CHIRAC, UN ESPACE D'AMOUR POUR LE LIBAN

Le décor semble immuable. Même paysage, mêmes gens. Rien n’a changé en cette Résidence des Pins, à part l’imposant bâtiment de style ottoman à colonnades et calligraphies arabes au-dessus duquel flotte le drapeau français qui, le 6 avril 1996, portait encore les stigmates de la guerre et dont le président Jacques Chirac, à sa première visite au Liban en tant que chef d’Etat - il y était venu en 1993, alors qu’il était maire de Paris - annonçait la réhabilitation.
 
 
 Jacques et Bernadette Chirac reçoivent avant la cérémonie,  
à l’intérieur de la Résidence, les trois présidents et leurs épouses. 
 
Le 1er septembre 1920, le général Gouraud, proclamait,  
dans le même cadre, l’indépendance du Grand Liban.
Noyé parmi une foule de 4.000 invités, il suffisait de fermer les yeux et d’imaginer sur ce même perron où se tient Jacques Chirac, le général Gouraud, alors Haut commissaire de France, proclamer le 1er septembre 1920, aux côtés du patriarche Hoyek, du mufti Naja et de nombreuses personnalités libanaises, l’indépendance du Grand Liban:
“Le jour que vos pères ont espéré en vain et que, plus heureux, vous verrez luire, approche.
“Ce jour, le voici:
“Devant tout le peuple assemblé, peuple de toutes les religions que domine le Mont-Liban, hier voisines, désormais unies en une patrie forte de son passé et grande de son avenir..., je proclame solennellement le Grand Liban.”
Autre proclamation en cette veille de fin de siècle. Autre acte d’“amitié”, de “confiance” et de “fidélité”. Discours-programme qui rejoint l’Histoire et plus récemment celui prononcé en avril 1996 au parlement, place de l’Etoile et achevé sur cet acte d’amour: “N’oubliez jamais que la France vous aime et aimera toujours le Liban, l’un des plus beaux pays du monde. L’un des plus émouvants aussi.”
 
 
Le président Chirac prononçant son discours-programme
 

Sur le perron de la Résidence des Pins, 
les présidents Hraoui et Chirac écoutent les hymnes nationaux des deux pays.
LA RÉSIDENCE DE FRANCE
“Je vous accueille, avec mon épouse et en présence de M. Védrine, ministre des Affaires étrangères, dans cette Résidence des Pins qui redevient ce soir la Résidence de France”. Chaleureux et courtois comme à son habitude, le président français a, d’emblée, tenu avec ses invités un langage direct où se dessine sa vision du présent et de l’avenir.
Auparavant, à mesure qu’elles arrivaient à la Résidence dont le parc avait accueilli une exposition illustrant des pages d’Histoire dont tout cet espace avait été le témoin, les diverses personnalités avaient été reçues par Jacques Chirac dans les salons intérieurs. En tête, les trois présidents et leurs épouses. Egalement, les chefs spirituels des diverses communautés religieuses. Une erreur de protocole devait inciter, par la suite, cheikh Mohamed Mahdi Chamseddine à quitter la cérémonie.
Atmosphère des grands jours. Les invités ont afflué de partout. Ils resteront debout pendant près de trois heures pour évoluer en ce samedi 30 mai, dans l’espace de la Résidence, devenu ce soir-là l’espace-Chirac.
La fanfare des Forces de sécurité intérieure exécutera tout à l’heure les hymnes nationaux libanais et français. Le président français reconduira à son siège le chef de l’Etat libanais qui prendra place aux côtés de son épouse, de Bernadette Chirac et des présidents de l’Assemblée et du gouvernement, ainsi que de leurs épouses.
Alignés derrière, les chefs des communautés spirituelles. Puis, les anciens chefs de gouvernement, la délégation française de 27 personnes dont on reconnaît le ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine, le maire de Paris Jean Tibéri et son épouse Xavière, le porte-parole de l’Elysée Catherine Colonna et, également, Jean-Pierre Lafon, ancien ambassadeur du Liban chaleureusement applaudi lors de son apparition.
Derrière les personnalités, tous les médias réunis. Parmi eux, une quarantaine de journalistes français qui ont accompagné Jacques Chirac. Et non loin de là, les ministres et députés.
 

Visite de Chirac à 
Nabih Berri à Aïn el Tiné.
 

Visite de Jacques Chirac
à Rafic Hariri à Koraytem. 
Il est, notamment, accompagné d’Hubert Védrine, 
ministre des Affaires étrangères.
ARCHITECTURE “NÉOGOTHIQUE OTTOMAN” RESTAURÉE À L’IDENTIQUE
En attendant le discours du président français et alors qu’un vent frisquet menace d’un changement climatique, le regard des invités se pose inévitablement sur le beau monument restauré à l’identique, où de part et d’autre de la porte monumentale chargée d’arabesques, flottent les drapeaux français et libanais.
A l’origine se déployait ici, à l’orée de Beyrouth, une forêt de pins donnant naissance en 1917, par firman impérial, à un casino-club ottoman acquis progressivement par la France dès le 21 novembre 1919, avec l’arrivée à Beyrouth du général Gouraud, Haut commissaire de France (et devenue totalement propriété française, en 1972).
Depuis, se sont succédé en cette Résidence élargie, adaptée, transformée et aussi bombardée au cours de la Seconde Guerre mondiale, les généraux Weygand et Sarrail, MM. Henry de Jouvenel, Ponsot, de Martel, Puaux, les généraux Catroux et Beynet. Charles de Gaulle, chef de la France Libre, devait y loger en juillet 1941 et en août 1942. Il avait été commandant, en garnison à Beyrouth pendant la période du mandat, de novembre 1929 à mai 1932.
Le 27 juillet 1941, Charles de Gaulle y prononçait un discours mémorable: “Si nous sommes heureux de prendre de nouveau, depuis hier contact avec le Liban, c’est d’abord évidemment parce que dans tout cœur de Français digne de ce nom, je puis vous dire que le nom seul du Liban fait remuer quelque chose de très particulier et j’ajoute que c’est d’autant plus justifié que les Libanais, libres et fiers, ont été le seul peuple dans l’Histoire du monde qui, à travers les siècles, quels qu’aient été les péripéties, les malheurs, les bonheurs, les destins; le seul peuple dont, jamais, aucun jour, le cœur n’a cessé de battre au rythme du cœur de la France.”
Plus tard, dans ses “Mémoires de guerre”, il écrivait: “A la Résidence des Pins où je m’étais installé, passèrent beaucoup de visiteurs, les uns et les autres m’affirmant leur désir de voir dans leur pays l’Etat s’acquitter pleinement de ses obligations, mais chacun se faisant l’apôtre de tel ou tel des particularismes qui, depuis l’aurore de l’Histoire, empêchaient qu’il en fût ainsi, tous me confirmant dans ma conviction que la Syrie et le Liban, accédant à l’indépendance, avaient tout à gagner, rien à perdre à la présence de la France.”
Echos d’hier plus que jamais actuels! De 1946 à 1974, huit ambassadeurs accomplissaient en cette Résidence leur mission: MM. Armand de Blanquet du Chayla, Georges Balay, Louis Roché, Robert de Boisséson, Pierre-Louis Falaize, Pierre Millet, Bernard Dufournier, Michel Fontaine, Hubert Argod. Un ambassadeur y laissait sa vie: Louis Delamare tombé en pleine guerre le 4 novembre 1981. Lui succédait Paul Marc Henry, contraint d’évacuer les lieux en juin 1982, date des bombardements israéliens.
 

Bain de foule pour Chirac à Koraytem.
 

Bernardette Chirac s’entretenant avec Randa Berri 
aux côtés de Mouna Hraoui et Nazek Hariri.
“L’UN DES ENSEMBLES ARCHITECTURAUX LES PLUS PRESTIGIEUX”
L’ambassadeur se déplace alors à Mar Takla. Baabda, dans la proche banlieue de Beyrouth, là où sont installés certains services de la chancellerie, tandis que le consulat se fixe à Jounieh. La Résidence accueille en août-septembre de la même année l’état-major des troupes françaises de l’opération “Epaulard”, ainsi qu’un hôpital de campagne. Elle est confiée par la suite aux Forces de sécurité intérieure.
L’idée de sa réhabilitation prend corps après la guerre avec l’ambassadeur Michel Chatelais. Et la décision se concrétise avec l’ambassadeur Jean-Pierre Lafon. On commence en même temps à envisager de regrouper, non loin de là, les différents services de l’ambassade.
C’est une entreprise libanaise qui s’est attelée à sa restauration. Elle a fait appel à des artistes et des artisans de très grand talent: ébénistes, sculpteurs sur pierre, spécialistes du stuc, staffeurs, ouvriers libanais, syriens et égyptiens.
Reconstruite à l’identique, mais réaménagée pour être la “résidence de l’an 2000”, la Résidence des Pins a opté, selon les indications fournies par Mme Jouanneau, pour les meubles contemporains français. Lustres, tapis, tables ont été spécialement créés pour la Résidence. Des pans de boiseries sauvegardés des bombardements ont permis de reconstruire le salon arabe. Le salon a été refait comme s’il était patiné.
Coût de cette opération: dix millions de dollars. Somme relativement peu élevée quand il s’agit de “l’un des ensembles architecturaux les plus prestigieux de la France à l’étranger.”
Le but premier de ce voyage de Jacques Chirac était d’inaugurer officiellement la Résidence des Pins. La cérémonie s’est déroulée avec éclat. Et le président français n’a pas résisté au bain de foule à l’issue de son discours fortement applaudi, suivi d’un cocktail géant sous des tentes blanches.
 

Au Musée national, il écoute les explications 
de Camille Asmar (DGA).

Chirac passe en revue la garde présidentielle.
 
43 HEURES AU LIBAN
Le président français était arrivé la veille à 21h15 à Beyrouth, accompagné de son épouse Bernadette. Un accueil officiel lui était réservé. De là, il se rendait à la Résidence des Pins dans la voiture de l’ambassadeur français Daniel Jouanneau.
En ce samedi matin, il visitait le Premier ministre Rafic Hariri à Koraytem; puis, le chef du Parlement Nabih Berri à Aïn el-Tiné. A 11h45, il se rendait à l’Ecole Supérieure des Affaires (ESA) qu’il avait inaugurée deux ans auparavant. A 12h45, il rencontrait à Baabda le président Hraoui pour être ensuite l’hôte d’honneur d’un banquet.
A 16h30, il se trouvait au Musée national où il était accueilli de même que son épouse et le président de l’Institut du Monde Arabe, Camille Cabana par Mouna Hraoui, présidente de la Fondation nationale pour le patrimoine, Bahia Hariri et Camille Asmar, directeur général des Antiquités.
Il laissera des traces de son passage en inscrivant sur le livre d’or du Musée: “En témoignage d’estime et d’admiration pour l’une des très grandes civilisations de l’humanité, toujours portée avec espérance par le Liban et son grand peuple.”
A l’issue de l’inauguration de la Résidence des Pins, un dîner était offert par Rafic Hariri.
La journée de dimanche sera marquée à 9h15 par une cérémonie d’hommage à la Résidence des Pins “aux Français victimes du devoir au Liban” (153 militaires), suivie à 9h30 d’une conférence de presse et à 10h30 de l’ouverture de la 18e conférence de l’Assemblée Internationale des Maires Francophones (AIMF) qui s’est tenue au centre-ville avec la participation de 160 représentants de 60 métropoles de 43 pays. Une réunion chère au cœur du président Chirac, l’AIMF avait été créée en 1979 à son initiative. Il en avait été le président jusqu’à son élection à la tête de l’Etat français en mai 1995. Depuis, il en était devenu le président d’honneur.
Même cérémonial à son départ. Les adieux sont encore plus chaleureux que les retrouvailles.

“LA 425 N’EST PAS NÉGOCIABLE”
Lors de la conférence de presse tenue à la Résidence des Pins, le président Chirac a entamé un avant-propos informel où il a exprimé certains sentiments ressentis la veille: “Ceux qui ont vu la Résidence des Pins au lendemain de la guerre ont probablement senti un battement de cœur particulier. Je trouve que la réhabilitation a été remarquablement réalisée. C’est quelque chose de fort et d’émouvant”. (...) Je n’ai rien à ajouter à ce que j’ai dit. Au-delà des problèmes internationaux que nous avons discutés avec le président, le Premier ministre (... nous avons évoqué) la nécessité de relancer le processus de paix, relativement condamné, il faut le dire. Nous avons évoqué des problèmes bilatéraux d’ordre économique et culturel (...) Je me réjouis d’avoir visité l’ESA. Je me réjouis du programme Cèdre avec les universités libanaises, du rôle croissant de Beyrouth dans le cadre de la francophonie (...).
Le président répondra à toutes les questions hormis celle posée en anglais, car on se trouve dans un pays francophone et celle relevant de la politique intérieure française et que n’aborde jamais le chef de l’Etat à l’étranger.
De la rencontre prévue entre Hariri et Annan, au danger nucléaire menaçant le sous-continent indien (“il faut que la communauté internationale intensifie ses efforts d’une part, pour convaincre l’Inde et le Pakistan qu’ils signent le CTBT et d’autre part, qu’ils acceptent de négocier l’arrêt de la production des missiles nucléaires”) à la conférence de paix évoquée avec Hosni Moubarak (qui serait celle des “sauveteurs de la paix” après celle il y a deux ans des “bâtisseurs de la paix”), à l’application de la 425, nombre de sujets sont évoqués, précisés. Et la France serait prête à s’associer à d’éventuels arrangements de sécurité.
Un arrêt spécial autour de l’application de la 425. “Par définition, les résolutions de l’ONU ne sont pas susceptibles d’être renégociées (...). Il n’y aura pas d’accord séparé, tronçonné. Il y aura un accord global (...). Les choses étant complexes, il n’est pas réaliste qu’on puisse fonder une paix solide (sans qu’elle soit) globale, englober la Syrie et le Liban.
“Il n’y a pas de sécurité sans paix, a-t-il également ajouté. Les Américains ont un rôle essentiel dans la relance du processus de paix. Ils l’assument. La France soutient leurs efforts. Jusqu’ici (il n’y eut) pas beaucoup de succès.”
Au sujet de la prochaine visite du président Hafez Assad en France: “La France souhaite avoir avec la Syrie de bonnes relations comme avec tous les pays voisins. J’étais moi-même allé en Syrie il y a deux ans et comme cela fait longtemps qu’un chef d’Etat syrien n’est pas venu en France, il est normal que M. Assad décide de s’y rendre prochainement.”
Quant à la France et les chrétiens du Liban: “La France est aux côtés de tous les Libanais notamment aux côtés des chrétiens, cela va de soi (...). Je n’ai pas du tout le sentiment que la France s’éloigne des chrétiens pas plus que des différentes communautés. Nous resterons aux côtés de chacun d’entre eux. Nous ne faisons pas de choix entre les Libanais.”
 

Visite en compagnie de Hariri de l’Ecole supérieure des Affaires.

“L’ESA sera un puissant pôle de la formation dont l’action devrait s’étendre à la région et au bassin méditerranéen. Cette dimension francophone est un atout pour l’avenir du Liban et de ses cadres dans le respect de l’arabe, langue nationale. Avec elle, la francophonie est une fenêtre ouverte sur un ensemble culturel et humain de mieux en mieux organisé, composé de plus de cinq cents millions de femmes et d’hommes qui affirment chaque jour son espace économique et politique dans le monde.” 
Jacques Chirac - ESA 

“L’AIMF, depuis 19 ans, dessine la Francophonie que nous voulons: une solidarité.  
“Une solidarité culturelle bien sûr, dans la défense de cette langue française que nous aimons et pour la diversité du monde de demain (...)  
“Solidarité économique et sociale pour permettre à tous les peuples et à tous les hommes de prendre le train de la mondialisation, pour offrir à tous les chances du développement, de la croissance et du mieux vivre (...)  
“Solidarité politique enfin pour faire valoir dans le monde une certaine idée de l’homme, de sa liberté, de sa dignité, une certaine idée de l’Etat, de la justice et du droit et une certaine idée des relations entre les nations, fondée sur le droit des peuples, le dialogue des civilisations et la paix.” 
Jacques Chirac - 18ème conférence de l’AIMF

 
Inexplicables absences... 
Ce qui a attiré l’attention à l’ouverture, par le président Chirac, du congrès des maires francophones, à l’occasion de sa visite à Beyrouth, fut l’absence de ceux qui étaient censés y prendre part et s’asseoir au premier rang de l’assistance. 
Fait à signaler: seuls MM. Mohamed Y. Beydoun, membre du conseil municipal; Jacques Jokhadarian et Bahaëddine Itani, députés, étaient présents, alors que deux membres du gouvernement: Michel Eddé, ministre d’Etat et Hagop Demerdjian, ministre des Affaires rurales et municipales, ont répondu à l’invitation, le second ayant pris place à la tribune officielle. 
S’est également absenté: M. Nasser Chammah, président de “Solidere”, bien que la cérémonie inaugurale se tenait dans l’enceinte de la société chargée de la reconstruction du centre-ville; il avait délégué son adjoint, Maher Beydoun. 
On a noté, en revanche, la présence de MM. Mohamed Baalbaki et Melhem Karam, présidents des Ordres de la Presse et des journalistes; de Me Antoine Klimos, bâtonnier de l’Ordre des avocats de Beyrouth, alors que les présidents des autres Ordres des professions libérales se sont absentés. 
Enfin, les organisateurs de la cérémonie inaugurale de la municipalité de Beyrouth se sont plaints de ce que beaucoup parmi les personnalités officielles n’ont pas confirmé leur présence et ne se sont pas excusés de ne pouvoir répondre à l’invitation, ce qui les a rendus perplexes quand ils ont eu à placer les invités, surtout ceux dont les sièges étaient au premier rang...
 
Extraits du discours du président Chirac à la Résidence des Pins 
(...) Cette troisième visite en deux ans est celle de l’amitié, de la confiance et de la fidélité. Une fidélité qu’évoque avec tant de force cette Résidence des Pins qui a joué un si grand rôle dans notre longue histoire faite de passion mais aussi parfois de confrontations. Cette Résidence des Pins qui appartient à notre mémoire. 
(...) C’est ici qu’est né le Liban moderne. A la fin de la Première Guerre mondiale, lorsqu’on envisagea l’avenir de ce qui avait été l’Empire ottoman, la France se fit l’avocat d’un grand Liban uni, puissant, moderne et en paix. C’est ici que le général Gouraud, alors Haut Commissaire, proclama le 1er septembre 1920, devant toutes les hautes personnalités libanaises, le Liban tel qu’il est aujourd’hui. 
(...) Oui, la France se tient à vos côtés. Elle partage vos efforts. La reconstruction est un long chemin difficile. Dans ce chemin, vous pouvez compter sur notre amitié. 
(...) C’est toute la France qui veut vous aider à poursuivre la reconstruction de votre Etat. Un Etat d’autant plus respecté qu’il se met au service des citoyens, de leur liberté, de leur dignité. Un Etat doté d’institutions solides, garantes de l’indépendance, de la stabilité et de la solidarité du pays. 
(...) Le Liban redevient cette terre de tolérance et de convivialité qu’il était avant la guerre. Une terre de paix. 
La paix qui est ici le maître-mot, qui est la première préoccupation des Libanais. La paix, c’est le sens de l’histoire. C’est l’intérêt de tous. Elle finira par l’emporter. 
Car sans paix, il ne peut y avoir de développement, ni de sécurité, pour personne dans la région. Sans paix, le risque de la violence et du terrorisme demeure. 
(...) Je sais la crainte de beaucoup d’entre vous qu’une paix élaborée ailleurs, décide du sort de votre pays et lui interdise de recouvrer sa pleine souveraineté. Toute paix à laquelle les Libanais n’auraient pas pleinement adhéré, serait naturellement une mauvaise paix, une paix fragile. S’agissant du Liban et de la Syrie, ma conviction est que la paix ne peut être fondée que sur un accord global. Israël doit se retirer du Liban conformément à la résolution 425 et sans condition. Quant à la Syrie, elle est en droit de se voir restituer le plateau du Golan. En retour, Israël, comme tous les Etats de la région, a droit à sa sécurité pleine et entière. 
Le Liban a droit à sa pleine indépendance, à sa sécurité et à sa souveraineté recouvrée sur l’ensemble de son territoire. 
(...) Et la France est disposée, si les parties concernées le lui demandent, à participer, avec d’autres, à la garantie de vos frontières. A mon sens, l’armée libanaise, comme les forces de sécurité intérieure, devront être, lorsqu’interviendra le retrait israélien dans le cadre d’une paix globale, les seuls garants de l’autorité de l’Etat sur tout votre territoire. Ce sera là un défi formidable pour votre pays. J’ai la conviction que cette nouvelle situation permettra alors aux forces syriennes, une fois la paix pleinement rétablie, de se retirer. 
(...) Mais au-delà de la France, le Liban peut compter sur toute notre famille francophone. Une famille qui s’affirme comme un nouvel acteur, un acteur à part entière des relations internationales, un promoteur de la paix, de la liberté, de la libre détermination des peuples dans le monde. 
(...) Mais c’est d’abord sur lui-même que compte le Liban. C’est en lui, c’est en sa jeunesse, qu’il trouve les forces de l’avenir. 
A cette jeunesse, je voudrais dire une nouvelle fois mon amitié et ma confiance. 
Jeunes Libanais, vous qui êtes la relève, vous qui portez l’avenir, vous qui incarnez l’espoir du Liban, soyez fidèles à sa tradition de tolérance, de respect de l’autre et d’ouverture! Faites vivre chez vous ces valeurs, cette idée de l’homme auxquelles le Liban et la France sont attachées! Dans votre travail, autour de vous, dans votre désir de réussir, gardez toujours à l’esprit et faites vivre les idéaux de liberté, de solidarité, de justice, de fraternité, de patrie aussi, qui sont le sel de l’humanité. 
(...) Et n’oubliez jamais que la France vous aime et aimera toujours le Liban, l’un des plus beaux pays du monde. L’un des plus émouvants aussi. 
Vive le Liban! 
Vive la France!
 
par EVELYNE MASSOUD

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