AUTOSTRADE DU SOLEIL... ET DE LA MORT
Les Libanais la connaissent sous le nom “d’autostrade de la mort”.
Les particuliers l’empruntent à leur corps défendant, les
chauffeurs de taxis font la moue et préfèrent d’autres destinations,
les familles tremblent quand un des leurs est obligé de l’utiliser:
c’est la fameuse autoroute Beyrouth-Jounieh.
On peut dire, sans exagérer, que pas un mois ne passe, sans
qu’elle fauche ses victimes. On les compte au pluriel.
Depuis le temps que l’on réclame des policiers munis de radar
pour détecter les voitures roulant à une allure folle, rien
n’a été fait.
Après la mort de plusieurs jeunes gens cet été,
cette autoroute a fauché, lundi 23 novembre dans la fleur de l’âge,
plusieurs jeunes femmes, dont Catalina Prince, le top model, qui a “vécu
ce que vivent les roses...”
Il n’est nullement dans notre intention de faire le procès de
personne. A l’heure où nous écrivons ces lignes, la nouvelle
vient juste de nous parvenir. On connaît tout juste l’identité
des victimes.
Ces motards qui dégagent les routes pour toutes sortes de dirigeants,
ne feraient-ils pas mieux d’être affectés à cette grande
faucheuse, pour le contrôle des vitesses!
A l’aube de ce nouveau régime, n’est-il pas temps de donner
la priorité aux humains sur la pierre?
***
ADIEU AU GÉNÉRAL VIVE LE PRÉSIDENT!
Le président de Gaulle est resté toute sa vie “Le Général”.
Mais qu’importe le titre, c’est l’homme qui compte.
Il a suffi d’un geste, d’un tout petit geste pour que les Libanais,
même les plus anti-militaires, soient conquis. Le président
Lahoud s’est déplacé “normalement” sans motards, sans mugissements
de sirènes, sans escortes hurlantes, sans déranger les Libanais.
Ce petit et grand geste, paradoxalement, indique tout un style, est
significatif. C’est un “homme” qui vit avec des hommes.
Finis les parades, les étalages, l’ostentation, les grimaces,
les embarras de ceux qui sont au pouvoir.
Du panache, certes, il en faut! Mais quand c’est nécessaire!
Le protocole au Liban a bien été malmené ces dernières
années. Les diplomates - discrètement - en riaient.
Tel ministre “convoquait” les ambassadeurs qui représentent
des chefs d’Etat et dont le style rappelle le “By royal Command”... Tel
autre, affalé dans son fauteuil avec les jambes croisées
et les semelles de ses godasses face à ses visiteurs, tout gonflé
de sa personne comme la grenouille de La Fontaine, ou tel autre qui s’imaginait
avoir la préséance sur les ambassadeurs, etc... Que de bévues,
de sottises, de suffisance dignes d’un village au petit clocher ont ponctué
la vie quotidienne ces dernières années!
Le Liban vivait à l’heure de vaudeville permanent qui transformait
la vie d’un simple citoyen en tragi-comédie permanente!
Tournons la page...
Il est beau de croire à la Lumière.
***
UN LIBAN “GRANDIOSE”
Selon le grand poète et écrivain Saïd Akl, la destinée
du Liban est d’être “grandiose”. Un Liban qui ne l’est pas, ne peut
survivre.
Grandiose dans sa vision et dans ses réalisations politico-sociales-culturelles
et économiques.
Saïd Akl n’est pas un utopiste.
D’ailleurs, de Gaulle ne disait-il pas que “la politique la plus coûteuse,
la plus ruineuse (pour un Etat) c’est d’être petit”?
Or, le législateur, le gouvernant s’est montré et se
montre mesquin à l’égard des retraités.
Les retraités ont côtisé durant toute leur vie
de travail. Ils ne sont pas en train de quêter ou de mendier. Cet
argent leur est dû, absolument et intégralement.
L’échelle des salaires étalée sur plusieurs années
est une aberration. Il n’aurait pas fallu l’accepter. Les législateurs
qui l’ont concoctée et ceux qui l’ont approuvée sont de grands
tricheurs.
Le nouveau régime devrait la corriger. Les retraités
et leurs familles ont des besoins équivalant à ceux qui travaillent.
On ne voit pas par quel miracle, ils devraient survivre avec des pensions
mensuelles de 300/500/700 dollars? Et qui sont souvent payés en
retard!
L’Etat n’est pas là seulement pour imposer des devoirs aux citoyens.
L’Etat a, lui-même, des devoirs à leur égard. Il faut
oublier cette conception ottomane des gouvernants. Ce ne sont pas les citoyens
qui sont à leur service, mais bien eux qui sont au service des citoyens!
***
13 ANS C’EST TROP JEUNE!
Les conventions internationales concernant le “droit du travail” fixent
à 15 ans, au minimum, l’accès au travail des enfants.
La plupart des législations occidentales le fixent à
16 ans révolus et le font coïncider avec la fin du cycle de
l’enseignement obligatoire et gratuit.
Au Liban, on tourne dans un cercle vicieux... Ne pouvant scolariser
les enfants obligatoirement (la loi ne le prévoit pas), on les autorise
à travailler à l’âge de 13 ans.
13 ans, c’est trop jeune...
On pavoise au Liban, on clame que l’on a procédé à
des réformes extraordinaires dans ce domaine... parce qu’avant 1996,
on pouvait faire travailler les enfants dès l’âge de 8 ans.
A partir de 1996, l’âge a été relevé jusqu’à
13 ans. Du “crime” proprement dit, on est passé à “un moindre
crime”... Mais il reste beaucoup à faire.
Il faudrait instaurer le régime du travail des enfants à
partir de 15 ans, au minimum. Cela est prévu dans les Conventions
internationales ratifiées par le Liban, donc ayant priorité
sur la loi libanaise et devant être appliquées en cas de désaccord
avec les textes libanais.
L’objectif immédiat et final devrait être d’interdire
le travail des enfants, la législature libanaise étant dans
ce domaine bien loin d’être à l’avant-garde des législations
arabes et elle est bien en-deçà des normes des conventions
arabes.
L’horaire de sept heures de travail par jour pour les enfants a été
maintenu - il n’est même pas respecté - alors que la majorité
des législations arabes le fixent à six heures par jour.
Le salaire des enfants n’est pas protégé. On leur donne
ce que l’on veut, car au Liban, le salaire minimum n’est applicable qu’à
partir de l’âge de 20 ans. Ce qui est absurde et donne lieu à
l’exploitation des enfants en-deçà de cet âge.
L’argument avancé - ubuesque - de faire travailler les enfants
pour des raisons économiques, doit être rejeté. Un
pays qui a des difficultés économiques, n’envoie pas ses
enfants dans les garages pour régler la situation.
D’ailleurs, le travail des enfants ne fait qu’engendrer un plus grand
chômage d’adultes, puisqu’il est à moindre prix...
On pourrait continuer longtemps sur ce thème.
L’important pour le nouveau régime est de modifier les textes
relatifs à l’emploi, veiller à leur stricte application et
à prévoir des sanctions sévères à l’encontre
des contrevenants.
Il faut, aussi, prévoir des travailleurs sociaux chargés
de contrôler le travail des employés de maisons.
Ainsi, il n’y aurait plus de cas “Fatmé”...
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