La formule
libanaise étant basée, non sur le nombre mais sur la convivialité,
toute question litigieuse susceptible de compromettre l’unité nationale,
doit nécessairement faire l’objet d’un consensus. Tel est l’argument
développé par le mufti de la République (notre
photos) dans son prêche de l’Adha, pour justifier l’opposition des
hautes instances religieuses, tant musulmanes que chrétiennes au
projet de loi instituant le mariage civil facultatif, “parce qu’il est
en contradiction avec les préceptes de la religion et sape les fondements
de la famille.”
...C’est le
chef de l’Etat qui l’a réaffirmé, en adressant ses vœux aux
Libanais à l’occasion de la fête de l’Adha.
Il a précisé que “cette unité nous permet de surmonter
les difficultés auxquelles nous sommes confrontés dans cette
période délicate.”
Or, cette unité a été ébranlée deux
fois au moins depuis son élection à la magistrature suprême:
d’abord, en ayant voulu apporter des amende-ments qu’il juge impérieux,
à certaines dispositions de la Constitution; puis, en élaborant
un projet de loi instituant le mariage civil facultatif...
Les deux fois, ses propositions ont suscité une levée
de boucliers, la seconde ayant été la plus virulente, parce
qu’elle a ligué contre lui les chefs spirituels des communautés
religieuses, tant chrétiennes que musulmanes, tout en occasionnant
entré Baabda et Koraytem une brouille, la plus sérieuse parmi
toutes celles ayant opposé les trois pôles du pouvoir, la
troïka - puisqu’il faut l’appeler par son nom, dont M. Hraoui préconise
la suppression, “parce que le pouvoir tricéphale ne peut être
viable”...
Preuve en est que le contact n’a pas encore été rétabli
entre les première et troisième présidences, même
à l’occasion de la fête de l’Adha.
De plus, le Premier Libanais n’a pas échangé les vœux,
comme le veut la coutume, avec les dignitaires religieux musulmans, alors
qu’il ne semble pas devoir prendre le chemin de Bkerké, comme il
avait l’habitude de le faire le Vendredi-Saint.
Serait-il si isolé aux plans politique et... religieux, pour
avoir choisi de célébrer la Semaine sainte à Zahlé,
sa ville natale?
Nous citons ces faits pour manifester notre étonnement de ce
que le Premier magistrat de la république, en soit venu à
engager une bataille - apparemment perdue à l’avance - en faveur
d’un projet ne pouvant faire l’objet d’un consensus national!
Pourtant, le président Hraoui est acquis à l’idée
que le Liban est le pays du dialogue et de la convivialité. Aussi,
est-on en droit de se demander comment il a pu s’embarquer sur cette galère,
tout en ayant conscience à l’avance, des réactions que ce
“bourbier” (le mariage civil) allait déclencher à tous les
niveaux.
En effet, les hautes instances religieuses, tant sunnites, que chiites
et chrétiennes s’y sont opposées et refusent d’en démordre,
ainsi qu’il est apparu de la dernière homélie dominicale
du cardinal-patriarche, comme des prêches du mufti de la République,
du président du Conseil supérieur chiite et du cheikh Akl
druze à l’occasion de l’Adha, “parce que le mariage civil est en
contradiction avec la religion et sape les fondements de la famille” (cheikh
Kabbani dixit).
Conclusion pratique: toute question litigieuse doit, nécessairement,
faire l’objet d’un consensus, fruit d’un processus régi par la logique
de la persuasion et de l’entente. |