LE LIBAN BRULE-T-IL...?
De mémoire de Libanais, on n’avait jamais connu un mois d’octobre aussi chaud avec des températures flirtant avec les 40 degrés et un taux d’humidité réduit à 10%...
On lutte comme on le peut, faute de moyens...
Alors que les verts tentent de le reboiser, un désastre écologique sans pareil touche le Liban.
La météo se veut rassurante et annonce avec force sourire que le baromètre chutera dans les quelques heures...
En attendant, les citoyens étouffent sous la canicule et respirent à plein poumon cette odeur de brûlé, avec des incendies d’une telle amplitude qui entraîneront, immanquablement, des conséquences non seulement pour l’écosystème mais, aussi, pour la santé.
Depuis déjà trois jours, les flammes ont dévoré sur leur passage plus d’un million de mètres carrés de régions forestières boisées de pins, de chênes n’épargnant pas les cèdres millénaires du Barouk.
Certes, les pompiers s’activent comme ils peuvent, luttant contre le feu avec des moyens mis à leur disposition, des lance- eaux... Mais cela suffit-il pour circonscrire cinquante-et-un incendies?
Quand on pense qu’hier encore l’Union européenne étudiait un programme dans le cadre de son aide au Liban, portant sur la protection de la couverture végétale en tentant de lancer un plan d’action visant à nettoyer les forêts...
Le réchauffement de l’atmosphère, combiné à des vents forts, surtout dans la journée du samedi 10 octobre aura eu raison de leurs efforts.
De Jouwaya à Tyr en passant par le Chouf, le Metn, Jbeil et le Nord, le feu rase tout sur son passage réduisant en cendres les forêts, les champs d’oliviers et les habitations.
Plus de 3000 arbres fruitiers dans le Nord ont péri avant que les éléments de la Défense civile puissent intervenir.

LA RÉSERVE DU CHOUF MENACÉE
Représentant 5% du territoire libanais, la réserve du Chouf qui englobe les villages de Mrestey, Bmohray, Maasser el-Barouk, Aïn Dara, Aïn Zhalta, Khrabeï, Niha et Jbaa, est protégée et gérée par une équipe de gestionnaires, de garde-forestiers et de guides.
Le cèdre du Liban est déjà un conifère en danger d’extinction sur le plan mondial.
Sa particularité réside dans sa forme unique et son essence qui a le parfum de l’encens.
A part les cèdres, il existe dans la réserve des centaines d’espèces d’arbres, dont certains qu’on croyait disparus, avaient repoussé dans cet espace protégé si jalousement.
Là encore vivent 106 espèces d’oiseaux, pour la plupart des rapaces, des mammifères comme les loups, les sangliers, les écureuils et quelques gazelles. Difficile de voir, avec les vents d’ouest aidant, que les flammes vont détruire ce sanctuaire. Mais le feu ne connaît rien et poursuit sa course folle.
Rien que pour la seule journée de mardi, on signalait non moins de 46 foyers d’incendies, les plus importants étant à Deir el-Kamar, Jisr el-Kadi, Aïn Zhalta, Mastita, Kobeyate, Bzommar...
 
Le feu dans le caza d’Aley.
L’administrateur du Liban-Sud s’entretenant 
avec le chef de la section des pompiers à Saïda.
OÙ SONT DONC PASSÉS LES HÉLICOPTÈRES ET LES CANADAIRS PROMIS...?
Mardi soir, le ciel rougeoie et  les incendies prennent encore plus d’ampleur.
Le commandant Tarek Aziz, membre de la direction de l’orientation et de l’information des pompiers de Beyrouth, précise que “tous les effectifs, c’est-à-dire 24 camions-citernes et 400 hommes, sont mobilisés pour lutter contre le feu dans les montagnes.
“Nous avons envoyé trois camions à Barouk en prévision de nouveaux incidents, deux à Aley. Des centaines de personnes ont tout perdu, les montagnes de Jieh ont flambé, le feu a repris à la cédraie de Barouk.”
M. Rafic Hariri, quant à lui, a déclaré qu’il “suivait l’affaire de très près, imputant la cause du sinistre à la sécheresse et affirmant que les forces de l’ordre faisaient tout ce qui était en leur pouvoir...”
Mais ne nous avait-on pas promis, campagne publicitaire à l’appui, que notre pays serait doté de réservoirs qui pourraient être ajoutés aux hélicoptères de l’armée pour lancer de l’eau à partir du ciel...?
Ces conteneurs ont été confiés à l’armée... Mais les hélicoptères pour raisons techniques sont immobilisés au sol.
Une situation ubuesque et dantesque... Le Liban se meurt sur le bûcher de l’indifférence des responsables.
La FINUL participe, activement, à l’extinction des incendies et deux hélicoptères sont intervenus pour assister les Casques Bleus et la population.
M. Walid Joumblatt a retroussé ses manches et a, lui aussi, participé à la lutte contre le feu tentant, également, d’effectuer des contacts avec la Défense civile, les FSI ou la Croix-Rouge.
Au moment de mettre sous presse, 51 foyers sévissaient encore au Liban n’épargnant pas la région industrielle de Mkallès, la région de Sahel Alma, allant même jusqu’à l’autoroute...
Et une belle speakerine sourire aux lèvres de nous chuchoter de sa voix suave à la télé? “Il fera encore beau demain, mais la pluie est prévue pour ce week-end...” Qui s’en plaindrait?

S.N.

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