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![]() Jacques et Bernadette Chirac reçoivent avant la cérémonie, à l’intérieur de la Résidence, les trois présidents et leurs épouses. |
![]() Le 1er septembre 1920, le général Gouraud, proclamait, dans le même cadre, l’indépendance du Grand Liban. |
![]() Le président Chirac prononçant son discours-programme. |
![]() Sur le perron de la Résidence des Pins, les présidents Hraoui et Chirac écoutent les hymnes nationaux des deux pays. |
![]() Visite de Chirac à Nabih Berri à Aïn el Tiné. |
![]() Visite de Jacques Chirac à Rafic Hariri à Koraytem. Il est, notamment, accompagné d’Hubert Védrine, ministre des Affaires étrangères. |
![]() Bain de foule pour Chirac à Koraytem. |
![]() Bernardette Chirac s’entretenant avec Randa Berri aux côtés de Mouna Hraoui et Nazek Hariri. |
![]() Au Musée national, il écoute les explications de Camille Asmar (DGA). |
![]() Chirac passe en revue la garde présidentielle. |
“LA 425 N’EST PAS NÉGOCIABLE”
Lors de la conférence de presse tenue à la Résidence
des Pins, le président Chirac a entamé un avant-propos informel
où il a exprimé certains sentiments ressentis la veille:
“Ceux qui ont vu la Résidence des Pins au lendemain de la guerre
ont probablement senti un battement de cœur particulier. Je trouve que
la réhabilitation a été remarquablement réalisée.
C’est quelque chose de fort et d’émouvant”. (...) Je n’ai rien à
ajouter à ce que j’ai dit. Au-delà des problèmes internationaux
que nous avons discutés avec le président, le Premier ministre
(... nous avons évoqué) la nécessité de relancer
le processus de paix, relativement condamné, il faut le dire. Nous
avons évoqué des problèmes bilatéraux d’ordre
économique et culturel (...) Je me réjouis d’avoir visité
l’ESA. Je me réjouis du programme Cèdre avec les universités
libanaises, du rôle croissant de Beyrouth dans le cadre de la francophonie
(...).
Le président répondra à toutes les questions hormis
celle posée en anglais, car on se trouve dans un pays francophone
et celle relevant de la politique intérieure française et
que n’aborde jamais le chef de l’Etat à l’étranger.
De la rencontre prévue entre Hariri et Annan, au danger nucléaire
menaçant le sous-continent indien (“il faut que la communauté
internationale intensifie ses efforts d’une part, pour convaincre l’Inde
et le Pakistan qu’ils signent le CTBT et d’autre part, qu’ils acceptent
de négocier l’arrêt de la production des missiles nucléaires”)
à la conférence de paix évoquée avec Hosni
Moubarak (qui serait celle des “sauveteurs de la paix” après celle
il y a deux ans des “bâtisseurs de la paix”), à l’application
de la 425, nombre de sujets sont évoqués, précisés.
Et la France serait prête à s’associer à d’éventuels
arrangements de sécurité.
Un arrêt spécial autour de l’application de la 425. “Par
définition, les résolutions de l’ONU ne sont pas susceptibles
d’être renégociées (...). Il n’y aura pas d’accord
séparé, tronçonné. Il y aura un accord global
(...). Les choses étant complexes, il n’est pas réaliste
qu’on puisse fonder une paix solide (sans qu’elle soit) globale, englober
la Syrie et le Liban.
“Il n’y a pas de sécurité sans paix, a-t-il également
ajouté. Les Américains ont un rôle essentiel dans la
relance du processus de paix. Ils l’assument. La France soutient leurs
efforts. Jusqu’ici (il n’y eut) pas beaucoup de succès.”
Au sujet de la prochaine visite du président Hafez Assad en
France: “La France souhaite avoir avec la Syrie de bonnes relations comme
avec tous les pays voisins. J’étais moi-même allé en
Syrie il y a deux ans et comme cela fait longtemps qu’un chef d’Etat syrien
n’est pas venu en France, il est normal que M. Assad décide de s’y
rendre prochainement.”
Quant à la France et les chrétiens du Liban: “La France
est aux côtés de tous les Libanais notamment aux côtés
des chrétiens, cela va de soi (...). Je n’ai pas du tout le sentiment
que la France s’éloigne des chrétiens pas plus que des différentes
communautés. Nous resterons aux côtés de chacun d’entre
eux. Nous ne faisons pas de choix entre les Libanais.”
![]() “L’ESA sera un puissant pôle de la formation dont l’action
devrait s’étendre à la région et au bassin méditerranéen.
Cette dimension francophone est un atout pour l’avenir du Liban et de ses
cadres dans le respect de l’arabe, langue nationale. Avec elle, la francophonie
est une fenêtre ouverte sur un ensemble culturel et humain de mieux
en mieux organisé, composé de plus de cinq cents millions
de femmes et d’hommes qui affirment chaque jour son espace économique
et politique dans le monde.”
“L’AIMF, depuis 19 ans, dessine la Francophonie que nous voulons:
une solidarité.
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Inexplicables absences...
Ce qui a attiré l’attention à l’ouverture, par le président Chirac, du congrès des maires francophones, à l’occasion de sa visite à Beyrouth, fut l’absence de ceux qui étaient censés y prendre part et s’asseoir au premier rang de l’assistance. Fait à signaler: seuls MM. Mohamed Y. Beydoun, membre du conseil municipal; Jacques Jokhadarian et Bahaëddine Itani, députés, étaient présents, alors que deux membres du gouvernement: Michel Eddé, ministre d’Etat et Hagop Demerdjian, ministre des Affaires rurales et municipales, ont répondu à l’invitation, le second ayant pris place à la tribune officielle. S’est également absenté: M. Nasser Chammah, président de “Solidere”, bien que la cérémonie inaugurale se tenait dans l’enceinte de la société chargée de la reconstruction du centre-ville; il avait délégué son adjoint, Maher Beydoun. On a noté, en revanche, la présence de MM. Mohamed Baalbaki et Melhem Karam, présidents des Ordres de la Presse et des journalistes; de Me Antoine Klimos, bâtonnier de l’Ordre des avocats de Beyrouth, alors que les présidents des autres Ordres des professions libérales se sont absentés. Enfin, les organisateurs de la cérémonie inaugurale de la municipalité de Beyrouth se sont plaints de ce que beaucoup parmi les personnalités officielles n’ont pas confirmé leur présence et ne se sont pas excusés de ne pouvoir répondre à l’invitation, ce qui les a rendus perplexes quand ils ont eu à placer les invités, surtout ceux dont les sièges étaient au premier rang... |
Extraits du discours du président
Chirac à la Résidence des Pins
(...) Cette troisième visite en deux ans est celle de l’amitié, de la confiance et de la fidélité. Une fidélité qu’évoque avec tant de force cette Résidence des Pins qui a joué un si grand rôle dans notre longue histoire faite de passion mais aussi parfois de confrontations. Cette Résidence des Pins qui appartient à notre mémoire. (...) C’est ici qu’est né le Liban moderne. A la fin de la Première Guerre mondiale, lorsqu’on envisagea l’avenir de ce qui avait été l’Empire ottoman, la France se fit l’avocat d’un grand Liban uni, puissant, moderne et en paix. C’est ici que le général Gouraud, alors Haut Commissaire, proclama le 1er septembre 1920, devant toutes les hautes personnalités libanaises, le Liban tel qu’il est aujourd’hui. (...) Oui, la France se tient à vos côtés. Elle partage vos efforts. La reconstruction est un long chemin difficile. Dans ce chemin, vous pouvez compter sur notre amitié. (...) C’est toute la France qui veut vous aider à poursuivre la reconstruction de votre Etat. Un Etat d’autant plus respecté qu’il se met au service des citoyens, de leur liberté, de leur dignité. Un Etat doté d’institutions solides, garantes de l’indépendance, de la stabilité et de la solidarité du pays. (...) Le Liban redevient cette terre de tolérance et de convivialité qu’il était avant la guerre. Une terre de paix. La paix qui est ici le maître-mot, qui est la première préoccupation des Libanais. La paix, c’est le sens de l’histoire. C’est l’intérêt de tous. Elle finira par l’emporter. Car sans paix, il ne peut y avoir de développement, ni de sécurité, pour personne dans la région. Sans paix, le risque de la violence et du terrorisme demeure. (...) Je sais la crainte de beaucoup d’entre vous qu’une paix élaborée ailleurs, décide du sort de votre pays et lui interdise de recouvrer sa pleine souveraineté. Toute paix à laquelle les Libanais n’auraient pas pleinement adhéré, serait naturellement une mauvaise paix, une paix fragile. S’agissant du Liban et de la Syrie, ma conviction est que la paix ne peut être fondée que sur un accord global. Israël doit se retirer du Liban conformément à la résolution 425 et sans condition. Quant à la Syrie, elle est en droit de se voir restituer le plateau du Golan. En retour, Israël, comme tous les Etats de la région, a droit à sa sécurité pleine et entière. Le Liban a droit à sa pleine indépendance, à sa sécurité et à sa souveraineté recouvrée sur l’ensemble de son territoire. (...) Et la France est disposée, si les parties concernées le lui demandent, à participer, avec d’autres, à la garantie de vos frontières. A mon sens, l’armée libanaise, comme les forces de sécurité intérieure, devront être, lorsqu’interviendra le retrait israélien dans le cadre d’une paix globale, les seuls garants de l’autorité de l’Etat sur tout votre territoire. Ce sera là un défi formidable pour votre pays. J’ai la conviction que cette nouvelle situation permettra alors aux forces syriennes, une fois la paix pleinement rétablie, de se retirer. (...) Mais au-delà de la France, le Liban peut compter sur toute notre famille francophone. Une famille qui s’affirme comme un nouvel acteur, un acteur à part entière des relations internationales, un promoteur de la paix, de la liberté, de la libre détermination des peuples dans le monde. (...) Mais c’est d’abord sur lui-même que compte le Liban. C’est en lui, c’est en sa jeunesse, qu’il trouve les forces de l’avenir. A cette jeunesse, je voudrais dire une nouvelle fois mon amitié et ma confiance. Jeunes Libanais, vous qui êtes la relève, vous qui portez l’avenir, vous qui incarnez l’espoir du Liban, soyez fidèles à sa tradition de tolérance, de respect de l’autre et d’ouverture! Faites vivre chez vous ces valeurs, cette idée de l’homme auxquelles le Liban et la France sont attachées! Dans votre travail, autour de vous, dans votre désir de réussir, gardez toujours à l’esprit et faites vivre les idéaux de liberté, de solidarité, de justice, de fraternité, de patrie aussi, qui sont le sel de l’humanité. (...) Et n’oubliez jamais que la France vous aime et aimera toujours le Liban, l’un des plus beaux pays du monde. L’un des plus émouvants aussi. Vive le Liban! Vive la France! |