DETREMINE A EFFECTUER UN BOND QUALITATIF AU NIVEAU DE L'ETAT
LE GENERAL-PRESIDENT PLACERA AUX POSTES-CLES DES ELEMENTS AU-DESSUS DE TOUT SOUPCON 
La quinzaine précédant la passation des pouvoirs entre le président sortant et le président élu, apparaît comme une étape d’apesanteur, toutes les parties politiques évitant de faire un faux pas qui leur serait préjudiciable.
Dans ce contexte s’inscrit la tournée que le chef du gouvernement vient d’effectuer à l’étranger, qui l’a conduit après Paris, au Caire, à Ryad et, peut-être, à Damas. Le voyage impromptu de M. Rafic Hariri a été interprété par certains comme un indice de son désappointement, suite aux audiences accordées par le président Lahoud à plusieurs hauts fonctionnaires avant son entrée en fonction...

Les milieux de l’opposition y décèlent un signe des divergences qui ne manqueraient pas de se manifester à plus ou moins brève échéance entre les deux hommes, étant donné leur style différent et la vision qu’ils se font de la manière de résoudre les problèmes et les dossiers chauds.
Bien qu’au cours d’une interview télévisée accordée au Caire, le Premier ministre ait assuré être en parfait accord avec le président élu “sur toute la ligne” et qu’il décevra tous ceux qui s’attendent à les voir en désaccord.
Toujours est-il que M. Hariri a tiré la conclusion de ses réunions de travail avec le nouveau président de la République: il n’aura pas les mains libres comme au temps du précédent régime, la troïka de triste mémoire, n’ayant aucune chance de réapparaître.
Les observateurs pensent, toutefois, qu’il s’accrochera autant qu’avant à la troisième présidence, car il y va de son prestige personnel, comme de ses intérêts au double plan politique et des affaires.

LE CABINET, UN TEST
Il va sans dire que la constitution du premier Cabinet du nouveau  régime, constituera un test quant à l’avenir des relations entre les présidents Lahoud et Hariri.
Si la prochaine équipe ministérielle est formée sans difficulté et dans un délai logique, cela prouvera que les deux hommes sont en mesure de s’entendre sur un programme d’action. Leur coopération les conduira jusqu’aux élections législatives qui auraient lieu au printemps, (au lieu de l’automne) de l’an 2.000.
Dans le cas contraire, les analystes présument que la coopération entre les présidents de la République et du Conseil ne sera pas de longue durée.
De toute manière, des sources renseignées disent qu’il est prématuré de se perdre en conjectures à ce sujet.
Quoi qu’il en soit, le problème gouvernemental émergera avec force au fur et à mesure qu’approchera la passation des pouvoirs. D’aucuns croient que l’équipe gouvernementale serait déjà prête, les consultations (contraignantes) qu’effectuerait le Général-Président devant être de pure forme.
D’après des cercles informés, six à huit ministres du Cabinet sortant, feraient partie du nouveau gouver-nement; il s’agit de MM. Sleiman Frangié, Michel Murr, Walid Joumblatt, Talal Arslan, Fouad Sanioura et, peut-être, M. Yassine Jaber, mais sans que ceux-ci soient assurés de reprendre en main les mêmes portefeuilles.
Selon des sources fiables, la nouvelle équipe ministérielle comprendrait des noms auxquels nul ne pense dans les milieux politiques.
L’heure de vérité approche et, alors, seront ouverts les grands dossiers en rapport avec l’avenir de l’Etat, en particulier aux niveaux financier, social et économique, des éléments connus pour leur compétence et leur spécialisation devant être chargés d’en entreprendre l’étude et de préconiser des solutions adéquates.
 
AU-DESSUS DES SOUPÇONS...
Il est de notoriété publique que les membres du premier Cabinet du nouveau régime seront au-dessus de tout soupçon (comme la femme de César), inspirant confiance à l’opinion publique. De fait, le président Lahoud se préoccupe de placer aux postes-clés des titulaires connus autant pour leur compétence que pour leur intégrité, la situation du pays exigeant une action incessante dont seuls sont capables des éléments aptes à assumer les responsabilités, plaçant l’intérêt supérieur de la nation au-dessus de toutes les considérations.
Le Général-Président est déterminé à effectuer un bond qualitatif par rapport à l’édification d’un Etat moderne sur des bases solides, en profitant des expériences du passé et, surtout, des erreurs qui ont été commises à tous les niveaux.
Si l’Etat s’est effondré en raison de la guerre, la faute retombe sur la faiblesse des institutions qui n’ont pu tenir le coup. Il importe donc d’édifier l’Etat des institutions, ce qui exige une réforme hardie qui mettrait à la place qu’il faut les éléments valables et débarrasserait l’administration étatique des corrompus et des incapables.

KORAYTEM ACQUIS À LA COHABITATION
Cela dit, les milieux proches du président Hariri assurent que Koraytem est acquis à la cohabitation avec le chef du nouveau régime. Aussi, le chef du gouvernement admet-t-il l’impossibilité pour lui de choisir les membres de son Cabinet sans en référer au chef de l’Etat qui a son mot à dire, surtout que le Général-Président est soucieux d’amener au Sérail des ministres connus pour leur probité et leur transparence.
Ainsi, pendant que le président Hraoui effectuait, dimanche dernier, une visite familiale à Damas - puisqu’il était accompagné, pour la première fois de la Première Libanaise - le président élu procédait à un premier choix des futurs membres du Cabinet, en agissant selon le principe de l’élimination: son choix porterait, assure-t-on, sur des personnalités non traditionnalistes, sans pour autant toucher aux constantes nationales autour desquelles se retrouvent tous les Libanais.
En fait, le président Lahoud se maintiendra à égale distance de toutes les parties, qu’il s’agisse des forces et courants politiques, des communautés ou des groupes de pression - s’il en existe encore - c’est pourquoi, il se conformera à la lettre et à l’esprit de la Constitution, en excluant toute formule qui rappellerait, de près ou de loin, la troïka.
Il n’y aura donc plus trois “pôles du pouvoir”, autrement dit trois présidents résumant en leur personne les communautés qu’ils représentent. En d’autres termes, le président de la République sera le président de toutes les institutions, s’acquittant du rôle d’arbitre, alors que les présidents de la Chambre et du Conseil agiront en tant que représentants de toutes les communautés, non de leurs communautés respectives.
De cette façon, l’Etat sera affranchi de l’esprit confessionnel et ouvrira la voie à un régime soucieux de se maintenir au-dessus de toutes les considérations d’ordre communautaire, sectaire ou partisan.
Telle est l’orientation que le Général-Président compte imprimer à la IIIème République.

NADIM EL-HACHEM

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