CONSULTATIONS PARLEMENTAIRES "IMPERATIVES" EN COURS
BAABDA SERAIT EN FAVEUR D'UN CABINET RESTREINT DE SEIZE MEMBRES 
Après la passation des pouvoirs au palais de Baabda entre le président sortant et son successeur, le président Emile Lahoud a mis en application sa décision de s’en tenir à la       Constitution et à la loi. Et ce, en diffusant un premier communiqué annonçant que “le gouvernement est considéré comme démissionnaire, en vertu de l’article 69 de la loi fondamentale” et qu’il avait demandé au Cabinet d’expédier les affaires courantes, en attendant la formation de la nouvelle équipe ministérielle.

En agissant de la sorte, le chef de l’Etat s’est conformé à l’un des points de son discours-programme qu’il a prononcé devant l’Assemblée au cours de la cérémonie d’investiture.
Ce discours s’est distingué par la clarté et une vision nette                    de la façon, dont le président Lahoud conçoit la réforme          politique et administrative. De plus, il s’est distingué par le souci du Premier Libanais de se classer au même niveau que le citoyen, en disant qu’il se placera au-dessous de la loi, comme le veut le législateur, “cette loi, dit-il, dont nous tirons notre force.” Et d’ajouter: “Pas d’avenir au peuple de ce pays, gouvernants et administrés, en dehors de l’Etat de droit et des institutions, à l’ombre d’un système parlementaire et démocratique.”

SECURITE ET LIBERTES PUBLIQUES
Le président Lahoud a mis l’accent, d’autre part, sur la nécessité d’assurer la sécurité et de sauvegarder les libertés publiques, celles-ci étant garanties par la stricte application des lois et règlements en vigueur envers et contre tous, ces derniers servant l’intérêt du citoyen et de la patrie.
Ceux qui ont assisté à la séance parlementaire de mardi, au cours de laquelle le président de la République a prêté le serment constitutionnel, ont constaté que le chef du gouvernement était contrarié par les points  qu’a développés le chef de l’Etat, notamment ceux en rapport avec la situation économico-financière, spécialement le passage où il a dit que “les gens ont le droit de savoir comment s’est amoncelée la dette publique et de réclamer une politique fiscale équitable et équilibrée, le citoyen dans le besoin ne devant pas supporter le fardeau du nanti.”
Et aussi, “de voir comment sera tranchée la main du voleur, du profiteur et du corrompu, quels qu’ils soient.”
Cependant, en dépit de son désappointement, le président Hariri a qualifié le discours présidentiel “d’excellent, traduisant les souhaits des citoyens et leurs aspirations, d’autant qu’il définit les grandes lignes du changement que tout le monde attend avec impatience.”
M. Hariri devait, par la suite, faire distribuer par son bureau médiatique, le texte d’une déclaration où il souligne qu’il avait préconisé, auparavant, les grands titres consignés dans le discours présidentiel.
“C’est, a-t-il ajouté, un discours populaire et étudié, par lequel le chef de l’Etat s’est adressé aux gens: c’est pourquoi, il est allé droit à leur cœur, d’autant qu’il a émis une série de titres et de slogans que tout un chacun approuve. Je crois qu’il ne sera pas difficile de les concrétiser, surtout que le président Lahoud a parlé avec objectivité et réalisme, en précisant qu’il ne disposait pas d’une baguette magique.”
Toujours est-il, que le com-muniqué du palais de Baabda ayant annoncé que le gou-vernement était démission-naire, comme le veut la Cons-titution, n’a pas manqué de gêner le président du Conseil qui se promettait de se rendre auprès du chef de l’Etat mer-credi, afin de lui remettre la démission de son Cabinet.

CONSULTATIONS PARLEMENTAIRES
Quoi qu’il en soit, le pré-sident Lahoud a entamé ses consultations parlementaires jeudi, en vue de désigner le nouveau Premier ministre, étant entendu que M. Hariri sera chargé de former le pre-mier gouvernement du nou-veau régime.
Cela dit, il y a lieu de signaler que les “Hraouistes” se sont formalisés du fait que le discours d’investiture a totalement ignoré le régime précédent, en s’abs-tenant d’évoquer ses réalisations et, surtout, en ne s’engageant pas à parachever les projets en cours d’exécution.
Le Général-Président a, au contraire, fait état du gaspillage et de la dilapidation des deniers publics d’une manière arbitraire.
Fait à signaler: dans son message adressé à la nation, la veille de la fête de l’indépendance, M. Hraoui avait appelé les citoyens “à se regrouper autour de son successeur et à le soutenir.”
Bien plus, comme dans son ordre du jour adressé à la troupe au cours de la même occasion, le général Lahoud a réaffirmé sa détermination à maintenir l’Armée à l’abri de la politique et d’empêcher les politiciens de s’y immiscer, tout en s’engageant à réformer l’Administration et, aussi, à réactiver la vie politique, en répétant qu’en passant du commandement de l’armée à la direction politique, il ne fait que changer de responsabilités.
Par ailleurs, le président Lahoud a insisté sur le principe de l’équilibre basé sur la compétence, non sur l’esprit confessionnel, sectaire ou clientéliste.

VERS UN CABINET RESTREINT
En ce qui concerne la forme du nouveau Cabinet et le nombre de ses membres, on se perd en conjectures, l’unique indice à ce sujet ayant été fourni par le président Nabih Berri.
En effet, le chef du Législatif a laissé entendre que le chef de l’Etat penche en faveur d’un gouver-nement restreint de seize mi-nistres, le préférant à une équipe élargie.
Il y a lieu d’observer, à ce propos, que M. Hariri sent qu’il n’aura plus les mains libres dans le choix des membres du Cabinet, comme lors de la constitution de ses gouvernements successifs, car il devra s’en tenir aux critères définis par le président Lahoud, à savoir: la compétence et l’honorabilité dans le choix de ses collaborateurs.
De fait, ces derniers devront faire allégeance à l’Etat et non à quelque leader politique ou même au président du Conseil.
Par ailleurs, les milieux politiques s’interrogent sur le timing choisi par M. Najah Wakim, député de Beyrouth et adversaire acharné de M. Hariri, pour décrocher ses flèches empoisonnées au chef du gouvernement, après l’avoir pris violemment à partie avec ses ministres dans son livre “Les mains noires”, accusant ceux-ci d’abus de pouvoir et de trafic d’influence.
Il semble que la coterie de M. Hariri procède à l’achat de cet ouvrage en vente dans les librairies, afin d’empêcher sa diffusion, étant donné que non moins de huit mille exemplaires en ont été vendus.
Le moment choisi par M. Wakim pour déclencher sa cabale est interprété comme une tentative d’affaiblir la position de M. Hariri, afin qu’il ne puisse plus poser des conditions lors de la mise sur pied du nouveau gouvernement.

NADIM EL-HACHEM

Home
Home