TOUS LES LIBANAIS TURFISTES
Deux semaines après la publication de “ministrables” dans ces
colonnes, une station de TV locale a lancé le “jeu des pronostics”
concernant toujours les ministrables.
Certains noms ont été déjà cités
dans “La Revue du Liban”, du 24 octobre; aujourd’hui, on complète
la liste.
(Sans tenir compte des quotas confessionnels), celle-ci est établie
sur la compétence et le rôle dans la politique d’aujourd’hui.
Les ministrables qui sont le plus joués sont:
- Maître Mohsen Slim, un des ténors du Barreau national
et international; Salim Hoss, Dory Chamoun, leader du PNL; Mounir El Hajj,
vice-président des Kataëb; Basile Yared pour les Affaires étrangères
(il est très apprécié par les Français), Wajdi
Mallat, une autre sommité du Barreau; Assad Kotaite, président
de l’OACI (mais il refuserait probablement): Habib Zoghbi, président
de l’Association des anciens de Harvard; Sleiman Frangié, Chawki
Fakhoury, ministre de l’Agriculture; Michel Eddé, Jean Obeid, Marwan
Iskandar économiste; Saïd El-Assaad, médecin et diplomate;
Waël Kheir serait bon aux Affaires sociales; Fouad Hamdane, excellent
pour l’Environnement; enfin, dernière et non des moindres Alya Ryad
Solh au ministère de la Condition féminine.
LE CREDO EN LA PATRIE MAIS PAS DANS LES DIRIGEANTS
Le cardinal patriarche Sfeir a lancé un vibrant appel pour la
croyance en la patrie.
Nous sommes tous d’accord sur ce point.
Ce n’est pas que l’on doute du Liban ou de la Nation.
Ce dont on doute, ce sont des gouvernants, des dirigeants tous tant
qu’ils y sont.
Bien entendu, tous les régimes ont été décriés
par leurs successeurs. Tous ont eu leur ration de scandales, de vols, de
corruption... Mais c’étaient des exceptions qui étaient dénoncées,
qui faisaient tomber les gouvernements...
Tel n’est pas le cas aujourd’hui.
Aujourd’hui, ce n’est plus l’exception qui confirme la règle...
Mais plutôt la règle qui confirme l’exception.
L’opinion populaire se demande pourquoi les journalistes ont attendu
tout ce temps pour cette levée de boucliers?
Question fort opportune. La plupart d’entre eux ont souvent critiqué,
mais ils n’étaient pas les plus “argentés”. Ils avaient beau
dénoncer, sonner l’hallali, ceux qui encaissaient étaient
les plus forts.
Pierre le Grand de Russie conseillait à ses ministres: “Essayez
de convaincre. Et si vous n’y parvenez pas, achetez. Mettez-y le prix.”
D’ailleurs, ne prête-t-on pas à Napoléon ou Talleyrand
(je ne sais plus lequel) le fameux mot: “Nul n’est incorruptible; seul
le prix varie?”
100 POUR CENT D’AMENDE
Si les dirigeants libanais apportaient à la conduite des affaires
libanaises, la dextérité qu’ils apportent à régler
leurs propres affaires et celles... du Chili, de Pinochet ou celle de Cuba
et Fidel Castro, nous n’en serions pas là. Même en cette fin
de règne, les bêtises continuent à se multiplier.
La dernière en date?
Une Libanaise mariée à un Français victime de
la propagande invitant les Libanais à rentrer, a cru les promesses
mirobolantes que les différents dirigeants qui se sont rendus à
Paris leur ont faites et ont demandé aux Libanais de retourner au
bercail.
Ce qu’elle a fait l’an dernier. Il s’agit de Madame Daniele Georges.
Cela allait tant bien que mal, jusqu’à récemment. Son fils
atteint ses quinze ans. Elle se rend au ministère concerné
pour lui renouveler sa résidence. Car quoique mineur et de mère
libanaise, il n’a pas le droit de vivre au Liban sans cette résidence.
Quelle ne fut la surprise de Mme Georges de se voir demander 250.000 L.L.
pour un étudiant du secondaire. Elle obtempère sans rechigner.
Quelques jours plus tard, elle se rend audit ministère pour retirer
la carte de séjour de son fils. On lui demande 250.000 L.L. Elle
répond qu’elle a déjà payé et montre le reçu.
L’employé jette un air négligent sur le reçu exhibé
et lui dit d’un ton ennuyé: Cela d’accord, mais il y a 250.000 L.L.
d’amende, car vous avez présenté la demande en retard de
15 jours. Elle s’étonne et rétorque: “100 pour cent d’amende
pour un si petit retard...?” Et l’employé majestueux de rétorquer:
pour un jour ou pour un mois, l’amende est la même. C’est à
prendre ou à laisser.
Puis, d’un petit air malin, il a de la culture ce monsieur, il ajoute:
“Nul n’est censé ignorer la loi...”
Elle envisage, sérieusement, de mettre une croix sur le Liban
et de regagner un pays plus humain.
LES MINISTRES À L’ÉCOLE
Géniale, réaliste, pragmatique la décision du
roi Hassan II d’envoyer six de ses ministres apprendre l’anglais.
Ces membres du gouvernement prendront pendant vingt-deux semaines des
cours au British Council, dans le cadre du programme de coopération
entre la Grande-Bretagne et le Maroc, a annoncé le porte-parole
de l’ambassade de Sa Gracieuse Majesté à Rabat. L’identité
des six “élèves-ministres” n’a pas été divulguée.
Nommé par le roi Hassan II en mars, le gouvernement du Premier ministre
socialiste, Abdelrahmane El-Youssoufi compte 40 ministres, pour la grande
majorité issus des universités françaises.
Si l’on juge par les performances linguistiques de nos ministres, un
certain nombre devrait assister aux cours de français du CCF, d’autres
à ceux du British Council et la plupart d’entre eux aux deux cours.
Cela élargira, peut-être, leur vision des choses et contribuera
au développement d’un certain humanisme, qui les sort de la culture
du béton armé, des autoroutes et du pétrole.