IL A REFUSÉ DE JOUER LE RÔLE DE JAMES BOND
MEL GIBSON:“LES SCÈNES DE VIOLENCE SONT D’UN ENNUI!”

A l’occasion de la sortie prochaine de son dernier “Lethal Weapon”, le numéro quatre de la série à succès, l’acteur principal, Mel Gibson qui y campe le rôle du policier Riggs, parle du tournage, de ses relations avec ses collègues et avec le réalisateur Richard Donner, ainsi que de son expérience en tant que réalisateur et père de famille. Round up complet sur le quotidien de la star aux yeux bleus de Hollywood.

JE ME PLAIS DANS LE CINÉMA
- Après “Lethal Weapon III”, c’était il y a cinq ou six ans, vous avez déclaré que c’était votre dernier. Vous en êtes maintenant au numéro quatre, apparemment parce que vous avez voulu le faire. Est-ce parce que vous avez trouvé le scénario intéressant ou pour des raisons commerciales? Qu’est-ce qui vous a fait penser: “Maintenent, je vais le faire”?
“Sur le moment, je croyais vraiment que j’allais ne plus en faire d’autre. J’étais sérieux parce que je n’y voyais aucune raison. Personne ne peut prévoir après sept ans ce qu’on va faire. C’est surtout le fait d’avoir attendu si longtemps qui a joué en faveur du film.”

- Dans ce film, devenir plus vieux est un thème souvent abordé. Comment vivez-vous vous-même cet état? Ressentez-vous le besoin d’entretenir vos muscles pour qu’ils ne se relâchent pas?
“Vous savez, nous avons tourné une scène de poursuite dans laquelle il fallait courir, grimper des escaliers, des scènes faciles qui ne comportaient aucun danger. C’est de la routine, mais au bout de trois reprises, car il y a toujours un détail qui clochait, je ressentais le besoin de mettre un bandage élastique pour tenir les muscles. Même si l’esprit est toujours partant, la chair, elle, s’affaiblit de jour en jour.”

- Est-ce que cela vous ennuie?
“Bien sûr que c’est ennuyant! Je pourrais toujours faire autre chose, mais quoi?”

- Dans les années à venir, vous concentreriez-vous encore sur des films d’action en tant que réalisateur?
“J’aime l’idée d’entrer dans le domaine de la réalisation. Pour moi, ce n’est pas seulement intéresant mais drôle à la fois. J’espère que cet état des choses demeurera tel qu’il est car je me plais énormément dans l’industrie du cinéma.”

- Vous voyez-vous réalisant des films d’action dans dix ans?
“Non.”

 
 Danny Glover.
JAMES BOND, LE “BAISER DE LA MORT”
- On vous a une fois offert le rôle de James Bond, est-ce vrai?
“Oui, c’est exact. Cubby Broccoli m’avait appelé quand j’avais vingt-six ans. Il m’avait dit: ”Nous aimerions vous voir jouer James Bond, nous vous donnerons un million de dollars” et j’ai répondu: “Oh! vraiment? Bye.”

- Cette somme d’argent ne vous avait pas tenté? Est-ce qu’un million de dollars n’étaient pas suffisants?
“Non, c’était alors une bonne somme. Mais je ne me voyais pas du tout associé à l’idée d’être James Bond pour toujours, C’est comme le baiser de la mort pour beaucoup d’hommes.”

- Avez-vous la nostalgie du romantisme de vos premiers films en Australie, qui sont bien différents de ceux tournés aux Etats-Unis?
“Ils ne sont pas bien différents, dans le fond. C’est presque la même matière première pour porter quelque chose sur l’écran. J’ai toujours aimé la simplicité avec laquelle ces films étaient tournés et j’essaie aujourd’hui de la retrouver dans mon travail. Mais c’est parfois difficile, particulièrement avec toutes ces nouvelles pyrotechniques et mécaniques, ainsi que les obstacles que vous rencontrez souvent à Los Angeles quand vous travaillez.”

- Si vous deviez comparer les quatre “Lethal Weapon”, lequel serait le meilleur?
“J’aime le premier. Il éclipse les trois autres. Il était en quelque sorte le plus pur de son genre à ce moment là. Si vous le regardez aujourd’hui vous le trouverez démodé. Mais alors, et surtout dans le genre des films d’action, c’était un film différent. Et, en plus, nous recevions plein de scénarios de films d’action, genre “Rambo 3” avec des protagonistes au caractère violent, toujours droit mais porté sur uniquement deux dimensions. Le caractère de Riggs avait en plus de toutes ces qualités quelque chose de plus tangible; il souffrait jusqu’à en devenir fou d’être violent et droit en même temps. C’est que l’on doit être fou pour agir comme Rambo. Fou et suicidaire à la fois. C’est cette touche de réalité, et de différence qui m’avait alors décidé.”

- Si vous deviez maintenant persévérer dans cette série, resterait-il encore des histoires à raconter sur Riggs et Murtaugh?
“Seulement si on respectait leurs caractères, car ils sont la base de la série plus que l’intrigue en elle-même. Tout le reste, tant que c’est cohérent, viendrait alors facilement.”

- Vous devez maintenant vous sentir avec Renée Russo et Joe Pesci comme les membres d’une seule famille.
“Ils font partie de la bande. Avec en plus maintenant Chris Rock et Jet Li; ils sont extraordinaires.”

- Mais l’un des deux est mort à présent.
“On ne peut pas faire d’omelette sans casser les œufs.”
 

 
Jet Li. 
 
 
Renée Russo. 
 
JE N’AIME PAS ACCUMULER LES SCÈNES AGRESSIVES
- Vous combattez beaucoup dans ce film. Est-ce difficile de tourner des scènes aussi agressives?
“Non, pas vraiment! Je n’aime pas accumuler les scènes de violence, car elles sont d’un ennui. On n’y joue pas vraiment; il suffit de mettre le visage NÞ86 devant vous et de simuler l’action. L’art revient ici à l’éditeur qui doit faire le montage de tous ces fragments de bande et donner, pour ainsi dire, vie à l’action. C’est la magie du cinéma”.

- Est-ce que vous aimez plus le travail improvisé? Y a-t-il des moments où Richard Donner vous interrompt en disant: “C’est trop, c’est trop, vous devez arrêter un peu et même essayer de nouveau”?
“C’est un peu l’idée, quoiqu’il ne s’exprime jamais de cette façon. Il ne vous dit pas que c’est trop. Parfois même, il vous annonce: “O.K., refaites-le de nouveau, vous avez vingt minutes”. Et quand la scène est terminée, “Continuez encore pour vingt autres minutes” et alors on se sent en confiance. Mais à la prochaine reprise, il vous dit: “Refaites encore vingt minutes, mais coupez-en dix”. C’est comme pour un contrat, donnant donnant, que vous ne trouverez pas ailleurs. J’essaie de suivre son exemple.”

- Trouviez-vous du temps pour vous reposer entre une scène et la suivante?
“Le tournage n’a pris que quatre mois et c’est un temps normal.”

- Mais la période après tournage a été incroyablement courte avant la projection de la première.
“C’est vrai, la post-production a été brutalement courte. Les éditeurs et toute l’équipe ont travaillé des heures supplémentaires pour sortir le film à temps en juillet.”

- Vous n’auriez pas pu faire ainsi avec “Braveheart”.
“Non, car je devais rester de longues heures devant l’abbé et couper chaque séquence avec l’éditeur.”

- Votre prochain projet, serait-ce “Fahrenheit”?
“Peut-être, ou peut-être pas. Ça dépend. Je ne suis à l’heure actuelle comme qui dirait nulle part. Je profite de mon congé mérité.”

- Qui est le meilleur réalisateur avec lequel vous avez travaillé?
“C’est impossible à dire. Il y a eu ceux que j’ai détestés et je me suis dit qu’ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient. Mais j’ai surtout été chanceux de travailler avec des types comme George Miller, Pete Weir et Richard Donner. Pas beaucoup d’autres en réalité, et c’est très étrange.”

J’AIME LES HISTOIREs INTIMEs
- Referiez-vous une autre histoire comme “The man without a face”?
“Oui, j’ai beaucoup aimé le scénario qui était très profond. C’était un bon film pour un début, car il n’exigeait pas un budget important. J’aime les histoires intimes, même les grands films doivent en avoir aussi, car si ce n’est pas le cas, cela n’a plus aucun sens. Vous devez permettre au public d’avoir accès à l’intrigue, d’y trouver un soupçon de condition humaine et de s’y reconnaître.”

- N’est-ce pas le problème avec beaucoup de films d’action de nos jours qui ne parlent que de coups? Est-ce ce qui distingue “Leathel Weapon 4”?
“C’est ce qui est demandé: les explosions, les poursuites, les tirs à feu et tout le tra-la-la. Vous devez avoir un élément d’humanité pour commencer, sinon vous n’embarquez même pas. J’ai vu des films sur lesquels on pourrait commenter: “Wow! Pourquoi quelqu’un a-t-il pris la peine de le faire?”, peut-être parce que les caractères étaient vraiment étranges, non-réels. Mais vous savez, il y manque toujours quelque chose.”

- Ces films contiennent des scènes vraiment brutales. Permettez-vous à vos enfants de les voir?
“Les miens ont ce droit, mais je ne le recommande pas aux moins de quinze ans. Pour mes enfants, je crois qu’il est bon de voir ces films, parce que cela les aide à faire la part des choses, surtout qu’ils viennent souvent assister au tournage de ces mêmes scènes violentes. Ils savent que c’est de la fiction et le procédé en est démystifié. Beaucoup n’ont pas cette opportunité, mais pour eux je crois même que c’est sain.”

- Êtes-vous un père fort?
“Un père fort? Hmm... Eh! bien, je suis le seul qu’ils ont, vous savez. (Rires). Je suis O.K.”

- Comment réagissez vous en cas de dispute entre vos enfants?
“Oh! mon Dieu, c’est un cauchemar et cela arrive constamment, les enfants sont toujours en train de se battre. Parfois vous leur criez dessus, et vous leur dites: “Assez; aller dans votre chambre”. S’ils continuent, vous leur cognez la tête l’une contre l’autre et ils reçoivent le message (Rires). Mais ce n’est pas vraiment ainsi, ils ont tous un cerveau qui comprend quand on s’adresse à eux intelligemment. Vous n’êtes pas obligé d’être dur avec eux, physiquement ou même oralement. Vous pouvez leur parler et espérer que cela entrera dans leur tête, car ils sont tous maintenant à un âge où ils assimilent les choses. Ils ont tous passé l’âge de raison.”

J’AI BEAUCOUP APPRIS DE richard DONNER
- En tant que père vous ne pouvez compter sur personne d’autre, seulement sur votre propre expérience et sur votre relation avec votre père. Mais en tant que réalisateur, vous avez vu beaucoup d’autres sur le vif. Qu’avez-vous appris de Richard Donner et des autres?
“Oh! j’ai eu plein de temps pour glaner des informations auprès de Donner. Six films, c’est vraiment long. Vous travaillez longuement avec quelqu’un et vous parlez de choses et d’autres. Son approche du tournage est très reposante, mais son fond lui, est rigoureusement sérieux à propos de tout. Il est vraiment ainsi. Il veut faire de son mieux. Et il se distingue toujours par son absence d’égocentrisme. Il est fort tout en gardant une tendresse puérile et un cœur pour tout ce qu’il aborde. C’est une chose sur laquelle on ne peut rivaliser aisément. Sa générosité incite les gens à donner le mieux qu’ils ont. Tout cela contribue à avoir une équipe joyeuse et harmonieuse où chacun se plaît dans son travail.”

- Est-ce un modèle que vous pourrez suivre dans votre prochain film? Par exemple, à cause de votre inexpérience dans la réalisation, était-ce si difficile d’être ouvert et reposé?
“Non, je n’étais pas aussi relax que lui, mais j’ai essayé de mon mieux. Mais, vous savez quoi? Juste quand vous arrivez à un point poignant, vous vous dites: “Arrête un instant! Respire un bon coup et puis tu t’en moques.”. Et, croyez-moi, les gens apprécient, parce que cela n’aide personne de paniquer.”
- Étiez-vous capable de le faire lors de vos films suivants?
“Oh! Oui, c’était plus facile.”
 

  
LE SUJET: 
Lethal Weapon a onze ans. Et en voici le 4ème épisode. Le nouveau film évolue avec ses héros. Leur vie sert toujours de contexte à cette suite de cascades, de combats et de gags comiques. 
Ouverture: un psychopathe armé d’un lance-flamme menace de tout faire sauter aux alentours... c’est-à-dire une cinquantaine de camions-citernes et une station d’essence. Deux avis s’y opposent: le tacticien Murtaugh et l’idée-commando de Riggs, tout en notant que ce début enflammé est une parfaite suite à la fin du troisième chapitre de Lethal Weapon. Finale: un combat de rue doublé d’arts martiaux, guidé par Wah Sing Ku et sa triade chinoise meurtrière, en sous-marin!... 

LES INTERPRÈTES: 
- MEL GIBSON (Martin Riggs) a obtenu une réputation mondiale grâce au réalisateur George Miller et son film “Mad Max”. Son premier film de production américaine revient à 1984 et s’intitule “The River”. “Lethal Weapon 4” est son cinquième film, joué sous la direction de Richard Donner, après les trois premiers chapitres, “Conspiracy Theorie” et “Mavrick”. En 1996, Gibson obtient l’Oscar du meilleur film et réalisateur pour “Braveheart”. Sa prochaine réalisation sera “Payback”. 

- DANNY GLOVER (Roger Murtaugh), on l’a vu récemment dans “Switchback”. Parmi ses films: “The Color Purple”, “Escape from Alcatraz”, “Places in the Heart”, “Iceman”,... Prochainement, on le verra aux côtés de Oprah Winfrey dans “Beloved”. 

- JET LI (Wah Sing Ku), un des meilleurs experts en arts martiaux, né à Beijing en Chine, est l’acteur le plus populaire en Asie. “Lethal Weapon 4” est son premier film de production américaine, parlant anglais et jouant le rôle du méchant. A son actif, plus de 25 films dont: “Once Upon a Time in China”, “Tai Chi Master”, “My Father is a Hero”,... 

LE RÉALISATEUR: 
- RICHARD DONNER, producteur et réalisateur, a débuté sa carrière à la télévision avec plusieurs séries à succès dont “The Twilight Zone”, “The Wild, Wild West”, “The FBI”,... Parmi ses films: “The Omen”, “Superman”, “Ladyhawke”, “The Goonies”,... et ceux qu’il a produits: la trilogie “Free Willy”, “The Lost Boys. 

NOTES: 
- “Lethal Weapon 4” a coûté 140 millions de dollars, dont un bon tiers en casting! 
- Plusieurs scènes ne sont autres qu’un mélange de Westerns et de films d’action made in Hongkong. 
- La pré-production n’a démarré qu’il y a un an. Le 8 janvier, le tournage débutait (Californie, Nevada), pour s’achever le 13 mai: un record en post-production pour une sortie calibrée pour juillet en Amérique et pour l’été en Europe et en Asie. 
- “Lethal Weapon 4” est le seul “Sequel” à sortir aux USA durant l’été 1998, six ans après le dernier épisode. 
- En attendant le 5ème, Lethal Weapon 4 est un film à voir.


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