Evénements de la semaine
 
ELLES SONT IMPOPULAIRES: PLUS JAMAIS DE PROROGATION NI DE TROIKA
 
“La troisième, dit-on, est la bonne” . La prorogation a été tentée à deux reprises depuis 1949: le président Béchara el-Khoury a fait reconduire son mandat à cette date, mais a dû résigner ses  hautes charges sous la pression populaire. En 1958, le président Camille Chamoun a provoqué un mouvement insurrectionnel en ayant voulu renouveler son sexennat. Le président Hraoui qui a pu se maintenir pendant trois ans - on sait dans quelles circonstances - a baucoup perdu de sa popularité, à tel point que les “décideurs” ont changé d’attitude à son égard... 
La prorogation du mandat présidentiel est toujours mal perçue au Liban et les différents régimes en ont fait l’amère expérience. 
Ainsi, le président Béchara el-Khoury a succombé en 1949 à la tentation, aidé par on ne sait quel concours de circonstances, mais a dû payer cher le prix de son erreur trois années plus tard, puisqu’il a été contraint de résigner ses hautes charges sous la pression populaire, quelques jours après le grand meeting de l’opposition à Deir el-Kamar. 
En ayant essayé de reconduire son mandat en 1958, le président Camille Chamoun a provoqué un mouvement insurrectionnel qui, fort heureusement, a été de courte durée. Grâce surtout à la position ferme du général Fouad Chéhab, alors commandant en chef de l’Armée, qui a promis de le soutenir jusqu’au dernier jour de son sexennat et refusé de mater l’insurrection par la manière forte. 
Le président Hraoui a pu proroger, une première fois, son mandat (pour trois ans), grâce à l’appui des “décideurs”. S’il n’y a pas eu de mouvements de rue en signe de protestation contre cette entorse à la Constitution, c’est parce que les manifestations avaient été interdites... 
Cette fois encore, on détectait une velléité de prorogation et la coterie présidentielle le soutenait jusqu’à tout dernièrement et même la veille du dernier som-met libano-syrien, elle affirmait que “la reconduction du mandat restait une éventualité à ne pas minimiser”. Mais les “décideurs” ont tenu compte du fort courant populaire hostile à la proroga-tion qui, d’après l’un de leurs alliés locaux, “aurait affecté la popularité des Syriens sur la scène libanaise, parce qu’elle est impopulaire”. 
Pour en revenir à la première prorogation, sous le mandat du président Béchara el-Khoury, il y a lieu de rappeler que son beau-frère, le regretté Michel Chiha, opposant acharné à la recon-duction, avait écrit un article particulièrement dur dénonçant une telle décision et prévoyant des développements dramati-ques à plus ou moins brève échéance. 
Et c’est Chiha qui a forcé la main du chef de l’Etat, “afin d’éviter au pays un bain de sang”. 
Le président el-Khoury sou-tenait, alors, qu’il avait l’appui de cinquante-cinq députés. “Ce sont autant de marionnettes ayant perdu toute crédibilité au niveau de la rue; démissionnez”, lui a-t-il répondu. 
Malgré les résultats négatifs des sondages d’opinion, les “Hraouistes” persistaient dans leur campagne en faveur de la prorogation. On dirait qu’ils avaient mis des œillères pour ne voir qu’un côté des choses. 
Le plus drôle c’est qu’un mi-nistre (proche du palais de Baab-da) affirmait que “la reconduc-tion était à égalité avec l’élection d’un nouveau président”... Sans doute après avoir procédé à un sondage d’opinion entre les quatre murs de sa chambre à coucher... 
En vérité, chacun prêche pour ses saints et sa paroisse; c’est le cas de le dire. 

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