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I- OCALAN APRES
AVOIR RENONCE AU TERRORISME
II- LA POSITION DE CLINTON ET LES AFFAIRES ARABES DIFFICILES Le problème kurde a besoin d’une solution à tous ses fronts. Le cas d’Abdallah Ocalan, leader du parti des travailleurs du Kur-distan (PKK), mainte-nu sous surveillance à l’hôpital de Palestrina près de Rome, sur ordre des autorités italiennes, ne cesse de provoquer des embarras et des susceptibilités politiques énormes. Alors que certains le considèrent comme un héros et tel est le point de vue du peuple kurde, les autorités turques le voient en tant que criminel sanguinaire. La position de la Turquie gêne Rome. Le gardera-t-elle sous garde-à-vue ou bien le livrera-t-elle à Ankara qui lui fait assumer la responsabilité de la mort de trente mille personnes depuis 1984? Tout en sachant que la loi sur la peine capitale est gelée en Turquie depuis quatorze ans, les autorités italiennes savent que cette loi n’a pas été abrogée et une exception pourrait être faite en ce qui concerne Ocalan, pour que la Turquie se débarrasse du plus dangereux de ses adversaires. Rome ignore s’il lui est plus sain pour ses relations de l’extrader ou de lui accorder l’asile politique, en attendant de parvenir à un règlement politique paisible, à propos du problème turco-kurde, dans le cadre du respect des droits de l’homme. Etant donné que l’Amérique appuie le point de vue turc, au point d’intervenir auprès de l’Italie pour qu’elle le livre aux autorités d’Ankara, les Etats-Unis n’estiment pas qu’il existe un problème kurde en Turquie, mais plutôt un problème de terrorisme. Les causes de la conception que la Turquie se fait de ce sujet sont connues: ayant dirigé pendant vingt ans, d’une main de fer, le parti des travailleurs du Kurdistan, Ocalan ne s’est pas contenté d’asséner des coups durs à l’armée et à l’économie turques. De plus, il n’a jamais caché son ambition de créer le “Grand Kurdistan”. Cela signifie par rapport à la Turquie, la dislocation de son entité et de son unité. Cependant, les conditions posées par les Turcs auraient pu être plus acceptables, s’ils avaient adopté une position plus ouverte au cours des dernières années, envers les aspirations du peuple kurde dont la moitié vit en Turquie, celle-ci ayant été impuissante d’entreprendre une initiative compréhensive, quatre-vingts ans après le génocide arménien. Ajoutez à cela l’ingérence et le raidissement dans l’affaire de Chypre. Tout cela n’agit pas dans l’intérêt d’Ankara. Le nouveau ministre allemand des Affaires étrangères, Joshka Fischer, pense que l’affaire d’Ocalan offre une occasion favorable au règlement politique du problème kurde. D’autant que les déclarations tempérées faites par le leader du PKK, affirmant qu’il a renoncé au terrorisme, peuvent assouplir les positions dans ce sens. Toutes les initiatives et tous les comportements affirment qu’il existe à Tel-Aviv des parties voulant torpiller la paix. Et que la violence exige le renforcement des efforts et la protection du processus de paix. “Les explosions et les actes des fedayine justifient ce qui est entrepris pour faire face à cette vague de criminalité”, dit le porte-parole de Benjamin Netanyahu. Alors que les durs proposent qu’Israël prenne prétexte des actes de violence palestiniens, pour proclamer son retrait des négociations. Dans ce contexte, le président Bill Clinton s’active aux fins d’éliminer les difficultés auxquelles il se trouve en butte, tout en continuant à śuvrer contre “la violence pratiquée par les ennemis de la paix”. Puis, il condamne le terrorisme, considérant qu’il se doit de convaincre les deux parties de l’utilité de la paix et de ses résultats positifs. Tous savent qu’un président américain dispose, spontanément, de moyens de persuasion efficaces pour les convaincre de persévérer dans l’entente. Malheureusement, le président Clinton vit une situation exceptionnelle: sa position intérieure suscite le doute, à tort ou à raison, et c’est ce qui aggrave les problèmes et les rend plus complexes. |