain, a été distribué aux membres
du gouvernement.
La séance ministérielle doit se tenir au palais de Baabda
- et non au palais du gouvernement, à Sanayeh. Si elle ne devait
pas être ajournée, comme certains le pensent, les ponts devraient
être rétablis, au préalable, entre les trois pôles
du pouvoir ou, tout au moins, entre les présidents de la République
et du Conseil; faute de quoi, ils ne pourraient pas s’asseoir à
la même table...
Aussi, s’attend-on que le sommet libano-syrien élargi devant
se tenir lundi ou mardi prochains, avec la participation de la troïka,
parvienne à raccommoder les présidents Hraoui, Berri et Hariri.
On présume que les trois présidents reprendraient leurs
délibérations sur la base du “plan de réforme” précédemment
adopté, ce qui leur permettrait de relancer les modifications qu’ils
se proposaient d’apporter à certains dossiers - à la Constitution
- à l’approche de l’échéance présidentielle.
QUID DU MARIAGE CIVIL?
Cependant, certains observateurs et milieux proches de Koraytem, persistent
à désespérer d’une réconciliation Hraoui-Hariri,
surtout si le chef de l’Etat continue à défendre son projet
relatif au mariage civil facultatif, que le Premier ministre refuse de
signer.
Le mariage civil reste donc le nœud gordien à trancher. Or,
M. Hariri y est hostile, assuré de l’appui des hautes instances
religieuses, tant chrétiennes que musulmanes. Alors que les présidents
Hraoui et Berri, le second sans trop de conviction, persistent à
batailler pour obtenir la transmission du projet mentionné à
la Chambre.
Quant à l’opposition, elle pense que le président du
Conseil ne peut continuer à fuir ses responsabilités, du
moins en ce qui concerne certaines questions urgentes, en tête desquelles
la nouvelle échelle des salaires. D’autant que les milieux syndicaux
recommencent à bouger et à menacer d’organiser des mouvements
protestataires, pour contraindre le gouvernement à régler
cette affaire qui a trop duré.
Sans perdre de vue les revendications du corps enseignant, tant privé
que public, qui a déjà observé des grèves d’avertissement
et risque d’appeler à une “grève ouverte, jusqu’à
la satisfaction de ses doléances”. Et ceci serait préjudiciable
aux écoliers à l’approche des examens officiels ou de fin
d’année.
SITUATION INQUIÉTANTE AU SUD
Pendant ce temps, la situation redevient inquiétante au Liban-Sud
où les Israéliens font escalader la tension sur le terrain,
où des attentats à l’explosif se multiplient; ce qui est
interprété comme une pression croissante de la part de Tel-Aviv,
pour amener le Liban à souscrire à son plan de retrait de
la zone frontalière, en contrepartie d’arrangements de sécurité,
auxquels Beyrouth refuse de souscrire.
Aussi, n’est-il pas impossible que l’Etat hébreu perpétue
de nouvelles agressions d’envergure, surtout que l’opinion internationale,
spécialement européenne, aligne sa position sur celle de
la Syrie et du Liban, par rapport à l’application de la 425.
Fait à signaler: le président Hosni Moubarak est entré
en contact, téléphoniquement, avec le président Hraoui,
pour lui réitérer son appui et manifester son intention d’effectuer,
incessamment, une visite à Beyrouth...
... Ainsi que le Raïs l’avait confié, il n’y a pas longtemps
à Melhem Karam, président de l’Ordre des journalistes, au
cours d’une audience privée au Caire.
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