L'AFFAIRE GUCCI
DÉFRAYE LA CHRONIQUE DES JOURNAUX DE LA PÉNINSULE

 
Patrizia Reggiani et Dedola.
 
Patrizia Reggiani et Dedola.
Faux produits Gucci ou Vuitton, sacs et ceintures, cassettes audio et vidéo, des centaines d’articles-imitations... Le tout en pleines rues, que ce soit à Milan ou à Rome - l’Italie en Europe, est devenue le premier consommateur - et ce qui est plus alarmant, le premier fabricant de produits contrefaits!
 

Orazio Cicala, le chauffeur.

Oriemma Giuseppina,
l’amie intime de Patrizia.
 
LA CONTREFAÇON EN ITALIE
Ce phénomène a énormément progressé au niveau mondial. L’Italie, derrière la Corée et Taïwan, se taille la troisième place avec un chiffre d’affaires évalué annuellement de 3,5 à 5,5 milliards de dollars. Bien entendu, ce sont les montres et les lunettes - abstraction faite des accessoires et des articles vestimentaires - qui constituent 60% de ce chiffre d’affaires. La situation est sérieuse et les entreprises les plus menacées - notamment Versace, Armani et autres... - dépensent des millions par an en détectives et avocats pour parer à ce fléau, après avoir constitué l’INDICAM, association regroupant une centaine de grandes marques italiennes et internationales. Selon celle-ci, l’industrie de la contrefaçon est si bien implantée en Italie, qu’elle est répartie sur tout le territoire avec des pointes plus élevées à Naples par exemple pour l’habillement; au Latium et dans les Marches, pour les articles de cuir et en Toscane, pour les produits de consommation courante. Non seulement, mais la contrefaçon assume des formes de plus en plus sophistiquées, puisque récemment, on a détecté de faux tailleurs Chanel et de fausses chemises Ralph Lauren dans des boutiques de très chics quartiers de la capitale du Nord. Les forces de l’ordre ont beau ne pas ménager leurs efforts pour mettre la main et arrêter ce flot de contrefacteurs: “Il n’y a pas assez d’effectifs pour combattre ce phénomène aux dimensions littéralement stratosphériques”, déclare le magistrat Nicolas Cerrato. Et ce qui l’inquiète le plus, c’est que la contrefaçon n’est considérée par la justice italienne, que comme un phénomène négatif de la série B, alors que le crime organisé et les mafieux de toutes espèces se sont jetés dessus, car c’est un secteur à faible risque et à gros profits. “Et puis, ajoute-t-il, le maximum de peine infligée par les tribunaux sur ce plan n’est pas sévère: trois ans de prison ou des amendes ne dépassant pas 4 millions de lires.
En marge de ce phénomène de la contrefaçon qui a pris et prend encore une telle ampleur, un procès qui fait les manchettes en Italie, vient de s’ouvrir devant la Cour d’assises de Milan et précisément le nom du Gucci est sur toutes les lèvres.
Le matin du 27 mars 1995, à l’entrée d’un immeuble de luxe, Maurizio Gucci, l’un des derniers héritiers de la célèbre famille florentine, est tué de trois coups de pistolet tirés par un inconnu, blessant également le concierge et prenant la fuite en auto, avec un complice.
 

Patrizia Reggiani écoutant les conseils de son homme de loi.

“La veuve noire” durant son procès.
UN AGENDA “CARTIER” IMPLIQUE LA “VEUVE NOIRE” DANS L’ASSASSINAT
Maurizio Gucci, âgé de 46 ans, était le prestigieux héritier des produits qui portent les deux “G” croisés et dont la famille, il faut le préciser, s’est toujous distinguée par ses nombreuses querelles d’affaires, de famille et de démêlés en justice.
En Italie, on surnomme Patrizia Reggiani la “veuve noire”, nom d’un insecte venimeux dont la piqûre terrasse sa victime.
Patrizia Reggiani (54 ans) est la veuve de Maurizio Gucci, héritier de la célèbre maison de mode et d’accessoires. Son mari l’a divorcée après douze années de bonheur apparent. Elle s’est vengée, comme dit la partie civile dans son procès, en commanditant son meurtre. Maurizio Gucci a été tué par balles le 27 mars 1995. Sa veuve se trouvait à ses funérailles, vêtue de noir et pleurant à chaudes larmes.
Cependant, les avocats de la partie civile, assurent que Patrizia a chargé un tueur à gages d’abattre son ancien époux, parce qu’il était sur le point d’épouser une maîtresse qu’il avait connue après son divorce, ce qui l’aurait privée d’une grande partie de sa fortune.
Maurizio Gucci avait vendu sa part dans la maison de mode moyennant 110 millions de livres sterling et Patrizia aurait pu obtenir près de la moitié de sa fortune, s’il ne s’était pas remarié. C’est pourquoi, elle a décidé de le faire assassiner.
A cette fin, elle s’était entendue avec des intermédiaires à payer 160.000 Livres sterling en contrepartie de sa “liquidation”, la moitié de la somme devant être payée avant l’exécution et l’autre moitié vingt-quatre heures après l’assassinat.
Dans le box des accusés, se trouvaient: Orazio Cicala, chauffeur de la voiture ayant conduit le tueur professionnel au lieu du crime et qui devait l’y reprendre après l’assassinat; l’amie intime de Patrizia: Giuseppina Oriemma, soupçonnée d’avoir servi d’intermédiaire avec le tueur; Ivano Savioni, employé dans un hôtel, un autre intermédiaire dans l’opération et un tueur professionnel nommé Benedetto Ceraulo, accusé d’avoir perpétré le meurtre.
Mais Cicala nie et assure que l’assassin effectif a pris la fuite et refuse de révéler son nom, car il craint pour sa vie.
Parmi les preuves présentées par la partie civile, l’agenda personnel de Patrizia, un agenda “Cartier” de luxe, dans lequel elle enregistrait les faits de la journée. Le jour de l’assassinat, Patrizia a écrit au milieu de la page un seul mot “Paradiso” (le paradis). Quelques pages avant celle-ci, elle a rédigé ces lignes: “Je préfère pleurer à l’intérieur d’une Rolls Royce que rire sur une moto”.
Dans l’arrangement auquel elle était parvenue avec son ex-conjoint au moment du divorce, Patrizia avait obtenu un million de  Livres sterling, en plus d’une pension mensuelle énorme. Elle avait inscrit dans l’agenda le jour où elle avait obtenu le million: “Un million, cela ne signifie pas pour moi plus qu’un plat de lentilles”...
Et le procès se poursuit... 

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