Secrétaire général du Conseil supérieur libano-syrien
NASRI KHOURY:"LA COOPERATION ENTRE LE LIBAN ET LA SYRIE SE CONSOLIDE AU TRIPLE PLAN POLITIQUE, ECONOMIQUE RT CULTUREL"

M. Nasri Khoury s’entretenant avec Saïd Moudallel.
La coopération entre le Liban et la Syrie se raffermit chaque jour davantage”, a déclaré M. Nasri Khoury, secrétaire général du Conseil supérieur libano-syrien, en précisant que cette coopération économique ne se limite pas aux institutions officielles mais s’étend, également, au secteur privé.

A la question: De quel rôle effectif s’acquitte le conseil; à travers quels canaux et avec quels moyens?, M. Khoury répond: “Le traité de fraternité, de coopération et de coordination a prévu dans son troisième article la mise sur pied d’organismes mixtes ayant pour tâche de veiller à l’application des différentes clauses du traité: le Conseil supérieur formé des présidents des deux pays, des vice-présidents, des présidents de l’Assemblée et du Conseil des ministres, il se réunit une fois par an pour élaborer les grandes lignes de la coopération et de la coordination, ainsi que la politique à suivre.
“Il y a, également, l’organisme du suivi et de coordination qui se réunit sous la présidence des deux chefs de gouvernement, en présence des ministres concernés.
“Les commissions spécialisées pour les affaires extérieures, les affaires économiques et sociales, pour la défense et la sécurité. Selon le traité, on peut constituer d’autres commissions en cas de besoin.
“Le statut du secrétariat général établi en 1993, coordonne les activités des différents organismes précités; prépare les réunions de travail et les dossiers, rédige les rapports. De plus, il supervise l’application des recommandations et des décisions prises.”

PAS DE DATE FIXE POUR LE CONSEIL SUPÉRIEUR
- A quelle date le Conseil supérieur tiendra-t-il sa réunion annuelle?
“Il n’y a pas de date fixe, celle-ci étant déterminée selon la nécessité, en concertation avec les présidents des deux pays. En principe, la réunion peut avoir lieu en décembre ou durant les premiers mois de l’année à venir.”
- Quels organismes et institutions, en rapport avec la complémentarité libano-syrienne, ont-ils été créés ou sont en cours de constitution?
“Tous les organismes et structures prévus par le traité ont été formés et sont devenus fonctionnels. Je précise que ce dernier prévoit la mise au point de conventions bipartites en vue de la coopération dans les divers domaines, ces dernières complétant le traité et en constituant une partie intégrante, ayant la même force du point de vue légal.
“Nous avons élaboré des projets englobant les domaines économique, social, culturel, pédagogique ou autres et avons signé maints accords, d’autres faisant l’objet  d’étude sous l’angle juridique et constitutionnel.
“Il existe un accord de coopération dans les domaines de la défense et de la sécurité ratifié en 1991, c’est-à-dire avant que le secrétariat entre en fonction. Par la suite, des accords ont été conclus, pouvant être classés en deux catégories: social et économique ou culturel dans son sens le plus large comportant des volets pédagogique et de recherche.
“Au plan économique, un accord de base a été signé en 1993, lors de la session de l’organisme de suivi et de coordination ayant tenu ses assises à Beyrouth en septembre de la même année. Cet accord est considéré comme une base pour tous les accords ayant été conclus par la suite dans les domaines de la santé, de l’agriculture, du déplacement des personnes et des marchandises entre les deux pays, de la double imposition fiscale, la garantie et l’encouragement des investissements, les bureaux frontaliers communs et la coopération industrielle.

LA COOPÉRATION ENGLOBE TOUS LES DOMAINES
“Et ce, en plus des accords exécutifs servant la complémentarité dans les domaines de l’énergie, de l’électricité et des télécommunications.
“Au plan culturel, des accords ont été signés dans les domaines pédagogique, sportif, de la jeunesse, de l’enseignement supérieur, technique et professionnel. Il en est résulté plusieurs accords de coopération entre l’université libanaise, d’une part; les universités syriennes, d’autre part,  y compris celle de Damas.
“Des accords de coopération dans le domaine de la recherche scientifique ont été conclus entre les deux pays, alors que des universités libanaises et syriennes ont signé des accords similaires. Ainsi, l’Université de Kaslik (Liban) a conclu un accord de coopération avec l’université de Homs, alors que celle de Balamand (Liban-Nord) coopère avec des institutions universitaires syriennes.
“Fait à signaler: le Conseil pour la recherche scientifique au Liban a signé un accord de coopération avec plusieurs centres de recherches en Syrie.
“La coopération libano-syrienne est excellente dans le domaine de l’enseignement supérieur et pédagogique, surtout dans ceux de la jeunesse et des sports. Ceci est apparu, clairement, dans les camps de jeunesse communs, comme dans les accords conclus entre les Scouts du Liban et la Fédération de la jeunesse de la révolution syrienne, celle-ci devant signer incessamment, un accord avec la Direction générale de la Jeunesse et des Sports au Liban et le comité olympique libanais.
“Il y a lieu de signaler la mise sur pied de commissions ministérielles mixtes, opérant dans les secteurs économique, agricole, industriel et autres, la coopération dans le domaine économique ne s’étant pas limitée au niveau officiel; elle  s’est étendue au secteur privé.”

LE RÔLE DU SECRÉTARIAT GÉNÉRAL
- Le secrétariat général dispose-t-il de cadres spécialisés pour s’acquitter de son rôle qui consiste, notamment, à proposer des projets de coopération?
“Le secrétariat général acquiert l’expérience requise de ses activités, son souci étant d’approfondir et de faire évoluer les relations et la coopération entre les deux pays.
“En fait, le secrétariat général dispose de cadres spécialisés et compétents, versés en divers domaines.”
- Quelle est la dimension des projets et protocoles de coopération supervisés par le Conseil supérieur, ayant été conclus entre le Liban et la Syrie dans divers domaines et comment se fait leur application?
“L’importance est moins dans la dimension des accords signés et ils sont nombreux, que dans leur mise en application. Des difficultés d’ordre administratif et d’autres natures se sont amoncelées au cours des ans. Elles ont besoin d’être traitées d’une manière réaliste, de façon à trouver les moyens et procédés servant notre objectif, à savoir: élargir la coopération et la coordination.
“Beaucoup de choses ont été accomplies, mais nous sommes encore au début du chemin. Nous devons œuvrer à l’effet de renforcer les relations entre les deux pays dans les domaines économique, social, culturel et pédagogique pour les hisser au niveau atteint dans le domaine politique et répondre aux souhaits formulés par les présidents Assad et Hraoui.”

PRIORITÉ À LA COOPÉRATION ÉCONOMIQUE
- Quels projets de coopération retiennent, en ce moment, l’attention du secrétariat général?
“Toute notre attention et tous nos efforts au niveau du secrétariat général, comme des commissions mixtes se concentrent sur l’application des clauses de l’accord de coopération économique, en raison de l’importance que constitue l’ouverture des horizons de la complémentarité entre le Liban et la Syrie.
“Nous nous préoccupons d’établir une base économique solide, capable de faire face aux défis auxquels les deux pays sont confrontés, de même que le monde arabe dans son ensemble en cette étape.
“D’où la concentration des efforts portant sur la coopération économique notamment au plan du déplacement des personnes et des marchandises. Grâce aux décisions prises par les responsables dans les deux pays, il a été possible d’accomplir un progrès palpable, représenté par l’accord exécutif signé dernièrement. Ce dernier a consacré la liberté de transport des produits nationaux entre le Liban et la Syrie à dater du 1er janvier 1999. De plus, les taxes douanières seront réduites dans une proportion de 25 pour cent, chaque année, à compter de la même date.
“Ceci prépare la voie à un avenir commun au plan de la coopération entre les industriels,  les hommes d’affaires libanais et syriens, en vue de l’écoulement de la production des deux pays sur les marchés extérieurs. Ceci nécessite l’amélioration de la qualité de cette production pour qu’elle puisse soutenir la concurrence et avoir des prix compétitifs.
“L’intérêt est donc porté, essentiellement, sur le sujet économique qui englobe le commerce, l’industrie, l’agriculture et le tourisme. Ce sujet est inscrit en tête des priorités.
“De même, d’importantes réalisations ont été accomplies au plan de l’énergie électrique et du raccordement des réseaux entre les deux pays: les lignes ont été installées, effectivement au Liban-Nord, comme dans les régions d’Anjar, au Liban et d’Al-Hamate, en Syrie.
“Le Liban a commencé à combler le manque dont il souffre par rapport au courant électrique, alors que des études sont en cours, en vue de lier les deux pays par une ligne de 400 kilowatts-ampères.
“Un grand projet de coopération dans le domaine du gaz naturel est, également, à l’étude du point de vue topographique.”
M. Khoury mentionne, aussi, d’autres secteurs et domaines où sont menées des études destinées à les réactiver, notamment au plan agricole, du déplacement des personnes et des marchandises et des bureaux frontaliers communs.
- La priorité est accordée à l’économie; quel sera, ensuite, le sujet prioritaire?
“Il s’agira de jeter les bases d’une plate-forme économique commune et cohérente, indispensable à la consolidation de la coopération libano-syrienne, les deux pays étant appelés à jouer un rôle prééminent au niveau du marché commun arabe.
“La coopération syro-libanaise au plan politique, de la défense et sécuritaire constitue le fer de lance contre les projets ennemis, de même que la coopération économique est nécessaire pour renforcer la résistance.
“Après le sujet économique, ce sera au tour du sujet culturel, car nous sommes tenus de nous connaître les uns les autres, ce qui nécessite une action médiatique, culturelle et pédagogique à long terme. Car, il s’agit d’éliminer certains concepts et préjugés implantés dans les esprits, surtout, au Liban. Aussi, est-il recommandé d’accentuer la coopération entre les intellectuels, les professeurs d’universités, les jeunes et les différentes franges sociales, à l’effet de favoriser le brassage des idées et l’intégration mutuelle.”
- Où en est, au juste, l’accord relatif aux bureaux frontaliers communs?
“Il a été soumis à l’Assemblée nationale libanaise et au Conseil du peuple syrien, en vue de sa ratification.
“Cet accord intéresse au plus haut point les responsables des deux pays, car il ne s’agit pas d’une question de forme; il s’insère dans la vision futuriste commune, face aux défis auxquels les deux Etats frères et voisins sont confrontés, le plus dangereux étant le projet sioniste concernant le Proche-Orient visant à exercer l’hégémonie israélienne au plan économique, sur la région arabe tout entière et, spécialement, la partie entourant la Palestine occupée.”
- Quoi de nouveau par rapport à la relation et à la coopération bipartites?
“Un projet a été élaboré concernant la coopération dans le domaine du transport maritime préconisé par le secrétariat général. Ce projet a pour but de faire évoluer le transport par voie de mer entre le Liban et la Syrie, par la mise sur pied d’une flotte navale capable de soutenir la concurrence à d’autres flottes marchandes. Il est question, aussi, de coopérer dans le domaine du transport aérien, à travers l’Aviation civile des deux pays.”

Saïd Moudallel (Damas)

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