Souhail Chammas: “Ma
confiance dans la Justice est grande”
“Jusqu’à
présent, nous a confié M. Chammas, je n’ai rien compris à
cette histoire, dont j’ai pris connaissance à travers les journaux,
à savoir que le Conseil des ministres en a saisi le Parquet général
financier.”
- Et qu’en est-il de l’accusation portée contre vous?
“Je n’en connais pas les détails. Du moment que l’affaire a
été confiée à la Justice, que la loi suive
son cours normal. Quant à moi, j’ai pleine confiance dans la magistrature
que je respecte.”
- Les accusations seraient-elles d’ordre administratif, exclusivement,
ou bien auraient-elles quelque aspect politique?
“J’attends l’arrêt de la Justice; je ne veux pas m’adonner à
des analyses et avancer des arguments avant de comparaître devant
les juges. J’ai hâte d’être informé de tous les détails
pour pouvoir les réfuter par des faits et des vérités
corroborées par des pièces justificatives.”
- Au palais Bustros, on dit que les experts chargés d’enquêter
auprès de vingt-cinq missions diplomatiques libanaises à
l’étranger, ont découvert certaines irrégularités...
“Les gens, proches et éloignés, me connaissent, autant
que le climat qui règne dans le pays. Je préfère laisser
à la Justice toute latitude de tirer au clair cette affaire. Cependant,
il n’est pas permis d’attenter à la dignité des citoyens.
Je ne voudrais pas, en tout cas, évoquer une question que je discute
avec eux depuis des années.”
- De quelle question s’agit-il?
“Ne m’embarrassez pas et je n’en parlerai pas maintenant, car je ne
m’attendais pas à ce que les choses en arrivent à ce point.
Je révèlerai tout au moment opportun et donnerai la priorité
à “La Revue du Liban” et “Al-Hawadess” en raison des relations amicales
qui me rapprochent de M. Melhem Karam, leur rédacteur en chef.
“Tout ce que je peux dire est que ma conscience est tranquille et je
n’ai rien à me reprocher. De toute manière, je connais les
mobiles des accusations portées contre moi.”
- Pourquoi vous poursuit-on donc après plusieurs années?
“Probablement, parce que je suis d’une localité déterminée
et pèche par mon manque d’esprit coopératif.”
- Depuis quand l’avance vous-a-t-elle été accordée?
“Depuis plusieurs années et j’ignore pourquoi ils s’en sont
rappelés aujourd’hui, alors qu’ils connaissent mon souci de préserver
les fonds publics, ma probité et ma moralité. Les Libanais
de l’Etat des émirats arabes unis ont offert de m’aider, mais j’ai
décliné leur offre et, à la fin de ma mission, ils
ont voulu me récompenser. Je me suis contenté d’accepter
un cadeau symbolique.
“Je tiens à préciser que j’ai vendu tous mes biens au
Liban pour tenter de sauver mon épouse, les frais que son traitement
a nécessités approchant du million de dollars. Je lui ai
fait suivre des traitements en Allemagne et en France à quatre reprises.”
- Depuis quand l’Administration centrale déduit-elle l’avance
de votre mensualité?
“Exactement, depuis trois ans et demi et à aucun moment, je
n’ai tenté de me débiner. Mais il s’agit moins d’une question
d’argent que de haine et de rancune.”
- Quel était le montant de l’avance?
“Elle s’élevait à 400.000 dollars. L’ambassadeur du Liban
au Vatican est confronté, aujourd’hui, à un cas pareil au
mien; aussi, a-t-il obtenu une avance de 300.000 dollars.”
- Seriez-vous au courant du chef d’accusation porté contre
M. Souhail Chammas?
“Il avait obtenu une avance depuis sept ans et ils s’en sont souvenus
maintenant. C’est de cette manière qu’ils nous récompensent,
après avoir servi avec zèle notre patrie. Je ne voudrais
pas provoquer de scandales, mais je peux révéler les noms
de personnes qui se sont rendus à l’Etat des émirats arabes
unis pour solliciter des aides au profit d’institutions fictives. J’ai
refusé de leur faciliter la tâche; ma conscience m’en a empêché.
“Ce qu’ils accomplissent, aujourd’hui, à notre encontre est
un acte hostile prémédité. De toute façon,
j’ai pleine confiance dans la Justice et sa probité.”
- Vous soumettrez-vous à l’enquête?
“J’ai déjà dit que j’ai confiance dans la magistrature
que je respecte, mais il faut la maintenir à l’abri des politiciens.
“L’affaire n’aurait pas dû en arriver là, car il faut
sauvegarder la dignité des gens, d’autant que je rembourse l’avance
et j’ai accompli mon devoir de la meilleure façon possible.”
- Comment comptez-vous traiter ce dossier?
“Bien que je n’ai pas été notifié de la décision
gouvernementale, je me suis rendu au palais de Justice pour me placer à
sa disposition, car de telles affaires portent atteinte au renom
des gens et à leur dignité. Mais celui qui a la conscience
tranquille et n’a rien à se reprocher ne redoute pas de pareilles
accusations.
“Il est facile d’accuser, mais difficile de prouver les accusations.
De toute manière, la Justice tranchera et la vérité
éclatera au grand jour.”
- De quoi s’agit-il, en fait?
“Je ne voudrais pas devancer l’enquête, ma confiance étant
entière dans la Justice, comme je l’ai déjà dit; c’est
elle qui mettra les choses au clair. La personne innocente n’a pas recours
aux pressions, ni aux médias. Je respecte la Justice et sa crédibilité;
puis, ma conscience est tranquille.
“Je tiens à préciser que deux des trois ambassadeurs
poursuivis devant le Parquet financier, étaient des piliers de la
IIème république. J’ai été le premier membre
du corps diplomatique à avoir reconnu la légitimité
du président Elias Hraoui.”