LE CYCLONE MITCH APOCALYPSE EN AMÉRIQUE CENTRALE

Il a fallu le passage du cyclone Mitch pour que l’on entende parler d’eux, les grands oubliés du paysage géopolitique contemporain. Qui s’est jamais soucié du Honduras, du Nicaragua, du Salvador et  du Guatemala? Ils sont trop loin, trop pauvres, victimes d’une instabilité chronique.
 
Le cyclone Mitch est arrivé le 26 octobre au large des côtes du Honduras.
 

Une mère pleure son fils, 
victime des crues des rivières.

Paysage de désolation au Nicaragua.
 
Or, c’est sur eux que s’est acharné, depuis le 26 octobre,  le cyclone Mitch, l’un des cyclones les plus meurtriers  du siècle, une sorte d’apocalypse où les vies humaines sont charriées par des fleuves de boue, disparues vivantes dans les entrailles de la terre et les fonds marins.
Quant aux cadavres ramenés à la surface par les glissements de terrain, les crues des rivières, rejetés par les flancs des volcans, les cimes des arbres et rattrappés par les vautours, ils ont même perdu le respect dû aux morts après avoir perdu la dignité des  vivants. L’unique alternative était de les incinérer pour limiter les foyers d’épidémies. Avec les disparus, on en a déjà compté 30.000.
Les quelque trois millions de sinistrés, les yeux encore ouverts sur un paysage de fin de monde  et qui ont perdu, avec les êtres chers et leur peu de biens, tous leurs repères, leur souci immédiat est de survivre, d’avoir accès à l’eau potable introuvable,  d’éviter de mourir de faim et de succomber aux épidémies. Des cas de choléra, de dengue, de malaria, de diarrhée et de dermatomycose étant déjà signalés.
 

Dans ces paysages autrefois verdoyants,
on a dénombré 30.000 morts et disparus.

La détresse des survivants.
 

SURVIVRE ET RECONSTRUIRE
Le Honduras et le Nicaragua, les pays les plus touchés par le cyclone Mitch, ont perdu la majorité de leurs ponts et routes. Et certaines régions sinistrées restent difficiles d’accès, même aux hélicoptères, notamment dans la région atlantique du Nicaragua où 1.200 Indiens misquitos  étaient accrochés aux cimes des arbres  avec le même désespoir que les 1.400 victimes rejetées par les flancs du volcan Casitas à 140 kilomètres au nord-ouest de Managua, capitale du Nicaragua.
L’ampleur du désastre est telle que 70% de la production agricole a été  anéantie au Honduras. Là, comme au Nicaragua, le cyclone a fait plus de dégâts qu’en vingt ans de guerre civile et toutes les infrastructures du pays sont à reconstruire. Pratiquement, il faut s’employer à nourrir toute la population, 6 millions au Honduras et 4,5 millions au Nicaragua. Et la tâche est herculéenne.
Selon le Programme alimentaire mondial, les besoins de ces pays sont estimés à 3,2 milliards de dollars. Et il leur faudra, peut-être, des dizaines d’années pour connaître la normalité. Déjà 150 millions de dollars ont été débloqués par les pays d’Europe et d’Amérique. Mais l’aide fournie reste nettement en-deçà de leurs besoins. Aussi, leurs responsables se sont-ils hâtés de solliciter l’annulation de leurs dettes extérieures aux fins de la reconstruction. Message déjà entendu par la France qui pourrait être suivie de plusieurs pays créditeurs.

 

Les opérations de secours se poursuivent.

La longue traversée dans un paysage 
de ruines.

EXPRESSIONS DE SOLIDARITE
Le monde n’est resté ni sourd, ni aveugle devant la catastrophe survenue en Amérique centrale. D’abord, les voisins immédiats se sont portés à son secours : le Mexique et les Etats-Unis (l’aide de Cuba ayant été refusée pour raison politique par le président conservateur du Nicaragua Arnoldo Aleman, sévèrement critiqué depuis). Ensuite, par l’ensemble du monde occidental et diverses organisations internationales.
Les Etats-Unis ont avancé un montant de 70 millions de dollars et envoyé  sur place 130 militaires de la marine américaine et 20 hélicoptères. L’ex-président Carter est venu exprimer sa sympathie aux sinistrés, suivi de l’ancien président George Bush. Leur a emboîté le pas Tipper Gore, épouse du vice-président Al Gore, venue à la tête d’une mission présidentielle de haut rang comprenant des membres du Congrès pour “montrer l’engagement des Etats-Unis à aider les habitants d’Amérique centrale.”
La France, également, s’est hâtée d’envoyer des secours: des tonnes de vivres, de matériel, des médicaments et équipes médicales. Le “Jeanne d’Arc” a mis le cap sur l’Amérique centrale. Et le président Chirac lui-même y a débarqué pour exprimer à son tour sa solidarité avec la population si durement éprouvée.
Réunis lundi à San Salvador, les chefs d’Etat d’Amérique centrale ont lancé un appel à une  aide internationale pour la reconstruction de leurs pays. Cette aide pose toutefois plus d’un problème, la distribution des vivres étant déjà “politisée” et la corruption étant un des maux endémiques de la région. D’ailleurs, Mgr Oscar Andres Rodriguez, archevêque de Tegucigalpa, capitale du Honduras,  pays considéré par l’Institut privé de transparence (IPT) siégeant à Washington, comme le troisième le plus corrompu au monde, a mis en garde contre le détournement de l’aide internationale et déclaré “maudits” les usurpateurs.
Le cyclone Mitch est-il lié au réchauffement climatique?
Parti le 21 octobre du sud de la Jamaïque, le cyclone Mitch est arrivé le 26 octobre sur les côtes du Honduras, sous une basse pression. Selon le Centre national des ouragans basé à Floride, ses vents ont atteint 288km/h. Il est, ainsi, le plus puissant depuis Camille en 1969.
On peut s’interroger sur d’éventuels liens existant entre l’intensité, la fréquence des cyclones , le phénomène El-Niño et le réchauffement climatique. En général, on enregistre peu de cyclones au cours des années marquées par El-Niño, car ceux-ci renforcent les vents d’altitude sur l’Atlantique. Cependant, rien n’est sûr et l’on estime que les ouragans trouvent dans le réchauffement de la terre des conditions favorables. A ce sujet, les avis sont partagés et souvent contradictoires.
Mais l’unanimité se fait sur l’effet dévastateur des ouragans qui seraient une des expressions de l’Apocalypse.

 

Tout a été submergé par les flots.
 

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