AU FUR ET A MESURE QU'APPROCHENT LES DATES DU SCRUTIN
LA FIEVRE MONTE DANS TOUTES LES REGIONS
EN DEPIT DE SON EXCLUSION, JEZZINE TIENT A ELIRE SES EDILES

 
Des sessions d’entraînement à l’intention des chefs des bureaux de vote ont lieu dans les différents districts.

  
 Salim Azar.

 
Sleiman Kanaan.

 
Edmond Rizk.

 
Elias Aoun.

 
Roula Wafic Ajouz a pour devise: “La femme au service de la patrie et de la capitale”.

 
Paul Joseph Misk, candidat
 à la charge de moukhtar 
à Rmeil.


Jean-Louis Cardahi préside 
la “liste de Jbeil”.
 

En dépit du doute qui per-siste encore dans les es-prits quant à un éventuel ajournement des élections municipales, les tractations battent leur plein dans toutes les régions. 

Les conflits “interfamiliaux” émergent de nouveau, à tel point que les municipales s’annoncent beaucoup plus chaudes que les législatives, d’autant que ces dernières ont été boycottées par une large frange de votants. 
Faut-il établir des “listes consensuelles”, seules capables de prévenir la confrontation entre les clans adverses dans les villages ou bien laisser à ces derniers toute latitude de mettre sur pied des listes, en se pliant principalement sur un seul critère: l’homogénéité entre les candidats en lice? 

CONSENSUS DIFFICILE 
Dans l’ensemble, le consensus s’avère difficile à réaliser, étant donné les anciens clivages et les regroupements des familles que des ressentiments, remontant à d’anciennes consultations popu-laires, séparent, empêchant tout accord entre elles. 
Aussi, la tendance paraît-elle être en faveur de batailles en bonne et due forme, - et que les meilleurs gagnent - d’autant que le Pouvoir est soupçonné, voire accusé de s’immiscer pour faire pencher la balance en faveur des candidats de son bord... 
Ainsi, au fur et à mesure qu’approche la date du scrutin municipal, la tension s’accentue chaque jour davantage et envenime le climat, en particulier dans les villes et localités où la rivalité politique a été exacerbée par les douloureux événements. 

QUID DE LA SITUATION À SAÏDA? 
Alors qu’à Beyrouth, rien n’est apparu à la surface, à Saïda, ville natale du président du Conseil, un contact - le premier depuis les dernières législatives - a été effectué entre les deux députés de la circonscription: Mme Bahia Hariri et M. Moustapha Saad. 
Mais rien n’a transpiré de leurs conciliabules et aucun reporter-photographe n’a été autorisé à fixer la rencontre sur la pellicule. 
M. Saad s’est bien prononcé “en faveur du dialogue avec toutes les parties, afin de parvenir à l’entente dans tout le pays et à Saïda”, mais ceci ne l’a pas empêché de s’en prendre au Premier ministre, affirmant que ce dernier assume “la responsabilité de l’inachèvement du processus d’entente”. De plus, il a posé des conditions, qu’il n’a pas précisées, pour se prêter à la mise au point d’une liste consensuelle aux municipales. 
Mme Bahia Hariri a, quant à elle, réaffirmé sa détermination à conférer avec toutes les parties, abstraction de leurs tendances politiques, “en vue de former une équipe de travail et un programme et, aussi, d’amener les Sidoniens à s’intéresser aux municipales”. 

MISE EN GARDE CONTRE LE REGAIN DES RIVALITÉS 
M. Mohsen Dalloul, ministre de la Défense, a mis en garde contre “le regain des rivalités politiques et fractionnelles entre les citoyens”, à l’occasion du scrutin municipal. 
“L’ennemi israélien, a-t-il dit, attend le moment où la division règnera de nouveau dans nos rangs.” 
M. Dalloul s’est prononcé, d’autre part, en faveur d’un “exercice démocratique” lors de l’élection municipale et d’une “large participation” au vote, “à condition, toutefois, que cela ne se fasse pas aux dépens de la paix civile”. 
M. Talal Méraabi, député du Akkar, se préoccupe d’éviter le fait pour les électeurs “de dénaturer les municipales, pour en faire des conflits politiques préjudiciables au pays et à ses intérêts vitaux”. 
La plupart des membres de l’Assemblée pensent que les municipales constitueront un “test d’honnêteté et de neutralité” pour l’Autorité. 

LE CAS DES LOCALITÉS PROCHES DE LA ZONE FRONTALIÈRE 
Cela dit, il importe de signaler le cas des localités sudistes proches du “cordon frontalier” (sous contrôle israélien ou de l’ALS) où le scrutin municipal n’aura pas lieu, pour la raison que l’Etat se trouve dans l’impossibilité de le superviser. 
Cependant, Jezzine ne partage pas cet avis et tient à élire son conseil municipal. De fait, notre confrère, M. Elias Aoun, trésorier de l’Ordre de la Presse a pris, en sa qualité de président de la Ligue de la famille Aoun, l’initiative d’une action destinée à assurer aux habitants de Jezzine le droit de choisir leurs conseillers municipaux. 
A cet effet, il multiplie les contacts avec les ministres et députés de cette circonscription, à l’effet de constituer une “liste consensuelle” de douze membres, représentative de toutes les familles, celles-ci étant appelées à désigner leurs candidats. 
M. Aoun compte se concerter, à ce sujet, avec MM. Nadim Salem, le Dr Sleiman Kanaan, Me Samir Azar, Edmond Rizk; les Drs Raymond, Philippe, Pierre, Camille et Maroun Serhal; Zeidan Karam, Béchara Asmar, Jamal Karam Harfouche, Youssef, Antoine, Raymond et Khalil Aoun; Robert, Kamel, Tony et Liliane Rizk; Antoine Rohayem; les ingénieurs Joseph et Raïf Hélou, Antoine Méouchi, Joseph B. Achkar, David Kamar, Elie Assouad, Joseph Hajjar, Antoine Karam, Melhem Nassif. 
Me Aoun rencontrera, également, Mes Gabriel et Salim Méouchi, Maroun et Philippe Aziz, Simon Karam, Maroun Kanaan, Kamal Berty, Maurice Serhal, Saleh, Michel et Louis Hélou; Georges, Samir et Rita Aoun; Atef, Salim, Aline et Nadim Rizk; Kamel Azar, Joseph Chreim, ainsi que les hauts fonctionnaires de l’Etat, les professeurs d’université, les membres du corps enseignant et la jeunesse de Jezzine toutes tendances confondues. 
Au cas où une liste consensuelle est mise sur pied, les ministres et députés de cette  localité la soumettront au chef de l’Etat et au ministre de l’Intérieur, en émettant le souhait que les habitants de Jezzine soient habilités à élire leur conseil municipal “parce qu’ils sont soucieux d’être avec la légalité libanaise”. 

SESSIONS D’ENTRAÎNEMENT 
Pendant ce temps, les sessions d’entraînement destinées à initier les fonctionnaires à l’opération électorale, se poursuivent dans les différents districts, animées par M. Atallah Ghacham, directeur général de l’Intérieur. 
“L’objectif de ces sessions auxquelles ont participé 10.000 agents de l’Etat, a-t-il précisé, est d’inculquer une culture électorale aux chefs des bureaux de vote et à leurs adjoints.” 
Selon M. Ghacham, il s’agit de “la plus importante campagne de préparation au scrutin, jamais organisée au sein de l’administration libanaise.” 

JOUNIEH: BOUEZ DÉNONCE L’INGÉRENCE DE HARIRI... 
En dépit des assertions du ministre de l’Intérieur quant à la neutralité du Pouvoir dans les municipales, des voix s’élèvent pour critiquer l’ingérence du chef du gouvernement, la dernière en date étant celle de M. Farès Bouez, ministre des Affaires étrangères. 
Invité à commenter les accusations de la Ligue maronite, à ce sujet, contre M. Rafic Hariri, le chef du palais Bustros les a confirmées, implicitement, en disant: “Il semble que les problèmes qui se posent au plan national ne suffisent pas à certains... Il leur faut s’occuper, aussi, des élections municipales à Jounieh”. 
De fait, les efforts déployés par M. Georges Frem, ancien ministre (limogé du Cabinet haririen) pour mettre sur pied une “liste d’entente” ont échoué. Aussi, trois listes ont été ou sont sur le point d’être formées, soutenues, respectivement, par le ministre des Affaires étrangères; M. Hariri et l’opposition, plus exactement le “courant aouniste”. 
M. Bouez déplore la “politisa-tion” du scrutin municipal qu’il juge “catastrophique” parce qu’elle em-pêche la constitution d’un Conseil municipal neutre, représentatif de toutes les tendances. 
“Que les électeurs assument donc la liberté de leur choix et la responsabilité de sauver Jounieh de la façon qu’ils jugent la plus valable. Cette ville se trouve dans un état de pourrissement; elle a besoin de soins intensifs et d’un traitement exceptionnel. 
“Si, conclut-il, certains protago-nistes politiques veulent exercer une hégémonie sur la munici-palité, il faut perdre tout espoir d’obtenir un minimum de réforme dans une cité qui manque pratiquement de tout”. 

METTRE LES MUNICIPALES À L’ABRI DES TIRAILLEMENTS POLITIQUES 
Cependant, d’après l’évolution de la bataille électorale, il semble qu’il soit difficile, voire impossible, de placer les élections municipales à l’abri des tiraillements politiques. 
Ainsi, M. Georges Saadé, leader des Kataëb, a émis le souhait de voir sauvegarder l’entente entre les familles libanaises. C’est pourquoi, les municipales doivent se dérouler dans un climat de sérénité et de sincérité”. 
Malheureusement, on commence à craindre, sérieusement, que les électeurs en viennent à s’entre-déchirer à l’intérieur de chaque ville, de chaque village et même au sein de chaque famille. Ce qui attiserait les rancœurs, les ressentiments et les clivages au plan confessionnel. 
Quoi qu’il en soit, les observateurs pensent que le Mont-Liban - où aura lieu la première phase des municipales - servira de test au Pouvoir, pour déterminer ce qu’il conviendra de faire dans les autres districts au niveau de la formation des listes. 
“Les résultats du scrutin municipal, a déclaré un responsable, permettront de savoir s’il faudra rechercher la bataille ou composer”. 
Le cas de “Amal” et du “Hezbollah” dont les partisans s’affrontent déjà dans la rue - avant de le faire dans les urnes - donnent à réfléchir à l’Autorité. Il importe d’agir à l’effet d’empêcher des heurts armés entre les deux formations chiites, dont les membres en sont venus déjà aux mains dans la capitale - à Zokak el-Blat notamment - dans la banlieue-sud et au Liban-Sud. 

BATAILLE SERRÉE À ZAHLÉ 
A Zahlé, fief du chef de l’Etat, les tractations se poursuivent dans un climat de plus en plus tendu. En effet, la position du président Hraoui est battue en brèche par M. Elie Skaff, député de la circonscription, auquel s’est rallié, lundi, le propre fils du chef de l’Etat, M. Georges Hraoui. 
La liste Skaff est, assure-t-on, soutenue par le président Hariri, alors que le président de la République plaide en faveur d’une liste d’entente représentative de toutes les fractions. 
Et son fils explique en ces termes son ralliement à M. Skaff: “Il ne faut pas interpréter ma décision comme étant une dissension au sein de ma famille, car j’œuvre en vue de l’unification des rangs.” 
Fait à signaler: M. Khalil Hraoui, député de Zahlé et cousin de Georges Hraoui, appuie M. Joseph Diab Maalouf, candidat du “Front de Zahlé de demain”. 
Quant à M. Elie Skaff, il fait endosser “à l’autre partie” la responsabilité du refus de l’entente”... 

À BEYROUTH, LES JEUNES  
DANS LA BATAILLE 
A Beyrouth, la liste des candidats continue à s’allonger et les ligues représentant les familles beyrouthines multiplient les contacts et les réunions avant de désigner les leurs. 
Il y a lieu de signaler la participation des jeunes dans la bataille. Ainsi, deux noms ont émergé cette semaine, ceux de Roula Wafic Ajouz, directrice générale de “Cedar Wings”, revue éditée par la MEA, représentante au Liban du “Herald Tribune” et, au Caire, des revues “Time” et “Fortune”. 
M. Paul Joseph Misk, lui, est candidat à la charge de moukhtar à Rmeil. Dans son manifeste électoral, il s’adresse aux Kataëb, aux Sagessiens et à l’électorat arménien, pour rappeler qu’il se réclame de “l’école Maurice Gemayel”; en ce sens qu’à l’exemple du regretté homme politique et planificateur  il se fait du Liban une vision se rapprochant le plus de la “mondialisation”. 
M. Paul Misk indique, aussi, qu’il se préoccupe de donner une conception moderne et évoluée de la charge de moukhtar. 
Par ailleurs, la Ligue de la famille Rifaï a posé la candidature de Kamal Rifaï au conseil municipal et celle d’Adnan Rifaï à la charge de moukhtar. 
M. Michel Pharaon, député de Beyrouth, se concerte avec les diverses formations - dont le parti “Ramgavar” - en vue de parvenir à des résultats satisfaisants au niveau des élections municipales et des moukhtars. 

À JBEIL, J.-L. CARDAHI  
À LA TÊTE D’UNE LISTE 
A Jbeil, des tracts ont été distribués au nom de la “liste de Jbeil” ayant à sa tête M. Jean-Louis Cardahi, membre du syndicat des entrepreneurs. 
Cette liste s’engage à œuvrer en coopération avec les organismes étatiques pour promouvoir et sauvegarder les intérêts de la ville. 
Voici, par ailleurs, son manifeste électoral: 
“De toutes les batailles municipales qui entretiennent un climat fiévreux dans la plupart des localités libanaises, celle qui se joue à Jbeil revêt, à bien des égards, un caractère particulier. Byblos, berceau de l’alphabet et l’un des ports antiques les plus prestigieux au monde, bénéficie d’un patrimoine historique et culturel plusieurs fois millénaire. Le rôle de son nouveau conseil municipal ne saurait être, par conséquent, traditionnel et ordinaire. Gérer une localité telle que Jbeil nécessite, à l’évidence, le dynamisme et la compétence d’une équipe qui sache juger à sa juste valeur la richesse de son patrimoine ancestral. 
“Soucieux de relever ce défi, une équipe de jeunes, conduite par M. Jean-Louis Cardahi, a décidé de se lancer dans l’arène et de saisir l’occasion des municipales pour initier une véritable opération de renouveau et de développement à Jbeil d’autant que pratiquement, aucun projet important de réhabilitation et de développement n’a été exécuté dans cette localité au cours des trente dernières années. 
“M. Cardahi a réuni dans le cadre de la “liste de Jbeil” un groupe diversifié de jeunes venus d’horizons professionnels différents, mais dont la compétence, chacun dans son domaine, est bien établie. L’objectif des membres de la liste est de faire élire un conseil municipal, une équipe de travail certes, diversifiée, mais amplement homogène et cohérente. Désireux de répondre aux aspirations de la génération montante, les jeunes candidats placent leur action et leur campagne sous le signe du renouveau et du développement global et intégré, loin de toute considération politicienne.” 

ÉCHOS DE LA BATAILLE MUNICIPALE 
• AU LIBAN-SUD, et d’après les dernières nouvelles, Mme Bahia Hariri et M. Moustapha Saad pourraient se réunir une fois de plus, mercredi, à l’effet de s’entendre sur les noms des candidats aux municipales. La première rencontre entre les deux députés sudistes s’est avérée infructueuse (voir plus haut). 
- A GHOBEIRÉ (banlieue-sud), M. Salah Haraké, député de Baabda, s’est prononcé “en faveur d’une émulation démocratique entre les listes rivales, loin de toutes susceptibilités partisanes et crispations.” 
Aussi, invite-t-il les habitants de la localité à éviter tout acte provocateur? 
• Au moment de mettre sous presse, nous apprenons que deux listes sont en lice jusqu’à présent à Jounieh, présidées, respectivement, par MM. Haikal el-Khazen, frère de M. Rouchaid el-Khazen, député du Kesrouan; et Joe el-Bone, frère de M. Mansour el-Bone, autre député de la circonscription. 
Une troisième liste, en cours d’élaboration, serait soutenue par le courant aouniste et l’opposition chrétienne”. 
- A GHAZIR, Me Ibrahim A. Haddad multiplie les contacts en vue de la formation d’une liste de coalition représentative de toutes les familles. 
• A l’Intérieur, les préparatifs du scrutin municipal se poursuivent intensément. Il a été demandé aux administrateurs et aux caimacams d’apporter aux listes d’électeurs les rectifications requises, avant la date fixée pour le scrutin dans chaque mohafazat. 

 

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