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Les observateurs commencent à voir et à croire que le processus de paix au Proche-Orient repose sur la communauté judéo-américaine. Car les Palestiniens, après que leur rôle soit devenu pareil à celui de petits observateurs dans une épreuve de bras de fer, ne disposent d’aucun élément leur permettant d’y influer et se contentent d’être des spectateurs marginalisés. Après cela, ils attendent des Etats-Unis de contraindre Israël à s’en tenir aux plans d’une paix totale aux fondements sains. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu refuse toute concession, ce qui a amené Madeleine Albright à proférer des menaces et à insinuer que les USA pourraient renoncer à toute intervention dans l’intérêt de la paix. Puis, la Maison-Blanche s’abstient d’entreprendre, sous la pression du lobby juif, une initiative pouvant être rejetée par le Congrès. Quant aux organisations de la juiverie américaine, elles restent divisées, étant tiraillées entre leur attachement à la paix et leur sentiment de solidarité vis-à-vis d’Israël. Le leader du Likoud a dépêché aux juifs américains deux émissaires pour les convaincre de la justesse de son plan et les mobiliser contre toute tentative américaine visant à relancer les négociations sur la base des accords d’Oslo. Ceci a incité Madeleine Albright à déclarer en public: “Le processus de paix est au bord du gouffre et de l’effondrement. Si un accord n’était pas signé avant la fin de l’année prochaine, nous devrions nous préparer à une nouvelle explosion de la violence, ce qui constituerait un danger pour la sécurité d’Israël”. C’est le plus grand élément persuasif et effrayant brandi par les USA. Albright a même menacé de laisser les parties palestinienne et israélienne se débrouiller seules. Même si Dennis Ross reprend sa navette entre Netanyahu et Arafat, il ne se fait pas d’illusion quant à la possibilité d’obtenir des résultats spectaculaires. Alors qu’il réclame un retrait israélien dans une proportion de 13,1% de Cisjordanie où l’influence de l’administration palestinienne n’excède pas 4% il sait que l’Etat hébreu ne veut pas entendre parler d’un retrait dépassant 10%, assorti de conditions rédhibitoires. La tension s’accentue autour de 3% des terres; cela signifie qu’on ne peut sortir de l’impasse sans grandes pressions politiques et économiques qu’exercerait l’Administration américaine sur le pouvoir exécutif israélien. Albright s’est exprimée avec beaucoup de précision et de franchise, en demandant le soutien de la communauté juive. “La confiance qui existait entre Israël et ses voisins après Oslo, dit-elle, faiblit et s’estompe, ce qui porte atteinte à la politique américaine dans la région.” Cela se passe alors qu’Ariel Sharon et Nathan Charensky s’opposent à un retrait, dont la proportion excèderait 9%. Tout en menaçant de faire tomber le Cabinet Netanyahu par une partie de la coalition gouvernementale, si ce dernier se laisse influencer par les pressions américaines. Par ailleurs, cent vingt deux rabbins ont adressé aux députés de la droite une lettre où ils disent: “La terre d’Israël n’est possédée que par le peuple juif, les “hôtes” devant être invités à y demeurer.” Les négociations ne devraient pas se restreindre, uniquement, à des dizaines de kilomètres carrés, Netanyahu voulant en contre-partie éliminer la troisième étape des pourparlers sur le redéploie-ment auquel font mention les accords sur l’auto-nomie. Jusqu’à présent, les indices
montrent que Netanyahu est le gagnant et Arafat, qui parlait d’un retrait
de Cisjordanie dans une proportion de 30%, se prépare à accepter
l’initiative américaine. C’est ce qu’il a laissé entendre
à Dennis Ross, en plus de certaines prises de position susceptibles
de freiner le terrorisme et de le condamner.
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