Editorial


Par MELHEM KARAM 

 
VERS LA CONSOLIDATION DE LA LIBERTÉ, DU DROIT 
ET DE LA LOI À TRAVERS LE VERBE ET LA PLUME
Parmi les autres mois, le mois de mai se distin-gue par la liberté, dans un sens qui dé-passe la distinction entre ce qui est vo-lontaire et ce qui coercitif. La liberté s’inscrit, alors, au niveau de la moralité et au niveau de l’ac-tion politique. C’est donc une mission devant être accomplie; une qualité transformée en valeur. En ce sens que c’est une chose souhaitée non encore concrétisée. De là, le mot “liberté” sort de l’ordinaire, le terme franchis-sant le seuil de la liberté pour atteindre le monde de la libération.
A l’exception des autres mois, mai revêt cette signification exacte; c’est le mois de la liberté, appelée à déboucher sur la libération. Dans ce nouveau monde, le monde de la libération, la liberté devient la règle, la base, la loi, l’institution et l’autorité politique.
Dans ce cadre, on peut commencer à parler des libertés.
La liberté au pluriel: les libertés de religion, politique, économique et de réunion. La liberté dépasse, alors, les limites de l’engagement par l’action ou l’inaction, pour atteindre le niveau du droit par l’action. Et ce droit n’existe que si les autres le reconnaissent au niveau des institutions... économiques, sociales et politiques.
Le droit par l’action, car il occupe une position principale, est l’organisateur de la société. Le philosophe Kant, les rédacteurs de la charte des droits de l’homme et du citoyen, la charte de 1789, y compris la garantie de la cohabitation des libertés.
Dans cette trilogie réside l’action de l’homme au mois de mai. De son début au 6 mai, c’est la réclamation de la liberté, pour aboutir à la libération. Et le recours à la libération pour atteindre le droit, cette libération devenant l’artisan de l’organisation sociale. Elle le soutient par la loi, pour s’assurer la contexture de l’être aux contours clairs, dépassant la nébulosité.
La liberté, le droit, la loi: trois concepts indépendants l’un de l’autre. Mais leur regroupement les complète dans une série de vérités importantes contribuant à organiser la société. Des caractères, aux us et aux complexes, en passant par les traditions, la jurisprudence et la doctrine.
Naturellement, la liberté et la libération impriment de leur cachet le mois de mai dans sa première semaine, Achoura apparaissant comme leur image... La liberté et la libération, naturellement, ne peuvent être conçues comme un droit consolidé par la loi, indépendamment de la moralité. Le 1er mai est le droit de la société à cette moralité. Et le 6 mai, le droit à la moralité de l’individu parlant au nom de la société.
La Presse, ainsi qu’a été son jubilé d’or et, avant cela, son jubilé d’argent et le jour de sa création, relate par le verbe l’histoire de l’homme et celle des droits de l’homme, en tant que “cohabitation des libertés”. La cohabitation des gens avec la liberté risque d’être absolue, n’était leur aveu que l’“autre” jouit d’une liberté égale à la leur. Et entre les deux libertés se place la mission de la loi et de la législation.
Tout cela, avons-nous dit, ne se comprend pas indépendamment de la moralité. Nous le disons tout en sachant qu’il existe deux moralités: une moralité laïque et une moralité pouvant être rattachée à la religion. Dans la société laïque, il n’est pas question de faire prévaloir une moralité déterminée sur une autre. Dans la société religieuse, cela est possible, car le droit est lié à la religion. Non seulement par la moralité, ne serait-ce que dans une proportion moins dogmatique.
La divergence ne se pose pas dans la conception des messages sublimes. Dans l’Islam, le droit se conçoit comme un des aspects de la religion. En tant que religion, elle définit les croyances, tout en établissant la limite entre ce qui est permis et ce qui ne l’est pas.
Le judaïsme donne à Dieu le rôle de la partie dans les relations des gens entre eux. C’est un devoir envers le Très-Haut, plus fort que le droit des gens les uns envers les autres. Au cas où un juif néglige une dette, il est considéré comme ayant failli à son devoir religieux.
Combien l’Etat hébreu faillit à son devoir, le jour où il dénie les droits et les viole, sans tenir compte de la liberté, du droit et de la loi... Et sans appliquer, temporellement, ce qu’édicte la religion. Après cela, peut-on s’étonner de voir celui qui s’est détourné des enseignements de la religion, bafouer les préceptes de la légalité?
Dans le jubilé que nous attendons, dès aujourd’hui, nous réclamons la consolidation de la liberté, du droit et de la loi, en vue de raffermir leurs concepts, à travers la plume, le verbe et l’ambition. 
Photo Melhem Karam

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