Saturnale

Par MARY YAZBECK AZOURY 

WADIH SARBA ET RACHID NAKHLE
Tous les Libanais savent que l’auteur du poème de l’hymne national libanais “Tous pour la patrie...” (Koulouna lel Watan) est de Rachid Nakhlé, mais la plupart d’entre eux ignorent que le compositeur de la musique en est Wadih Sabra.
Ce dernier, vivant longtemps en France, a été quasiment oublié par ses compatriotes.
Telle est une des raisons pour laquelle nous en parlions la semaine dernière.
Par contre, Rachid Nakhlé, poète et politicien libanais chevronné, a joué un rôle important dans le mouvement qui allait mener à l’Indépendance. A la suite du célèbre discours de Mgr Ignace Moubarak, archevêque de Beyrouth, il organise avec quelques amis et leaders de toutes les confessions une réunion qu’il baptise (pompeusement) “Congrès National”. Ce dernier adopte en août 1943 une motion, celle de “substituer au mandat français un traité à conclure avec la France”.
Une autre idée reçue et qui est  fausse que nombre de Libanais croient: C’est que le “Cèdre bleu” qui a orné longtemps le drapeau libanais avait été choisi de cette couleur intentionnellement, pour évoquer le bleu-blanc-rouge de la France. Or, il n’en était rien. Henri Pharaon et Saëb Salam, lorsqu’ils dessinent le nouveau drapeau libanais au parlement, constatent l’absence d’un crayon vert; par contre, ils ont sous la main un stylo à l’encre bleue plus courante. Voilà la petite histoire de la grande...
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SANIOURA, ET LA LBC
Fouad Sanioura nous réserve encore pas mal de surprises. L’homme a des idées fécondes et les unes plus saisissantes que les autres... “Saisissantes” à tous les sens. Car s’il pouvait saisir ou plutôt dessaisir les Libanais de toutes leurs possessions, il n’hésiterait pas.
La dernière en date de ces trouvailles est que les Libanais devraient financer Télé-Liban; à la manière des redevances que paient les Britanniques pour la BBC...
Comment a-t-il eu l’idée géniale de cette comparaison? Nul ne le sait! Comment a-t-il le toupet de comparer la BBC à Télé-Liban? Il est  certain qu’il n’a jamais visionné ni l’une ni l’autre.
Ensuite, s’il s’imagine un instant que les Libanais paieront pour “ne pas regarder” ce qui se passe sur notre chaîne dite nationale, c’est que notre Colbert national ignore aussi que pour 5 dollars US ou pour 8.000 L.L. par mois, presque tous les Libanais sont branchés par câble aux meilleures TV du monde.
Mais voilà, Monsieur Sanioura a encore de nouvelles idées!
Les Libanais ne sont pas encore assez taxés. Il pense, sérieusement, à imposer la TVA (Taxe valeur ajoutée) aux nombreux impôts qui accablent les Libanais.
Ce matraquage d’impôts devrait être assimilé à un crime contre l’humanité. Car c’est un crime d’empêcher les Libanais de vivre et survivre. La vie des Libanais, aujourd’hui, ressemble à un gymkhana ou à une course à obstacles. A peine ont-ils surmonté l’un, que l’autre se dresse devant eux... Jusqu’à la culbute!

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DOLCE VITA ET COL À LA MAO
Pour ce numéro de “La Revue du Liban”, les “Saturnales” se veulent un peu plus légères, à l’occasion de Pâques.
La raison pour laquelle les officiels iraniens se sont désaffectionnés de leurs cols roulés adoptés après la Révolution et ont opté pour la plupart pour le col à la Mao ou la chemise ouverte sans cravate?
La cravate représente aux yeux du “populaire” le signe du capitalisme (on ne sait trop pourquoi). A la chute du Chah d’Iran, les officiels iraniens optent pour les polos en jersey blanc, ou marine, ou noir, ou gris, au col roulé. Or, en Europe, ce genre de polo a été lancé par Fellini dans le film “Dolce Vita” qui veut dire “vie facile et oisive”. Les magasins en Italie et presque dans toute l’Europe occidentale connaissent ce modèle sous le nom de “Dolce Vita”.
Il semble qu’au début, les Iraniens ne se doutent de rien.
Ce n’est que récemment, à l’occasion d’un voyage d’un officiel, qu’ils réalisent qu’ils ont adopté comme “uniforme” un symbole de déchéance. Aussitôt, ils se rabattent sur le col à la Mao cher à toutes les révolutions modernes.
“Se non è vero, è bene trovato”.

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LES LIBANAIS DU TITANIC...
C’est drôle de voir son nom parmi les noms des passagers du Titanic (Mme Antoine Yazbek).
Aussi, qu’elle n’a été ma surprise de constater qu’à bord du fameux paquebot se trouvait un boute-en-train libanais qui se nommait Antoine Yazbek avec son épouse, qui voguaient vers l’Amérique.
On ne sait s’ils ont fait partie des rescapés...
Aussi, je lance un appel à tous les lecteurs de “La Revue du Liban” et ceux qui la lisent sur “Internet” pour me fournir des indications, s’ils en ont.
Espérons que Daniel Nassif, le président de “L’American Lebanese Institute”, membre du “Council of Lebanese American Organizations” (CLAO) apporte plus de détails au sujet de ces 125 Libanais qui se trouvaient à bord du “Titanic”...

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“LES ŒUFS DORLOTÉS” OU “CODDLED EGGS”
Pâques c’est la résurrection du Christ... Outre le côté religieux, la fête de Pâques est associée aux œufs: œufs durs, œufs en chocolat, œufs en bois peints ou en porcelaine.
Or, sait-on qu’en Amérique et en Angleterre, il existe une façon très spéciale de manger les œufs le jour des fêtes?
Il s’agit des “œufs dorlotés”, pour lesquels on trouve sur le marché des récipients spéciaux.
“Coddled eggs” est leur nom original...
Pour ce faire, on prend une tasse ou un cocotier à couvercles qui se vissent. On brise à l’intérieur un ou deux œufs selon la grandeur du récipient; on y ajoute un peu de persil hâché, sel, poivre et une noisette de beurre et on les plonge dans l’eau bouillante pour 4 minutes exactement.
Ainsi, on obtient ces “œufs dorlotés” pour lesquels existent de ravissants cocotiers ou tasses peintes de fleurs, de lapins et de tout le folklore britannique. Nombre d’étrangers, d’ailleurs, se posent souvent la question; à quoi servent ces récipients, avant qu’on ne leur fournisse la réponse.
Alors, Libanais, mettez-vous à dorloter vos œufs...!


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