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ÉTATS-UNIS-EUROPE:INCONCILIABLES? |
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Depuis,
les Américains sont habités par la hantise d’une Europe forte.
L’administration américaine ne rate jamais l’occasion d’adresser
un message aux Européens souvent d’un ton menaçant. Aussi,
faut-il reconnaître que l’Europe, première puissance commerciale
de la planète, dont les exportations s’évaluent à
45% du total mondial, est un interlocuteur difficile aux yeux des Américains,
dont le commerce extérieur SEUO ne pèse que 15% du total
mondial. Une raison de plus pour se méfier de la forteresse Europe.
Depuis un âge lointain, l’Europe et les Etats-Unis, sont condamnés à une concurrence irréversible. Il n’est pas exclu que, même au sein du nouvel ordre mondial orchestré par les Etats-Unis, l’Europe soit toujours la grande perdante; c’est lamentable et pourtant vrai. En effet, bien avant le redressement vertigineux de l’économie américaine depuis l’arrivée de Bill Clinton au pouvoir, les Etats-Unis étaient déjà l’unique super-puissance mondiale, “l’hyper-puissance”, comme il plait au ministre français des Affaires étrangères, Hubert Védrine de l’appeler. Position qui assure à “l’establishment” américain une arrogance sans-mesure, jusqu’à refuser à ses partenaires toute immixtion dans les affaires mondiales, que ce soit en Europe, au Moyen-Orient, en Afrique, en Asie ou ailleurs. Les Américains ont toujours été intolérants à l’égard des contestataires, reprochant spécialement à la France et à l’Europe d’entraver l’application de leur stratégie militaire, politique, économique et culturelle à l’échelle planétaire, dont ils détiennent l’exclusivité. Si le président Clinton a renoncé à menacer l’Irak durant la dernière crise du Golfe, le Congrès américain, lui, était inflexible quant à la contribution européenne pour éviter une confrontation dont les conséquences auraient été plus désastreuses que celle menée par George Bush. Toutefois, la compétition entre l’Europe et les Etats-Unis, particulièrement entre la France, un des piliers principaux de la construction européenne et les Etats-Unis, vient de très loin. Force est de rappeler que ces deux pays sont les seuls à s’être investis d’une vocation universelle. L’Histoire nous enseigne que c’est l’origine commune de ce “messianisme”, qui a rapproché ces deux grandes puissances et c’est le même qui a rendu leurs rapports de plus en plus distants. Quant à la Révolution française de 1789, rappelons que tout avait débuté avec l’attentat perpétré contre le roi Charles 1er d’Angleterre, avec la révolution de 1688 et avec l’émancipation américaine de 1770. Cependant, c’est la Révolution française qui avait suscité l’enthousiasme sans précédent dans toute l’Europe et une influence notable sur l’intelligentsia allemande dirigée par Goethe, Hegel et Kant. Les Américains ont été sûrement influencés par ce mouvement. D’aucuns prétendent que la Constitution américaine aurait inspiré certains précurseurs des droits de l’homme, dont la France est incontestablement le berceau. Avec cette montée houleuse de la puissance américaine
à l’échelle planétaire et le crépuscule de
la puissance européenne, à cause des deux conflagrations
mondiales de 1918 et 1939, le rapport des forces entre les deux colosses
devait naturellement changer. Les Etats-Unis deviennent au grand dam des
Européens, les Anglais alliés inconditionnels des Etats-Unis
exceptés, les sauveteurs du vieux continent prétendant à
l’héritage pour s’ériger en détenteurs exclusifs de
cette obligation missionnaire mondiale qui avait été durant
des siècles celle de la France. Depuis la chute du Mur de Berlin
et l’effondrement de l’Union soviétique, les Etats-Unis s’instituaient
en super-puissance mondiale, unique gendarme de la planète, ayant
l’exclusivité d’exporter, voire d’imposer un modèle de démocratie
et le système de l’économie de marché dont ils se
doivent les promoteurs. Jamais début n’a été aussi
controversé.
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![]() “Il faudrait se méfier des engagements en Europe, pour éviter qu’elle se mêle des affaires américaines, mais surtout pour ne pas être pris dans les conflits sempiternels qu’elle suscite.” Le Président James Monroe
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