A la question: De quel rôle effectif s’acquitte le conseil; à
travers quels canaux et avec quels moyens?, M. Khoury répond: “Le
traité de fraternité, de coopération et de coordination
a prévu dans son troisième article la mise sur pied d’organismes
mixtes ayant pour tâche de veiller à l’application des différentes
clauses du traité: le Conseil supérieur formé des
présidents des deux pays, des vice-présidents, des présidents
de l’Assemblée et du Conseil des ministres, il se réunit
une fois par an pour élaborer les grandes lignes de la coopération
et de la coordination, ainsi que la politique à suivre.
“Il y a, également, l’organisme du suivi et de coordination
qui se réunit sous la présidence des deux chefs de gouvernement,
en présence des ministres concernés.
“Les commissions spécialisées pour les affaires extérieures,
les affaires économiques et sociales, pour la défense et
la sécurité. Selon le traité, on peut constituer d’autres
commissions en cas de besoin.
“Le statut du secrétariat général établi
en 1993, coordonne les activités des différents organismes
précités; prépare les réunions de travail et
les dossiers, rédige les rapports. De plus, il supervise l’application
des recommandations et des décisions prises.”
PAS DE DATE FIXE POUR LE CONSEIL SUPÉRIEUR
- A quelle date le Conseil supérieur tiendra-t-il sa réunion
annuelle?
“Il n’y a pas de date fixe, celle-ci étant déterminée
selon la nécessité, en concertation avec les présidents
des deux pays. En principe, la réunion peut avoir lieu en décembre
ou durant les premiers mois de l’année à venir.”
- Quels organismes et institutions, en rapport avec la complémentarité
libano-syrienne, ont-ils été créés ou sont
en cours de constitution?
“Tous les organismes et structures prévus par le traité
ont été formés et sont devenus fonctionnels. Je précise
que ce dernier prévoit la mise au point de conventions bipartites
en vue de la coopération dans les divers domaines, ces dernières
complétant le traité et en constituant une partie intégrante,
ayant la même force du point de vue légal.
“Nous avons élaboré des projets englobant les domaines
économique, social, culturel, pédagogique ou autres et avons
signé maints accords, d’autres faisant l’objet d’étude
sous l’angle juridique et constitutionnel.
“Il existe un accord de coopération dans les domaines de la
défense et de la sécurité ratifié en 1991,
c’est-à-dire avant que le secrétariat entre en fonction.
Par la suite, des accords ont été conclus, pouvant être
classés en deux catégories: social et économique ou
culturel dans son sens le plus large comportant des volets pédagogique
et de recherche.
“Au plan économique, un accord de base a été signé
en 1993, lors de la session de l’organisme de suivi et de coordination
ayant tenu ses assises à Beyrouth en septembre de la même
année. Cet accord est considéré comme une base pour
tous les accords ayant été conclus par la suite dans les
domaines de la santé, de l’agriculture, du déplacement des
personnes et des marchandises entre les deux pays, de la double imposition
fiscale, la garantie et l’encouragement des investissements, les bureaux
frontaliers communs et la coopération industrielle.
LA COOPÉRATION ENGLOBE TOUS LES DOMAINES
“Et ce, en plus des accords exécutifs servant la complémentarité
dans les domaines de l’énergie, de l’électricité et
des télécommunications.
“Au plan culturel, des accords ont été signés
dans les domaines pédagogique, sportif, de la jeunesse, de l’enseignement
supérieur, technique et professionnel. Il en est résulté
plusieurs accords de coopération entre l’université libanaise,
d’une part; les universités syriennes, d’autre part, y compris
celle de Damas.
“Des accords de coopération dans le domaine de la recherche
scientifique ont été conclus entre les deux pays, alors que
des universités libanaises et syriennes ont signé des accords
similaires. Ainsi, l’Université de Kaslik (Liban) a conclu un accord
de coopération avec l’université de Homs, alors que celle
de Balamand (Liban-Nord) coopère avec des institutions universitaires
syriennes.
“Fait à signaler: le Conseil pour la recherche scientifique
au Liban a signé un accord de coopération avec plusieurs
centres de recherches en Syrie.
“La coopération libano-syrienne est excellente dans le domaine
de l’enseignement supérieur et pédagogique, surtout dans
ceux de la jeunesse et des sports. Ceci est apparu, clairement, dans les
camps de jeunesse communs, comme dans les accords conclus entre les Scouts
du Liban et la Fédération de la jeunesse de la révolution
syrienne, celle-ci devant signer incessamment, un accord avec la Direction
générale de la Jeunesse et des Sports au Liban et le comité
olympique libanais.
“Il y a lieu de signaler la mise sur pied de commissions ministérielles
mixtes, opérant dans les secteurs économique, agricole, industriel
et autres, la coopération dans le domaine économique ne s’étant
pas limitée au niveau officiel; elle s’est étendue
au secteur privé.”
LE RÔLE DU SECRÉTARIAT GÉNÉRAL
- Le secrétariat général dispose-t-il de cadres
spécialisés pour s’acquitter de son rôle qui consiste,
notamment, à proposer des projets de coopération?
“Le secrétariat général acquiert l’expérience
requise de ses activités, son souci étant d’approfondir et
de faire évoluer les relations et la coopération entre les
deux pays.
“En fait, le secrétariat général dispose de cadres
spécialisés et compétents, versés en divers
domaines.”
- Quelle est la dimension des projets et protocoles de coopération
supervisés par le Conseil supérieur, ayant été
conclus entre le Liban et la Syrie dans divers domaines et comment se fait
leur application?
“L’importance est moins dans la dimension des accords signés
et ils sont nombreux, que dans leur mise en application. Des difficultés
d’ordre administratif et d’autres natures se sont amoncelées au
cours des ans. Elles ont besoin d’être traitées d’une manière
réaliste, de façon à trouver les moyens et procédés
servant notre objectif, à savoir: élargir la coopération
et la coordination.
“Beaucoup de choses ont été accomplies, mais nous sommes
encore au début du chemin. Nous devons œuvrer à l’effet de
renforcer les relations entre les deux pays dans les domaines économique,
social, culturel et pédagogique pour les hisser au niveau atteint
dans le domaine politique et répondre aux souhaits formulés
par les présidents Assad et Hraoui.”
PRIORITÉ À LA COOPÉRATION
ÉCONOMIQUE
- Quels projets de coopération retiennent, en ce moment,
l’attention du secrétariat général?
“Toute notre attention et tous nos efforts au niveau du secrétariat
général, comme des commissions mixtes se concentrent sur
l’application des clauses de l’accord de coopération économique,
en raison de l’importance que constitue l’ouverture des horizons de la
complémentarité entre le Liban et la Syrie.
“Nous nous préoccupons d’établir une base économique
solide, capable de faire face aux défis auxquels les deux pays sont
confrontés, de même que le monde arabe dans son ensemble en
cette étape.
“D’où la concentration des efforts portant sur la coopération
économique notamment au plan du déplacement des personnes
et des marchandises. Grâce aux décisions prises par les responsables
dans les deux pays, il a été possible d’accomplir un progrès
palpable, représenté par l’accord exécutif signé
dernièrement. Ce dernier a consacré la liberté de
transport des produits nationaux entre le Liban et la Syrie à dater
du 1er janvier 1999. De plus, les taxes douanières seront réduites
dans une proportion de 25 pour cent, chaque année, à compter
de la même date.
“Ceci prépare la voie à un avenir commun au plan de la
coopération entre les industriels, les hommes d’affaires libanais
et syriens, en vue de l’écoulement de la production des deux pays
sur les marchés extérieurs. Ceci nécessite l’amélioration
de la qualité de cette production pour qu’elle puisse soutenir la
concurrence et avoir des prix compétitifs.
“L’intérêt est donc porté, essentiellement, sur
le sujet économique qui englobe le commerce, l’industrie, l’agriculture
et le tourisme. Ce sujet est inscrit en tête des priorités.
“De même, d’importantes réalisations ont été
accomplies au plan de l’énergie électrique et du raccordement
des réseaux entre les deux pays: les lignes ont été
installées, effectivement au Liban-Nord, comme dans les régions
d’Anjar, au Liban et d’Al-Hamate, en Syrie.
“Le Liban a commencé à combler le manque dont il souffre
par rapport au courant électrique, alors que des études sont
en cours, en vue de lier les deux pays par une ligne de 400 kilowatts-ampères.
“Un grand projet de coopération dans le domaine du gaz naturel
est, également, à l’étude du point de vue topographique.”
M. Khoury mentionne, aussi, d’autres secteurs et domaines où
sont menées des études destinées à les réactiver,
notamment au plan agricole, du déplacement des personnes et des
marchandises et des bureaux frontaliers communs.
- La priorité est accordée à l’économie;
quel sera, ensuite, le sujet prioritaire?
“Il s’agira de jeter les bases d’une plate-forme économique
commune et cohérente, indispensable à la consolidation de
la coopération libano-syrienne, les deux pays étant appelés
à jouer un rôle prééminent au niveau du marché
commun arabe.
“La coopération syro-libanaise au plan politique, de la défense
et sécuritaire constitue le fer de lance contre les projets ennemis,
de même que la coopération économique est nécessaire
pour renforcer la résistance.
“Après le sujet économique, ce sera au tour du sujet
culturel, car nous sommes tenus de nous connaître les uns les autres,
ce qui nécessite une action médiatique, culturelle et pédagogique
à long terme. Car, il s’agit d’éliminer certains concepts
et préjugés implantés dans les esprits, surtout, au
Liban. Aussi, est-il recommandé d’accentuer la coopération
entre les intellectuels, les professeurs d’universités, les jeunes
et les différentes franges sociales, à l’effet de favoriser
le brassage des idées et l’intégration mutuelle.”
- Où en est, au juste, l’accord relatif aux bureaux frontaliers
communs?
“Il a été soumis à l’Assemblée nationale
libanaise et au Conseil du peuple syrien, en vue de sa ratification.
“Cet accord intéresse au plus haut point les responsables des
deux pays, car il ne s’agit pas d’une question de forme; il s’insère
dans la vision futuriste commune, face aux défis auxquels les deux
Etats frères et voisins sont confrontés, le plus dangereux
étant le projet sioniste concernant le Proche-Orient visant à
exercer l’hégémonie israélienne au plan économique,
sur la région arabe tout entière et, spécialement,
la partie entourant la Palestine occupée.”
- Quoi de nouveau par rapport à la
relation et à la coopération bipartites?
“Un projet a été élaboré concernant la
coopération dans le domaine du transport maritime préconisé
par le secrétariat général. Ce projet a pour but de
faire évoluer le transport par voie de mer entre le Liban et la
Syrie, par la mise sur pied d’une flotte navale capable de soutenir la
concurrence à d’autres flottes marchandes. Il est question, aussi,
de coopérer dans le domaine du transport aérien, à
travers l’Aviation civile des deux pays.”