Les
élections municipales du Liban-Nord ont provoqué l’éclatement
de l’esprit clanique ou familial. De fait, dans tout le Akkar, caza le
plus important quant au nombre des votants, une seule liste d’entente a
été constituée à Baïno. Les divisions
ont affecté les clans et les familles, si bien que deux frères
en sont venus aux mains à Kobayate, chacun soutenant des candidats
de bords différents...
Le ministre
de l’Intérieur les a qualifiées de “modèles et démocra-tiques”,
tout en se prévalant du satisfecit à lui délivré
par le président Chirac pour le scrutin municipal du Mont-Liban.
Les élections du Liban-Nord se sont caractérisées
par l’éclatement de l’esprit familial ou de clan.
En effet, les familles et les formations claniques ont éclaté,
à tel point qu’on a vu deux frères en venir aux mains devant
un bureau de vote à Kobeyate, pour avoir pris le parti des deux
listes concurrentes qui bénéficiaient: l’une du soutien d’un
ministre et, l’autre, d’un ancien parlementaire.
Autre fait à relever: tous les efforts déployés
en vue d’éviter des batailles féroces par la mise sur pied
de listes consensuelles, ont échoué au Liban-Nord, sauf dans
une petite localité, Baïno (caza de Akkar), village natal de
M. Issam Farès, député de la circonscription.
L’arrestation de cinquante-et-une personnes dans ce district, impliquées
dans des incidents ayant fait plusieurs blessés, donne une idée
du climat enfiévré dans lequel s’est déroulée
la consultation populaire de dimanche dernier.
Naturellement, le déploiement en force des effectifs de l’Armée
et des FSI (près de 15.000 éléments) aux abords des
bureaux de vote et sur les routes qui y mènent, a contribué
à dissuader les fauteurs de troubles.
Le désir de changement s’est manifesté d’une manière
frappante, à tel point que les votants ont désavoué
des vétérans de la politique, en accordant leurs suffrages
aux listes concurrentes, comme ce fut le cas, notamment, à Bécharré
et dans plusieurs agglomérations des cazas nordistes.
Et bien que la participation au vote ait été élevée
- variant entre 60 et 75 pour cent - la confrontation entre les listes
en lice n’a pas transgressé l’esprit démocratique et sportif.
Il va sans dire que le scrutin a été fortement politisé,
comme ce fut le cas lors de la première phase au Mont-Liban, ce
qui a donné lieu à des règlements de comptes, par
candidats interposés, entre les forces politiques locales, ces derniers
remontant aux deux dernières élections générales
(de 1992 et 96), en prévision de la prochaine échéance
législative de l’an 2001.
D’ailleurs, le ministre de la Santé, Sleiman Frangié,
l’a reconnu expressément: “Il s’est agi à Zghorta et ailleurs,
dit-il, d’une bataille foncièrement politique et non municipale...
Il n’y a plus d’esprit familial, preuve en est que les familles zghortiotes
sont représentées dans toutes les listes”.
En fait, il y a eu quatre grandes batailles au Nord, la “mère
des batailles” ayant eu pour théâtre Tripoli, suivie de celles
de Zghorta, de Kobayate et de Bécharré où les “Forces
libanaises” (dissoutes) sont parvenues à s’imposer, en faisant passer
tous leurs candidats. |