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MALGRÉ L'INTERVENTION
DE CLINTON... LA CRISE RUSSE PERSISTE
ELTSINE, PRIMAKOV, TCHERNOMYRDINE ET... L'IMPASSE Au cours de sa visite à Moscou, le président Bill Clinton s’est soucié de rester neutre. Mais en dépit de cela, sa partialité s’est révélée au côté du président Boris Eltsine avec lequel il se trouve bien des affinités. Ceci a porté le président russe à faire appel à son homologue qui le soutient moralement. L’appui s’est limité à lui prodiguer des conseils. Aussi, Eltsine a-t-il paru soucieux de s’attacher aux réformes qu’il a lancées, même au milieu de la crise que traverse la Russie. L’aide à Moscou est venue, cette fois, de là où personne ne s’y attendait; c’est-à-dire du côté chinois qui a contribué pour 540 millions de dollars au Fonds monétaire international, à l’effet d’aider à rétablir la stabilité en Russie, en dépit des perturbations qui l’ébranlent. Le président Clinton s’est préoccupé à Moscou de rencontrer toutes les parties. Ce qu’on doit dire, c’est que Clinton qui a besoin d’être aidé, a déployé beaucoup d’efforts pour soutenir Eltsine et le maintenir au pouvoir. Cependant, la tentative de soutien d’Eltsine paraît difficile, la partie de bras de fer qui l’oppose à la “Douma” étant appelée à durer et à prendre de l’ampleur. Le Congrès américain formé d’une majorité républicaine hostile à Clinton, le démocrate, bloque jusqu’à maintenant 18 milliards de dollars représentant la contribution américaine au soutien et au financement du FMI. Pourtant, une majorité les a votés, y compris les Etats-Unis avec 181 Etats membres. Aujourd’hui, la caisse du FMI est vide et l’un des colosses du libéralisme, comme Jeffrey Sachs qui était le conseiller de Gaïdar et de la Pologne au temps du changement, ne trouve pas des mots durs pour condamner l’ingérence du FMI en Asie et en Russie, l’effondrement financier du globe terrestre, ne devant pas être enregistré sur la faillite du système asiatique ou russe, mais sur la gestion illogique et irrationnelle des marchés internationaux. Clinton a été rejoint par une mission du FMI venue jauger le degré de respect, par la Russie, de ses engagements, posant comme condition l’octroi d’une aide de 22,600 milliards de dollars promise à la Russie en juillet dernier. Du côté russe, Anatoli Tchoubais, enfant chéri de la banque et principal négociateur, a été limogé vendredi dernier, et c’est le ministre des Finances démissionnaire, comme tous ses collègues, qui expédie les affaires courantes. Quant au programme élaboré contre la crise, sous la supervision d’experts du FMI, il dort dans un tiroir que personne ne pourra désormais ouvrir, politiquement, économiquement et diplomatiquement. C’est l’impasse et si Tchernomyrdine, prétend, à juste raison, “que nous n’avons pas de temps à perdre” et que “l’Etat ne peut rester longtemps sans gouvernement”, Guennadi Ziouganov, chef du parti communiste, ne serait pas dans l’erreur s’il lui rappelait que lui, Tchernomyrdine, était chef de l'Exécutif de 1992 jusqu’au 23 mars de la même année; qu’il a contribué à l’effondrement national et qu’Eltsine, dans cette épreuve, n’a la force d’imposer aucune position, nul ne voulant des élections anticipées. Quelles que soient les déclarations tonitruantes des uns et des autres, tous négocient à voix basse dans les coulisses. Il fallait réformer la politique d’une seule orientation ayant déferlé sur l’Etat. Et c’est ce que Gorbatchev a tenté de faire. Il est demandé, aujourd’hui, de la relancer, non de la détruire. Le FMI pose de nouveau comme condition, pour accorder toute aide à la Russie, que Moscou fasse beaucoup de concessions et s’engage vis-à-vis de réserves sociales, comme si rien ne s’était passé. Ou comme si la vague libérale au cours des huit ans ne s’est pas heurtée à des obstacles. Il est vrai que les milieux financiers et politiques occidentaux n’ont jamais manifesté tant de parcimonie à prodiguer les conseils comme en 1993. Ils encourageaient alors, Eltsine quand il pilonnait le siège de la “Douma”, avant de mettre au point une Constitution à sa mesure. Mais cela n’a pas suffi à conserver les prérogatives du président qui peut dire avoir ordonné le pilonnage du parlement pour rien. Tous ont émis des opinions à
propos de la position d’Eltsine. Le président Chirac a dit qu’il
incarnait la triple vision nécessaire à la société
russe. Alors que Gorbatchev l’a invité à démissionner
pour sauver la Russie et réclamé des élections anticipées,
affirmant que Tchernomyrdine ne résoudrait pas la crise. De plus,
il a mis en garde contre une révolte et des manifestations de rues,
dans une interview spéciale au journal “Le Figaro”.
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