M. Elias Hraoui accompagné de M.Harriri
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Le “sommet
de la récon-ciliation” ayant tenu ses assises au début de
la semaine à Lattaquieh, a-t-il raccommodé, effectivement,
les pôles du pouvoir (la troïka) ou bien ces derniers se brouil-leraient-ils,
une fois de plus dans quelques semaines et, partant, forceraient-ils le
président Assad à entreprendre une nouvelle médiation
pour les remettre d’accord?
Procédant à une évaluation des résultats
de ce sommet, une personnalité en vue a déclaré: “En
fait, je partage l’avis de M. Bassem Sabeh, ministre de l’Information qui
a qualifié la rencontre élargie de Lattaquieh de “sommet
des sommets”, façon de dire que la Syrie n’abandonnera jamais le
Liban à son sort, en proie à des remous, quelle qu’en soit
la nature, au double plan intérieur et extérieur.
“J’ajouterai que ce sommet est l’avant-dernier avant la fin du mandat
présidentiel, le prochain devant déterminer les spécificités
du futur chef de l’Etat, sa manière de pensée, la conception
qu’il se fait de la manière de gérer la chose publique et,
peut-être, son nom.”
En réalité, la conjoncture régionale ne souffre
aucune perturbation au plan local, la Syrie et le Liban étant actuellement
confrontés à une étape parmi les plus délicates,
exigeant la conjugaison des efforts et l’unification des prises de position,
face à un ennemi commun qui ne cesse de manœuvrer à l’effet
d’imposer la paix à ses propres conditions.
TLASS REND HOMMAGE À LAHOUD
A ce propos, il sied de faire état de la déclaration
faite par le général Moustapha Tlass, après avoir
inspecté les forces syriennes stationnées au Liban-Nord,
quand il s’est félicité de la coopération et de la
coordination existant entre les armées libanaise et syrienne et
rendu hommage au général Emile Lahoud “compagnon d’arme
ayant édifié une institution nationale immunisée contre
les courants confessionnels.”
Un observateur estime que “l’importance de ces propos réside
en ce qu’ils ont été prononcés par un haut responsable
syrien - le vice-président du Conseil, ministre de la Défense
- devant plusieurs ministres et députés, rassemblés
à la faveur du déjeuner que M. Karim Racy, ancien député
de Akkar et sa mère, Mme Sonia Frangié Racy ont offert en
son honneur à Cheikh Taba.
Les visiteurs du palais de Baabda disent que le sommet de Lattaquieh
fut celui de l’apaisement et attribuent au président Hraoui des
réflexions dont il ressort que la priorité doit être
accordée, à présent, à la cohésion du
front intérieur, afin de déjouer les machinations de l’ennemi
israélien, celles relatives à la résolution 425 étant
les plus pernicieuses.
Aussi, le sommet élargi de lundi dernier a-t-il mis l’accent
sur la nécessité d’entreprendre une action diplomatique visant
à assurer l’application de la 425 d’une manière inconditionnelle,
sans garanties ni arrangements de sécurité, comme le réclame
Israël.
A ce sujet, M. Mohamed Cha-tah, ambassadeur du Liban à Washington,
appelé en consulta-tions, a rassuré les chefs de l’Etat et
du gouvernement quant à la position de la capitale fédérale,
affirmant que celle-ci campe sur sa position initiale, par rapport à
la 425 en ce sens qu’elle reste acquise au texte initial exigeant l’application
inconditionnelle de cette résolution.
Ceci atténue la fâcheuse impres-sion produite par une
déclaration de Mme Madeleine Albright, chef du département
d’Etat, qualifiant de “sérieuse” la proposition israélienne
relative au retrait de “Tsahal” du Liban-Sud.
BLACK-OUT SUR LES RÉSULTATS DU SOMMET
Cela dit et pour en revenir au sommet élargi de Lattaquieh,
on constate que le black-out imposé sur ses résultats revêt
plus d’impor-tance que les sujets qui y ont été débattus.
Cependant, selon certains recou-pements, les responsables syriens ont
agi, surtout le président Assad, aux fins de mettre un terme, une
fois pour toutes, aux divergences entre les trois présidents, qui
ont été invités à geler tout problème
litigieux dont l’évocation risque d’envenimer le climat politique
et se répercuter sur la situation économico-financière
du pays.
L’action doit, dans l’immédiat, être déployée
au niveau interna-tional, afin de contrecarrer la campagne insidieuse de
l’Etat hébreu relative à la 425: ce dernier veut laisser
croire que le Liban et la Syrie s’opposeraient au retrait de “Tsahal” du
Liban-Sud, alors que Tel-Aviv serait déterminé à rapatrier
ses troupes du Sud, en contrepatrie d’arrangements de sécurité.
Aussi, décision a-t-elle été prise de confier
au président Hariri et à M. Farès Bouez, ministre
des Affaires étrangères, le soin d’entreprendre une tournée
dans plusieurs Etats arabes et étrangers, pour exposer clairement
la position libanaise.
Cette tournée a, déjà, été entamée
par une visite de MM. Hariri et Bouez à Damas où a été
élaboré un document de travail, sur la base duquel les deux
responsables libanais prendront contact avec leurs homologues arabes et
euro-péens.
LE PROJET DE MARIAGE CIVIL MIS AU RANCART
Le sommet de Lattaquieh a donc rasséréné l’atmosphère,
comme on a pu le constater en prenant connais-sance mercredi soir, des
décisions du Conseil des ministres, le premier depuis près
d’un mois.
La réunion ministérielle avait été précédée,
la veille, d’un long tête-à-tête entre les présidents
Hraoui et Berri, au cours duquel les deux hommes ont résolu d’occulter
les problèmes épineux, celui du mariage civil facultatif
en tête; en plus de la nouvelle échelle des traitements dans
le secteur public, cette question devant faire l’objet d’une réunion
spéciale fixée à mercredi prochain.
En ce qui concerne le mariage civil, décision a été
prise, semble-t-il, de confier le projet y relatif au ministère
de l’Intérieur (dont relève le service d’Etat civil), lequel
le mettra au rancart...
Quant à l’échelle des salaires, il s’agit maintenant
de trouver des sources de financement pour couvrir les frais énormes
que nécessitera son adoption.
Il s’agit, aussi, de se préparer à l’étape, combien
délicate, précédant l’échéance présidentielle
qui risque de provoquer de nouvelles bisbilles entre les trois pôles
du pouvoir.
A ce sujet et selon les réflexions émises par le président
Hraoui devant ses visiteurs, l’option de la reconduction (de son mandat)
paraît avoir régressé, ainsi qu’il l’a insinué
en disant qu’il laissait le projet relatif au mariage civil à son
successeur.
PRIORITÉ AU DOSSIER SOCIO-ÉCONOMIQUE
Quant au président Hariri, il doit courir au plus pressé,
en s’attelant au dossier socio-économique, après avoir fait
endosser à d’autres la responsabilité de la négligence
manifestée par le Pouvoir à son égard.
Le Premier ministre se trouve face à un nouveau défi
dont dépend sa crédibilité. Le climat intérieur
est maintenant apaisé; il ne peut plus invoquer les mêmes
prétextes qu’auparavant pour justifier le peu d’attention qu’il
a accordée jusqu’ici aux problèmes intéressant les
citoyens dans leur vie quotidienne.
On présume que sa tournée qui le conduira dans plusieurs
Etats arabes: l’Arabie séoudite, l’Egypte, les pays du Maghreb;
puis, en France et en Chine, lui fournira l’occasion d’évoquer ces
problèmes avec ses interlocuteurs, sous l’angle d’une éventuelle
assistance qu’ils seraient en mesure de lui allouer.
Il ne faut pas perdre de vue, non plus, le Liban-Sud objet de pressions
permanentes de la part de notre voisin du Sud, vraisemblablement pour amener
le Liban (et la Syrie) à souscrire à ses conditions relatives
aux arrangements de sécurité exigés en contrepartie
de son retrait de la zone frontalière.
Enfin, le gouvernement semble avoir tenu parole à propos des
élections municipales qui auront lieu, comme prévu, entre
les mois de mai et d’octobre.
Le ministère de l’Intérieur s’attèle, d’ores et
déjà, aux préparatifs du scrutin.
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