Après
avoir mis au point, au cours d’une réunion à Damas, le document
de travail sur base duquel doit être déclenchée l’offensive
diplomatique libanaise contre le battage médiatique d’Israël,
le chef du gouvernement a gagné le Caire, première étape
de sa tournée dans les capitales arabes et européennes. Et
ce, afin de mieux expliciter la position de Beyrouth envers la proposition
d’Israël relative au retrait de ses forces du Liban-Sud. Premier résultat
enregistré: l’Egypte s’est alignée sur la position libano-syrienne,
exigeant le retrait inconditionnel de “Tsahal” de notre territoire.
L’offensive diplomatique libanai-se, entamée par la mise au point
d’un document de travail mixte (libano syrien) à Damas, était
devenue impérieuse, pour ne plus laisser l’Etat hébreu induire
l’opinion internationale en erreur.
En effet, Israël insinue que Beyrouth rejette sa proposition re-lative
à un retrait du Sud et la récu-pération des portions
de territoire national occupées, illégalement, par “Tsahal”
depuis tant d’années!
Mais comme on le sait, telle n’est pas la position du gouvernement
libanais, lequel exige l’application de la résolution 425 du Conseil
de Sécurité restée lettre morte depuis 1978, notre
voisin du Sud refusant de souscrire au retrait immédiat et inconditionnel
de ses forces armées...
Qu’Israël se retire sans condi-tions - il réclame des garanties
ou des arrangements de sécurité - et le Liban assurera la
sécurité de sa partie méridionale, en y déployant
ses forces régulières. C’est net, clair et précis.
La 425, on ne le répètera pas assez, a force de loi comme
la chose jugée et après son application, nos rapports avec
l’Etat hébreu devront être régis par la convention
mixte d’armistice (de 1949) jusqu’à la signature d’un traité
de paix.
Les Etats concernés, membres permanents du Conseil de Sécurité,
autant que l’opinion internationale ne doivent pas se laisser berner par
les propagandistes israéliens, les-quels font feu de tout bois pour
atteindre leur objectif, à savoir: imposer la paix avec leurs voisins
à leurs propres conditions... rédhibitoires!
Fait étrange: tant le secrétaire général
de l’ONU, sans doute sous la pression de qui l’on sait; que Washington,
Paris et, maintenant, Londres sont dupés par Tel-Aviv.
En effet, après Mme Madeleine Albright qui qualifie de “sérieuse”
la “proposition israélienne” (relative au retrait du Sud), M. William
Cohen, secrétaire d’Etat US à la Défense, a invité
Beyrouth et Damas “à répondre positivement” à cette
proposition...
Ceci justifie la campagne diplo-matique engagée par le gouverne-ment
libanais qui vient d’obtenir un soutien ferme de la part des con-gressmen
étrangers (d’origine liba-naise) ayant tenu un congrès cette
semaine dans la capitale libanaise: ceux-ci ont pris connaissance de l’argument
avancé par les gouver-nants pour justifier leur rejet de la proposition
israélienne.
Mais comme on s’en doute, la tâche du Liban officiel, sur ce
plan, n’est pas aisée. Ainsi que l’a observé le chef du gouvernement
dans une interview accordée à un confrère italien,
“l’initiative israélienne est très peu crédible,
dans la mesure où elle est liée à des conditions que
le Liban ne peut admettre”.
M. Hariri fera valoir cet argument lors des entretiens qu’il aura avec
ses interlocuteurs arabes et étrangers, à commencer par les
responsables égyptiens qu’il a rencontrés mardi au Caire.
“Israël, a dit le président du Con-seil, cherche à
nous faire payer le prix de son retrait et de sa reconnaissance de la 425,
comme il nous a fait payer le prix de son occupation, alors qu’il devrait
dédommager les Sudistes du grand préjudice qu’il a causé
aux villages frontaliers et des pertes en vies humaines occasionnées
par ses raids quasi-quotidiens”.
L’Egypte, par la voix du chef de sa diplomatie, a déjà
explicité sa position relative à l’initiative israélienne,
en assurant qu’elle est en étroite coordination avec Bey-routh et
Damas”.
Quoi qu’il en soit, certains mi-lieux se montrent sceptiques quant
aux résultats de l’offensive diplo-matique libanaise, étant
donné le soutien dont bénéficie l’Etat hébreu
de la part de certaines capitales où se prennent les décisions... |