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Fait à signaler: la représentation chrétienne est
réduite à sa plus simple expression. On ne compte qu’un grec-orthodoxe,
mais aucun maronite. Il en est de même pour les Alaouites, ce qui
affecte la représentation communautaire, voire nationale dans la
capitale du Nord.
Ce qui n’a pas empêché M. Maurice Fadel, député
nordiste de déclarer: “Tripoli a prouvé une fois de plus,
qu’elle reste la première ville de la coexistence”...
![]() M. Khalil Hindi, administrateur du Liban-Nord, répondant à un appel téléphonique, alors que le ministre de l’Intérieur (assis à sa place) semble se ressentir de la fatigue. |
![]() M. Omar Meskaoui, ministre des Transports, adversaire du président Omar Karamé. |
VICTOIRE DE L’OPPOSITION
L’opposition s’est imposée dans plusieurs localités du
Liban-Nord, à commencer par Bécharré où la
liste patronnée par les “Forces libanaises” (dissoutes) a raflé
tous les sièges du conseil municipal, de même que dans plusieurs
agglomérations du caza.
A Zghorta, la liste soutenue par M. Sleiman Frangié a
été élue et bien que le ministre de la Santé
ait prétendu se réclamer de la ligne “loyaliste”, les observateurs
sont d’accord pour soutenir que les nouveaux conseillers municipaux zghortiotes
penchent davantage du côté des opposants.
A Kobayate, M. Mikhaël Daher, ancien ministre et député,
a pris sa revanche sur son rival M. Faouzi Hobeiche, ministre de la Culture
et de l’Enseignement supérieur. De fait, treize des dix-huit membres
de la municipalité se réclament de M. Daher.
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PERTURBATIONS SÉCURITAIRES
Contrairement au Mont-Liban où les municipales se sont déroulées
dans le calme, “sans qu’une gifle ait été signalée,”
(Michel Murr dixit), maints incidents ont perturbé le déroulement
du scrutin au Liban-Nord, ayant nécessité l’intervention
en force des effectifs de l’Armée et des FSI, lesquels ont arrêté
cent-quinze personnes.
Une fois de plus, l’Armée et les FSI se sont acquittées,
comme il se doit, de leur mission. Aussi, n’est-il pas étonnant
d’entendre toutes les parties leur adresser des louanges et témoigner
de leur neutralité, autant que de leur vigilance.
A Batroun, trois listes étaient en lice soutenues, respectivement,
par le courant aouniste, les Daou et les Akl. Mais celle bénéficiant
de l’appui du député de la circonscription - il a posé
la candidature de l’une de ses filles - devait remporter la bataille.
En effet, M. Kisra Bassil, président sortant de la municipalité,
a été réélu haut la main, avec dix autres de
ses colistiers, les listes adverses n’ayant obtenu que quatre sièges.
Aussi, doit-on s’attendre à ce que M. Bassil réintègre
la présidence du conseil municipal pour un nouveau mandat de six
ans.
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BRANLE-BAS DE BATaILLE À BEYROUTH ET
AU SUD
Aussitôt terminées les municipales du Nord, la bataille
s’est échauffée à Beyrouth et au Liban-Sud où
le scrutin se déroulera ce dimanche.
Dans la capitale et au terme de tractations laborieuses, il a été
possible de mettre sur pied une “liste d’entente” représentative
d’une large frange du corps électoral - les partis, les députés
de Beyrouth, le président Hariri et Tammam Salam en tête.
Les vingt-quatre sièges du conseil municipal ont été
répartis à égalité entre chrétiens et
musulmans. Et ceci aurait dû attiédir l’ardeur des candidats
non choisis. Il n’en fut rien: une seconde liste devait être formée
ayant à sa tête M. Abdel-Hamid Fakhoury, soutenue par la “Jamaa
islamya”, les “Ahbache” et le courant aouniste allié, pour la circonstance
avec M. Najah Wakim, député opposant.
Le président Hoss s’est démarqué de MM. Hariri
et Salam, estimant que l’électeur beyrouthin devrait avoir toute
latitude d’élire les candidats de son choix.
Mgr Elias Audé, métropolite grec-orthodoxe, a nié
avoir agréé les candidats représentant sa communauté,
affirmant ne pas s’adonner au “jeu des noms pour la simple raison, dit-il,
que tous mes coreligionnaires sont mes fils.”
Il y a lieu de signaler qu’au moment de mettre sous-presse, le “Hezbollah”
n’avait pas pris de décisions quant à la partie avec laquelle
il compte s’allier dans la capitale. On lui prêtait l’intention de
vouloir faire cavalier seul et, aussi, de procéder à un échange
de voix avec la seconde liste, celle des opposants...
![]() Les rues de Tripoli se sont transformées en autant de “galeries de portraits”. |
![]() Mme Nayla René Mouawad parmi ses supporters. |
AOUN DÉNONCE...
A la faveur d’une interview télévisée, le général
Michel Aoun a dénoncé à partir de France, ce qu’il
a appelé “les immixtions à peine voilées du Pouvoir
dans l’opération électorale, au plan administratif et populaire”,
ces immixtions se pratiquant à son avis, sous forme de pressions
exercées sur les fonctionnaires de l’Etat et les électeurs
qui seraient menacés dans leurs intérêts ou leur travail.
De plus, le général Aoun a fait état “de votants
dont on ignore le lieu de leur résidence et qui sont transportés
le jour du scrutin à bord d’autobus pour déposer leurs bulletins
dans l’urne avant de disparaître.”
Et d’ajouter: “Ils ont disloqué les majorités les transformant
en autant de groupes minoritaires au Mont-Liban et ailleurs, alors qu’ils
veillent, jalousement, sur l’unité électorale de Beyrouth.
Etant connu qu’aucune grande ville dans le monde ne forme une circonscription
unique, citant à titre d’exemple la capitale française divisée
en plusieurs arrondissements.”
S’adressant à l’électeur beyrouthin, le général
Aoun lui a tenu ce langage: “Vous devez savoir pourquoi et pour qui vous
votez” et a conclu en annonçant son alliance avec M. Najah Wakim,
député de Beyrouth “face à l’Autorité et au
pouvoir de l’argent”.
![]() M. Misbah el-Ahdab, député, déposant son bulletin dans l’urne. |
![]() M. Mikhaël Daher n’a jamais douté de l’issue du scrutin. |
PANACHAGE SUR UNE LARGE ÉCHELLE
Pour en revenir à la “liste de l’entente beyrouthine”, les observateurs
s’accordent à penser qu’elle devra faire face à un danger
certain, celui du panachage qui serait pratiqué sur une large échelle.
De fait, les électeurs beyrouthins enclins, dans l’ensemble,
vers les détracteurs du Pouvoir, seront appelés à
biffer bien des noms parmi les candidats haririens, “pour punir le Premier
ministre de s’être aventuré dans toutes les régions
du pays à l’effet de consolider son leadership.”
Or, même dans sa propre ville natale - à Saïda -
le chef du gouvernement n’a pu convaincre ses adversaires politiques, M.
Moustapha Saad en tête, de former une liste commune pour épargner
à la cité une bataille susceptible de raviver les animosités
et les rancœurs.
Les Beyrouthins se réclamant des grandes familles, voudraient
se venger de M. Hariri et de ses alliés actuels, pour ne les avoir
pas fait représenter dans la liste électorale, en optant
pour une “politique discrétionnaire”, laquelle n’a nullement les
faveurs de notre peuple.
Il y a lieu de faire état, à ce propos, de la position
adoptée par le Parti national libéral (de M. Dory Chamoun)
qui se dit très peu concerné par la “bataille de Beyrouth”,
en raison des nombreuses lacunes que comporte la loi électorale
sur la base de laquelle est organisée la consultation populaire
de dimanche. De l’avis des Libéraux, cette loi ne permet pas d’élire
un conseil municipal équilibré, représentatif de toutes
les communautés et les tendances.
![]() Le député Ahmed Karamé. |
![]() Mme Sethrida Geagea, grande triomphatrice à Bécharré et dans son caza. |
QU’EN EST-IL DU LIBAN-SUD?
Cela dit, qu’en est-il du Liban-Sud où les alliances électorales
s’avèrent difficiles, voire impossibles à réaliser.
Ainsi, “Amal” et le “Hezbollah” manifestent une velléité
d’entente, mais celle-ci tarde à se concrétiser, bien qu’un
manifeste commun diffusé au début de la semaine, signale
une série de réunions ayant rassemblé les représentants
des deux mouvements chiites.
Ceux-ci mettent en garde contre “la dispersion des rangs, face à
l’ennemi israélien qui tente d’exploiter les municipales pour atteindre
ses objectifs au Liban-Sud”.
Les deux parties ont manifesté leur souci d’assurer un climat
paisible et d’aider à instaurer un climat d’entente, tout en appelant
leurs partisans d’agir à l’effet de dissiper toute crispation durant
l’opération électorale.
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![]() A Batroun, une jeune électrice du courant aouniste, ne cache pas son affiliation. |
Mais comme on le constate, il n’y est pas question encore de “listes
consensuelles”... A Saïda, le président Hariri paraît
s’être allié au Dr Abdel-Rahman Bizri et la “Jamaa islamya”,
pour mettre sur pied une liste de coalition qui doit être rendue
publique aujourd’hui vendredi; celle-ci serait présidée par
le Dr Hilal Kobresli, président du conseil administratif des Makassed;
le Dr Ahmed Ghazzaoui, de la “Jamaa islamya” étant le vice-président
du futur conseil municipal dans la capitale sudiste. Il reste, cependant,
à faire le choix des candidats, ce qui risque de provoquer des mésalliances.
Face au groupe Hariri-Bizri-Jamaa islamya, M. Moustapha Saad mène
campagne en faveur d’une liste présidée par son frère
le Dr Oussama, bénéficiant du soutien des partis et forces
de gauche. Le conseil municipal de Saïda est formé de vingt-et-un
membres, ainsi répartis: 17 sunnites, 2 chiites, un maronite et
un grec-catholique.
Ici encore comme à Beyrouth, le panachage sera la menace à
prévenir, d’autant qu’il ne sera pas possible d’assurer la “fidélité”
des 43.000 électeurs pour l’une ou l’autre liste en lice.