AU CAFE LITTERAIRE

Innovation de cette année au Salon du livre, le café littéraire qui a été inauguré en beauté avec deux auteurs de la gente féminine; Catherine Pancol et Irène Frain, toutes deux anciennes journalistes à “Paris-Match” qui publient, respectivement, aux éditions Fayard: “Encore une danse” et “l’Inimitable”.
 
C. PANCOL: “JE ME SENS MIEUX AVEC LES ECRIVAINS AMERICAINS"
Catherine Pancol, journaliste à Paris-Match mais, aussi, au “Cosmopolitan”, au lancement duquel elle a participé. Robert Laffont l’appelle pour lui dire: “J’adore vos articles, vous devriez écrire un roman.” Elle refuse, d’abord, “parce que je n’avais rien à raconter”, dit-elle. Il lui propose de parler d’elle-même. Ainsi, elle rédige: “Moi d’abord”, un succès, suivi d’un deuxième; puis, d’un troisième. Ce n’est qu’après “Scarlett si possible” son nième roman, “que j’ai vraiment eu envie d’écrire. Avant, je le faisais parce qu’il le fallait.”
“Encore une danse” signé à la librairie Stéphan, son dernier roman, raconte l’insatisfaction de quatre femmes parties à la recherche du bonheur, sans jamais le trouver. Qu’elles soient restées célibataires ou mariées avec ou sans enfants; ou qu’elles aient seulement des amants, le bonheur semble les fuir. Seul le grand amour peut combler le vide de l’existence... et toutes ces copines de Montrouge jettent, comme par hasard, leur dévolu sur le même homme.
Attention au Sida dont l’ombre plane menaçante.. au temps qui passe et ronge tout sur son passage. “Encore une danse” où la farandole de l’existence entre la joie et l’amertume. Au Café littéraire, Pancol affirme: “Je me sens mieux avec les écrivains américains qu’avec les français. En France, on se sent différent en tant qu’écrivains; on nous met sur un piédestal, alors qu’aux USA c’est un métier comme un autre. “Certes, il y a le talent, mais j’ai du mal à intellectualiser et à rendre ce métier spécial ou angoissant.”
Auteur de “Une si belle image, Jackie Kennedy (Ed. Seuil) biographie d’une Première dame des USA, Pancol dit: “Je commençais une documentation sur Jackie Kennedy. Il y avait beaucoup à dire. Je ne pouvais pas me limiter à quelques feuillets. J’ai écrit un livre; là on va beaucoup plus loin, plus profond.” Pancol, une femme devenue écrivain un peu par insistance si l’on peut dire, mais qui a commencé à prendre l’écriture au sérieux et à s’en éprendre après son ouvrage: “Les hommes cruels ne courent pas les rues.
“A force, de travailler, j’ai appris à être écrivain. Aujourd’hui, c’est ma vie.”

I. FRAIN: “Cléopâtre fut la première star de l’Histoire”
Agrégée de lettres classiques, Irène Frain quitte l’enseignement pour l’écriture après le succès de son premier roman: “Le Nabab” (1984). Les livres se succèdent: “Désirs”, “Secrets de famille” (Lattés) “L’Homme fatal” (Fayard), “La Fée chocolat” (Stock)...
Une passion certaine pour l’Orient grec, Irène Frain tente de réhabiliter Cléopâtre dans “l’Inimitable”, signé chez Dédicace. Un surnom que s’était donné Cléopâtre, reine fascinante qui fit trembler le monde mais que la vindicte d’Octave, son vainqueur cantonna des siècles durant, dans l’image de la “triple putain”.
Dans son roman, Frain la regarde de l’œil des perdants, des vaincus... et une autre Cléopâtre apparaît. “On a dit beaucoup de mal d’elle, dit Frain et j’ai pensé que si on avait dit autant de mal, c’est parce qu’elle valait beaucoup de bien. Quand on est singulier et quand on n’a pas peur de cette singularité, on traîne après soi la calomnie”, souligne l’auteur.
“On a tout fait pour effacer jusque sa mémoire; elle n’a pas de tombeau. Cléopâtre est véritablement une étoile: c’est la première “star” de l’Histoire.”
Pourquoi Frain défend-elle la reine d’Egypte? “J’ai toujours été du côté des faibles et des humiliés, parce que je viens d’un milieu prolétaire. Ce n’est pas la difficulté matérielle qui est difficile à supporter mais l’humiliation.”
Ecrivain, historienne ou journaliste, Frain affirme: “Je suis trilingue, le tissu du roman c’est le temps avec un grand T et le fait d’avoir été journaliste m’aide à être plus attentive au document que j’étudie et à la maîtrise du verbe. Quand j’écris un article, cela doit aller très vite mais je peux le reprendre dix fois s’il le faut.”
Perfectionniste, elle observe que même dans le journalisme c’est la langue qui l’intéresse et non seulement la recherche de l’information: “C’est la puissance de l’écriture, non la force de l’information.”
Sacrée Frain, qui dit ressembler quelque part à Cléopâtre: “C’est que je suis une femme - homme, à la fois féminine, qui connaît la valeur du combat et la nécessité du courage.”

NICOLE EL-KAREH


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