JE ME PLAIS DANS LE CINÉMA
- Après “Lethal Weapon III”, c’était il y a cinq ou
six ans, vous avez déclaré que c’était votre dernier.
Vous en êtes maintenant au numéro quatre, apparemment parce
que vous avez voulu le faire. Est-ce parce que vous avez trouvé
le scénario intéressant ou pour des raisons commerciales?
Qu’est-ce qui vous a fait penser: “Maintenent, je vais le faire”?
“Sur le moment, je croyais vraiment que j’allais ne plus en faire d’autre.
J’étais sérieux parce que je n’y voyais aucune raison. Personne
ne peut prévoir après sept ans ce qu’on va faire. C’est surtout
le fait d’avoir attendu si longtemps qui a joué en faveur du film.”
- Dans ce film, devenir plus vieux est un thème souvent abordé.
Comment vivez-vous vous-même cet état? Ressentez-vous le besoin
d’entretenir vos muscles pour qu’ils ne se relâchent pas?
“Vous savez, nous avons tourné une scène de poursuite
dans laquelle il fallait courir, grimper des escaliers, des scènes
faciles qui ne comportaient aucun danger. C’est de la routine, mais au
bout de trois reprises, car il y a toujours un détail qui clochait,
je ressentais le besoin de mettre un bandage élastique pour tenir
les muscles. Même si l’esprit est toujours partant, la chair, elle,
s’affaiblit de jour en jour.”
- Est-ce que cela vous ennuie?
“Bien sûr que c’est ennuyant! Je pourrais toujours faire autre
chose, mais quoi?”
- Dans les années à venir, vous concentreriez-vous
encore sur des films d’action en tant que réalisateur?
“J’aime l’idée d’entrer dans le domaine de la réalisation.
Pour moi, ce n’est pas seulement intéresant mais drôle à
la fois. J’espère que cet état des choses demeurera tel qu’il
est car je me plais énormément dans l’industrie du cinéma.”
- Vous voyez-vous réalisant des films d’action dans dix ans?
“Non.”
Danny Glover. |
- Cette somme d’argent ne vous avait pas tenté? Est-ce qu’un
million de dollars n’étaient pas suffisants?
“Non, c’était alors une bonne somme. Mais je ne me voyais pas
du tout associé à l’idée d’être James Bond pour
toujours, C’est comme le baiser de la mort pour beaucoup d’hommes.”
- Avez-vous la nostalgie du romantisme de vos premiers films en Australie,
qui sont bien différents de ceux tournés aux Etats-Unis?
“Ils ne sont pas bien différents, dans le fond. C’est presque
la même matière première pour porter quelque chose
sur l’écran. J’ai toujours aimé la simplicité avec
laquelle ces films étaient tournés et j’essaie aujourd’hui
de la retrouver dans mon travail. Mais c’est parfois difficile, particulièrement
avec toutes ces nouvelles pyrotechniques et mécaniques, ainsi que
les obstacles que vous rencontrez souvent à Los Angeles quand vous
travaillez.”
- Si vous deviez comparer les quatre “Lethal Weapon”, lequel serait
le meilleur?
“J’aime le premier. Il éclipse les trois autres. Il était
en quelque sorte le plus pur de son genre à ce moment là.
Si vous le regardez aujourd’hui vous le trouverez démodé.
Mais alors, et surtout dans le genre des films d’action, c’était
un film différent. Et, en plus, nous recevions plein de scénarios
de films d’action, genre “Rambo 3” avec des protagonistes au caractère
violent, toujours droit mais porté sur uniquement deux dimensions.
Le caractère de Riggs avait en plus de toutes ces qualités
quelque chose de plus tangible; il souffrait jusqu’à en devenir
fou d’être violent et droit en même temps. C’est que l’on doit
être fou pour agir comme Rambo. Fou et suicidaire à la fois.
C’est cette touche de réalité, et de différence qui
m’avait alors décidé.”
- Si vous deviez maintenant persévérer dans cette série,
resterait-il encore des histoires à raconter sur Riggs et Murtaugh?
“Seulement si on respectait leurs caractères, car ils sont la
base de la série plus que l’intrigue en elle-même. Tout le
reste, tant que c’est cohérent, viendrait alors facilement.”
- Vous devez maintenant vous sentir avec Renée Russo et Joe
Pesci comme les membres d’une seule famille.
“Ils font partie de la bande. Avec en plus maintenant Chris Rock et
Jet Li; ils sont extraordinaires.”
- Mais l’un des deux est mort à présent.
“On ne peut pas faire d’omelette sans casser les œufs.”
Jet Li. |
Renée Russo. |
- Est-ce que vous aimez plus le travail improvisé? Y a-t-il
des moments où Richard Donner vous interrompt en disant: “C’est
trop, c’est trop, vous devez arrêter un peu et même essayer
de nouveau”?
“C’est un peu l’idée, quoiqu’il ne s’exprime jamais de cette
façon. Il ne vous dit pas que c’est trop. Parfois même, il
vous annonce: “O.K., refaites-le de nouveau, vous avez vingt minutes”.
Et quand la scène est terminée, “Continuez encore pour vingt
autres minutes” et alors on se sent en confiance. Mais à la prochaine
reprise, il vous dit: “Refaites encore vingt minutes, mais coupez-en dix”.
C’est comme pour un contrat, donnant donnant, que vous ne trouverez pas
ailleurs. J’essaie de suivre son exemple.”
- Trouviez-vous du temps pour vous reposer entre une scène
et la suivante?
“Le tournage n’a pris que quatre mois et c’est un temps normal.”
- Mais la période après tournage a été
incroyablement courte avant la projection de la première.
“C’est vrai, la post-production a été brutalement courte.
Les éditeurs et toute l’équipe ont travaillé des heures
supplémentaires pour sortir le film à temps en juillet.”
- Vous n’auriez pas pu faire ainsi avec “Braveheart”.
“Non, car je devais rester de longues heures devant l’abbé et
couper chaque séquence avec l’éditeur.”
- Votre prochain projet, serait-ce “Fahrenheit”?
“Peut-être, ou peut-être pas. Ça dépend.
Je ne suis à l’heure actuelle comme qui dirait nulle part. Je profite
de mon congé mérité.”
- Qui est le meilleur réalisateur avec lequel vous avez travaillé?
“C’est impossible à dire. Il y a eu ceux que j’ai détestés
et je me suis dit qu’ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient. Mais j’ai
surtout été chanceux de travailler avec des types comme George
Miller, Pete Weir et Richard Donner. Pas beaucoup d’autres en réalité,
et c’est très étrange.”
- N’est-ce pas le problème avec beaucoup de films d’action
de nos jours qui ne parlent que de coups? Est-ce ce qui distingue “Leathel
Weapon 4”?
“C’est ce qui est demandé: les explosions, les poursuites, les
tirs à feu et tout le tra-la-la. Vous devez avoir un élément
d’humanité pour commencer, sinon vous n’embarquez même pas.
J’ai vu des films sur lesquels on pourrait commenter: “Wow! Pourquoi quelqu’un
a-t-il pris la peine de le faire?”, peut-être parce que les caractères
étaient vraiment étranges, non-réels. Mais vous savez,
il y manque toujours quelque chose.”
- Ces films contiennent des scènes vraiment brutales. Permettez-vous
à vos enfants de les voir?
“Les miens ont ce droit, mais je ne le recommande pas aux moins de
quinze ans. Pour mes enfants, je crois qu’il est bon de voir ces films,
parce que cela les aide à faire la part des choses, surtout qu’ils
viennent souvent assister au tournage de ces mêmes scènes
violentes. Ils savent que c’est de la fiction et le procédé
en est démystifié. Beaucoup n’ont pas cette opportunité,
mais pour eux je crois même que c’est sain.”
- Êtes-vous un père fort?
“Un père fort? Hmm... Eh! bien, je suis le seul qu’ils ont,
vous savez. (Rires). Je suis O.K.”
- Comment réagissez vous en cas de dispute entre vos enfants?
“Oh! mon Dieu, c’est un cauchemar et cela arrive constamment, les enfants
sont toujours en train de se battre. Parfois vous leur criez dessus, et
vous leur dites: “Assez; aller dans votre chambre”. S’ils continuent, vous
leur cognez la tête l’une contre l’autre et ils reçoivent
le message (Rires). Mais ce n’est pas vraiment ainsi, ils ont tous un cerveau
qui comprend quand on s’adresse à eux intelligemment. Vous n’êtes
pas obligé d’être dur avec eux, physiquement ou même
oralement. Vous pouvez leur parler et espérer que cela entrera dans
leur tête, car ils sont tous maintenant à un âge où
ils assimilent les choses. Ils ont tous passé l’âge de raison.”
J’AI BEAUCOUP APPRIS DE richard DONNER
- En tant que père vous ne pouvez compter sur personne d’autre,
seulement sur votre propre expérience et sur votre relation avec
votre père. Mais en tant que réalisateur, vous avez vu beaucoup
d’autres sur le vif. Qu’avez-vous appris de Richard Donner et des autres?
“Oh! j’ai eu plein de temps pour glaner des informations auprès
de Donner. Six films, c’est vraiment long. Vous travaillez longuement avec
quelqu’un et vous parlez de choses et d’autres. Son approche du tournage
est très reposante, mais son fond lui, est rigoureusement sérieux
à propos de tout. Il est vraiment ainsi. Il veut faire de son mieux.
Et il se distingue toujours par son absence d’égocentrisme. Il est
fort tout en gardant une tendresse puérile et un cœur pour tout
ce qu’il aborde. C’est une chose sur laquelle on ne peut rivaliser aisément.
Sa générosité incite les gens à donner le mieux
qu’ils ont. Tout cela contribue à avoir une équipe joyeuse
et harmonieuse où chacun se plaît dans son travail.”
- Est-ce un modèle que vous pourrez suivre dans votre prochain
film? Par exemple, à cause de votre inexpérience dans la
réalisation, était-ce si difficile d’être ouvert et
reposé?
“Non, je n’étais pas aussi relax que lui, mais j’ai essayé
de mon mieux. Mais, vous savez quoi? Juste quand vous arrivez à
un point poignant, vous vous dites: “Arrête un instant! Respire un
bon coup et puis tu t’en moques.”. Et, croyez-moi, les gens apprécient,
parce que cela n’aide personne de paniquer.”
- Étiez-vous capable de le faire lors de vos films suivants?
“Oh! Oui, c’était plus facile.”
LE SUJET: Lethal Weapon a onze ans. Et en voici le 4ème épisode. Le nouveau film évolue avec ses héros. Leur vie sert toujours de contexte à cette suite de cascades, de combats et de gags comiques. Ouverture: un psychopathe armé d’un lance-flamme menace de tout faire sauter aux alentours... c’est-à-dire une cinquantaine de camions-citernes et une station d’essence. Deux avis s’y opposent: le tacticien Murtaugh et l’idée-commando de Riggs, tout en notant que ce début enflammé est une parfaite suite à la fin du troisième chapitre de Lethal Weapon. Finale: un combat de rue doublé d’arts martiaux, guidé par Wah Sing Ku et sa triade chinoise meurtrière, en sous-marin!... LES INTERPRÈTES:
- DANNY GLOVER (Roger Murtaugh), on l’a vu récemment dans “Switchback”. Parmi ses films: “The Color Purple”, “Escape from Alcatraz”, “Places in the Heart”, “Iceman”,... Prochainement, on le verra aux côtés de Oprah Winfrey dans “Beloved”. - JET LI (Wah Sing Ku), un des meilleurs experts en arts martiaux, né à Beijing en Chine, est l’acteur le plus populaire en Asie. “Lethal Weapon 4” est son premier film de production américaine, parlant anglais et jouant le rôle du méchant. A son actif, plus de 25 films dont: “Once Upon a Time in China”, “Tai Chi Master”, “My Father is a Hero”,... LE
RÉALISATEUR:
NOTES:
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