Saturnale

Par MARY YAZBECK AZOURY  
DISCOVERY ET RHUME
On connaît l’anecdote: un rhume soigné dure une semaine, un rhume non soigné dure 7 jours.
Avec les progrès de la Science, avec le retour triomphal de Discovery, de John Glenn et des autres astronautes, le grand public se pose la question:
-”Comment a-t-on pu réaliser ces miracles de l’espace et on n’arrive pas à trouver une solution ou un remède à 100% efficace contre le rhume?”
Il y a, bien sûr, le vaccin anti-grippal et qui est conseillé d’être fait en automne. Mais comme il y a plus de 140 rhino-virus différents, on se demande quel vaccin prendre.
Comment échapper au rhume ou à la grippe, c’est le grand problème en cette saison. Rares sont les familles où personne n’a été atteint. Et d’habitude quand une personne est enrhumée ou grippée, malgré toutes les précautions, fumigations, éloignements d’usage, toute la famille et quelquefois les visiteurs  n’échappent pas à la contagion.
Alors la Science?
C’est beau de découvrir l’espace.
Mais ce serait encore plus beau l’éradication de certaines maladies et surtout des plus courantes.
A quand et à qui le Prix Nobel pour la découverte du remède universel, invincible et infaillible?
***

TOUS LES LIBANAIS TURFISTES
Deux semaines après la publication de “ministrables” dans ces colonnes, une station de TV locale a lancé le “jeu des pronostics” concernant toujours les ministrables.
Certains noms ont été déjà cités dans “La Revue du Liban”, du 24 octobre; aujourd’hui, on complète la liste.
(Sans tenir compte des quotas confessionnels), celle-ci est établie sur la compétence et le rôle dans la politique d’aujourd’hui.
Les ministrables qui sont le plus joués sont:
- Maître Mohsen Slim, un des ténors du Barreau national et international; Salim Hoss, Dory Chamoun, leader du PNL; Mounir El Hajj, vice-président des Kataëb; Basile Yared pour les Affaires étrangères (il est très apprécié par les Français), Wajdi Mallat, une autre sommité du Barreau; Assad Kotaite, président de l’OACI (mais il refuserait probablement): Habib Zoghbi, président de l’Association des anciens de Harvard; Sleiman Frangié, Chawki Fakhoury, ministre de l’Agriculture; Michel Eddé, Jean Obeid, Marwan Iskandar économiste; Saïd El-Assaad, médecin et diplomate; Waël Kheir serait bon aux Affaires sociales; Fouad Hamdane, excellent pour l’Environnement; enfin, dernière et non des moindres Alya Ryad Solh au ministère de la Condition féminine.

***

LE CREDO EN LA PATRIE MAIS PAS DANS LES DIRIGEANTS
Le cardinal patriarche Sfeir a lancé un vibrant appel pour la croyance en la patrie.
Nous sommes tous d’accord sur ce point.
Ce n’est pas que l’on doute du Liban ou de la Nation.
Ce dont on doute, ce sont des gouvernants, des dirigeants tous tant qu’ils y sont.
Bien entendu, tous les régimes ont été décriés par leurs successeurs. Tous ont eu leur ration de scandales, de vols, de corruption... Mais c’étaient des exceptions qui étaient dénoncées, qui faisaient tomber les gouvernements...
Tel n’est pas le cas aujourd’hui.
Aujourd’hui, ce n’est plus l’exception qui confirme la règle... Mais plutôt la règle qui confirme l’exception.
L’opinion populaire se demande pourquoi les journalistes ont attendu tout ce temps pour cette levée de boucliers?
Question fort opportune. La plupart d’entre eux ont souvent critiqué, mais ils n’étaient pas les plus “argentés”. Ils avaient beau dénoncer, sonner l’hallali, ceux qui encaissaient étaient les plus forts.
Pierre le Grand de Russie conseillait à ses ministres: “Essayez de convaincre. Et si vous n’y parvenez pas, achetez. Mettez-y le prix.”
D’ailleurs, ne prête-t-on pas à Napoléon ou Talleyrand (je ne sais plus lequel) le fameux mot: “Nul n’est incorruptible; seul le prix varie?”

***

100 POUR CENT D’AMENDE
Si les dirigeants libanais apportaient à la conduite des affaires libanaises, la dextérité qu’ils apportent à régler leurs propres affaires et celles... du Chili, de Pinochet ou celle de Cuba et Fidel Castro, nous n’en serions pas là. Même en cette fin de règne, les bêtises continuent à se multiplier.
La dernière en date?
Une Libanaise mariée à un Français victime de la propagande invitant les Libanais à rentrer, a cru les promesses mirobolantes que les différents dirigeants qui se sont rendus à Paris leur ont faites et ont demandé aux Libanais de retourner au bercail.
Ce qu’elle a fait l’an dernier. Il s’agit de Madame Daniele Georges. Cela allait tant bien que mal, jusqu’à récemment. Son fils atteint ses quinze ans. Elle se rend au ministère concerné pour lui renouveler sa résidence. Car quoique mineur et de mère libanaise, il n’a pas le droit de vivre au Liban sans cette résidence. Quelle ne fut la surprise de Mme Georges de se voir demander 250.000 L.L. pour un étudiant du secondaire. Elle obtempère sans rechigner. Quelques jours plus tard, elle se rend audit ministère pour retirer la carte de séjour de son fils. On lui demande 250.000 L.L. Elle répond qu’elle a déjà payé et montre le reçu.
L’employé jette un air négligent sur le reçu exhibé et lui dit d’un ton ennuyé: Cela d’accord, mais il y a 250.000 L.L. d’amende, car vous avez présenté la demande en retard de 15 jours. Elle s’étonne et rétorque: “100 pour cent d’amende pour un si petit retard...?” Et l’employé majestueux de rétorquer: pour un jour ou pour un mois, l’amende est la même. C’est à prendre ou à laisser.
Puis, d’un petit air malin, il a de la culture ce monsieur, il ajoute: “Nul n’est censé ignorer la loi...”
Elle envisage, sérieusement, de mettre une croix sur le Liban et de regagner un pays plus humain.

***

LES MINISTRES À L’ÉCOLE
Géniale, réaliste, pragmatique la décision du roi Hassan II d’envoyer six de ses ministres apprendre l’anglais.
Ces membres du gouvernement prendront pendant vingt-deux semaines des cours au British Council, dans le cadre du programme de coopération entre la Grande-Bretagne et le Maroc, a annoncé le porte-parole de l’ambassade de Sa Gracieuse Majesté à Rabat. L’identité des six “élèves-ministres” n’a pas été divulguée. Nommé par le roi Hassan II en mars, le gouvernement du Premier ministre socialiste, Abdelrahmane El-Youssoufi compte 40 ministres, pour la grande majorité issus des universités françaises.
Si l’on juge par les performances linguistiques de nos ministres, un certain nombre devrait assister aux cours de français du CCF, d’autres à ceux du British Council et la plupart d’entre eux aux deux cours. Cela élargira, peut-être, leur vision des choses et contribuera au développement d’un certain humanisme, qui les sort de la culture du béton armé, des autoroutes et du pétrole.


Home
Home