L'ENIGME DE L'ASSASSINAT D'OLOF PALME, PREMIER MINISTRE SUEDOIS

L’Affaire OLOF PALME”, comme on l’appelle en Suède ne pourra être définitivement classée que 25 ans après le crime, c’est-à-dire en l’an 2011. Or, à peine, la décision de la Cour suprême de Suède, refusant la révision du procès de l’assassinat connu, qu’à un autre coin de l’univers surgit un élément “nouveau” susceptible de faire rouvrir le procès. En effet, après avoir innocenté définitivement le présumé coupable Christer Petterson, un Suédois de 50 ans, condamné puis acquitté, la Cour n’avait plus de “nouveaux éléments” pour rouvrir le procès. Or, avec la confession d’un séparatiste kurde, Semdin Sakik, qui déclare urbi et orbi que c’est le PKK (le Parti Séparatiste kurde) qui a commandité l’assassinat, il semble que “l’affaire Olof Palme” ne puisse plus être immédiatement classée.

L’endroit où Olof Palme a été assassiné dans la nuit 
du 28 février 1986, continue à être fleuri de roses rouges.
 
 
 Semdin Sakik un “ancien” du PKK. 
Ses aveux mèneront-ils à l’aboutissement de l’enquête?
 

À QUI PROFITE LE CRIME?
Selon Sakik, le PKK a décidé d’éliminer Olof Palme car le Premier ministre suédois voulait expulser de Suède les membres de ce Parti réfugiés dans ce pays, parmi lesquels huit étaient accusés de terrorisme.
Sakik déclare qu’il n’est pas sûr de l’identité du tueur - qui aurait pu être un tueur à gages-mais qu’il est sûr que c’est le PKK qui est coupable.
Sakik est actuellement prisonnier à Ankara en Turquie. Il a été arrêté le 13 avril 1998 au Nord de l’Irak, par des soldats de l’armée turque. Il est soumis à de nombreux interrogatoires.
Il persiste dans toutes ses déclarations pour imputer au PKK l’assassinat d’Olof Palme.
Avant son arrestation, Sakik avait quitté de son plein gré le PKK, estimant que le Parti déviait de sa ligne initiale de conduite, il s’était rendu volontairement à un groupe irano-kurde allié avec la Turquie.
Olof Palme n’avait pas que des amis...
En cours d’enquête, il s’était avéré que des partisans ou des membres de la Sécurité d’Afrique du Sud avaient songé à l’éliminer, car il ne cachait pas ses opinions anti-apartheid.
Si l’on ajoute qu’il était aussi un adversaire acharné de l’OTAN, qu’il avait manifesté contre les Soviétiques lors de l’invasion de la Tchécoslovaquie, puis contre les bombardements américains sur Hanoï, on comprend que le nombre de personnes “A qui le crime profitait” ne rendait pas la tâche facile aux enquêteurs et policiers suédois.

***

OLOF PALME OU LE JFK SUÉDOIS
J’ai eu l’honneur et le plaisir d’interviewer le Premier ministre Olof Palme en décembre 1974 (article qui a paru dans “La Revue du Liban” en date du 4 janvier 1975, portant le numéro 836).
Olof Palme était, alors, Premier ministre depuis octobre 1969. “Peu de temps”, me confie-t-il, selon les critères suédois.
Olof Palme sera Premier ministre de 1969 à 1976 et de 1982 jusqu’au 28 février 1986.
Qui est Olof Palme?
Homme indépendant, refusant toute protection policière visible ou invisible, Olof Palme circulait toujours sans escorte, se rendant si possible à pied dans n’importe quel endroit. Ses compatriotes le reconnaissaient, le saluaient, lui adressaient quelques mots, mais ne le harcelaient jamais. Pour le rencontrer, il suffisait de prendre un rendez-vous avec son chef de Cabinet.
C’est ainsi qu’il a été assassiné le 28 février 1986 un peu avant minuit, alors qu’en compagnie de son épouse Lisbeth, il sortait d’un cinéma en plein centre de Stockholm et qu’il rentrait chez lui à pied. Un inconnu l’a abattu d’une balle dans le dos, son épouse a eu ses vêtements  traversés par une seconde balle et a été légèrement blessée.
A 59 ans, Olof Palme était une figure marquante de la Social-Démocratie suédoise.
Né le 30 janvier 1927, d’une famille très aisée, Olof Palme avait grandi dans une société qui avait opté pour la Social- Démocratie depuis 1938. Ses fréquents séjours chez ses grands parents maternels, des aristocrates demeurant à Riga (Lettonie) dans une zone alors prise en tenaille entre le nazisme et le communisme, avaient fait de lui un polyglotte qui parlait depuis l’enfance outre le suédois, le russe, l’allemand, l’anglais et le français, doublé d’un voyageur effréné, à une époque où l’aviation n’avait pas encore réalisé ses modernes progrès.
Vif, spontané ,charismatique, il avait été surnommé le Kennedy suédois.
Hélas! Ce surnom n’allait pas lui porter bonheur, puisque tout comme Kennedy, il allait être assassiné et tout comme Kennedy son assassinat demeure mystérieux.
 

Semdin Sakik 
un “ancien” du PKK. 
Ses aveux mèneront-ils à 
l’aboutissement de l’enquête?
NEUTRALITÉ ACTIVE
Dès 1945, il participe à la vie publique suédoise, en participant alors qu’il n’a que 18 ans, au transport à Goteborg des réfugiés du camp de Bergen-Belsen (Allemagne). Entrés dans la vie politique comme secrétaire de Tage Erlander, en 1951, il devient vite le fils spirituel du “Père” de la Social-Démocratie suédoise. Il est nommé ministre des Communications et de l’Education nationale, est élu au Riksdag, première Chambre du parlement suédois dès 1957.
En 1969, il est élu chef du parti Social-Démocrate, le Premier ministre Tage Erlander ayant pris sa retraite. Il lui succède à la tête du gouvernement.
Sous son influence, la Suède accentue sa politique dite de “neutralité active”, impliquant une participation positive aux affaires internationales.
Rencontré au parlement, Olof Palme m’avait alors déclaré:
“Nous façonnons la politique de “neutralité positive” à la suédoise, sous notre propre responsabilité et selon nos propres conceptions. Elle ne nous est pas dictée par des capitales étrangères.
“Elle ne pourra jamais nous retirer le droit de prononcer des paroles de paix, de justice, de protester contre la violence et l’oppression selon nos convictions démocratiques, d’interpréter les sentiments et les états d’âme d’une opinion prépondérante dans notre pays.
“Devons-nous laisser la neutralité devenir un prétexte, pour ne pas nous engager et refuser de voir la misère de l’autre?
“Ou bien devons-nous montrer un visage généreux; exprimer le désir de prendre position et assumer des responsabilités?”
En 1968, Olof Palme n’hésite pas, alors qu’il est ministre de l’Education, à manifester dans la rue contre l’invasion de la Tchécoslovaquie et contre les bombardements à Hanoï. Sa photo à côté de l’ambassadeur du Nord du Vietnam avait été publiée dans tous les journaux et magazines du monde et Washington avait rappelé son ambassadeur à Stockholm.
 
Photographié dans la cellule de sa prison à Ankara, 
Semdin Sakik persiste et signe ses aveux en pointant le doigt vers le PKK.
 
 Olof Palme souriant encore à ce souvenir, en l’évoquant devant moi.
Très populaire Olof Palme, ce “Kennedy à la Suédoise” était vite devenu une figure incontournable sur la scène internationale.
“Paix, justice sociale, solidarité humaine, sécurité” des mots qui revenaient toujours dans ses discours.
Hélas! Cela n’a pas empêché, la haine et la violence de l’éliminer.
Aujourd’hui son épouse Lisbeth, psychologue d’enfants, ses trois fils Joakim (né en 1958), Marten (né en 1961) et Mattias (né en 1968) attendent avec espoir et patience que la vérité sur l’assassinat de leur époux et père éclate enfin.
MARY YAZBEK AZOURY

HomeHome