LA DÉCLARATION UNIVERSELLE DES DROITS DE L’HOMME, CINQUANTE ANS PLUS TARD CÉRÉMONIES DU CINQUANTENAIRE EN FRANCE

Tournant majeur dans l’Histoire de l’humanité: la Déclaration universelle des droits de l’homme a été votée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 10 décembre 1948 au Palais de Chaillot à Paris. 48 des 58 pays membres de l’ONU adoptaient alors les 30 articles de cette Déclaration (traduite en 250 langues), résultat d’un travail laborieux engagé depuis Lake Success près de New York , du 27 janvier au 10 février 1947. Et c’est avec fierté et émotion que l’un de ses auteurs, Eleanor Roosevelt annonçait “une nouvelle table de la loi pour tous les hommes du monde”.
 

“Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir dans un esprit de fraternité”, annonçait l’article premier de cette Déclaration. “Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamées dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment, de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation”, précisait l’article 2.
L’article 18 reconnaissait à “toute personne humaine (le) droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion” et l’article 19, le “droit à la liberté d’opinion et d’expression” étant entendu que “nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé” (article 9) et que “nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants” (article 5).
 

Photo d’archives datant du 10 décembre 1948, représentant le vote au Palais de Chaillot par l’Assemblée générale des Nations Unies de la Déclaration universelle des droits de l’homme.  

Une vue extérieure du Palais de Chaillot, le 10 décembre 1948.  

 

   

 
Le président Chirac donnant le coup
d’envoi des cérémonies du cinquantenaire.

 DES PRINCIPES BAFOUÉS MAIS QUI FONT AUTORITÉ
Toutes sortes de guerres sont passées depuis cette date. D’autres sont en cours. Des génocides ont endeuillé l’humanité. Et l’homme continue à tuer, torturer, emprisonner, persécuter l’homme. Dans son discours à l’Unesco inaugurant les cérémonies commémoratives qui ont revêtu en France un éclat exceptionnel, le président Jacques Chirac a reconnu que “les principes proclamés par la Déclaration universelle des droits de l’homme sont encore bafoués. On torture dans un Etat sur deux. La liberté d’expression est violée. Des minorités sont persécutées”. Mais, a-t-il ajouté, des progrès sont enregistrés envers “les devoirs de mémoire et de réparation des victimes” que permettra la création de la Cour criminelle internationale (décidée en juillet dernier à Rome). Et l’on pourra aspirer à “un nouvel ordre juridique mondial où personne, pas même les chefs d’Etat, ne sera à l’abri de poursuites en cas de crimes contre l’humanité.”
Cependant, plutôt que de condamner, il faut tenir compte de la “diversité des cultures”, a ajouté le chef de l’Etat français. “Nous ne réussirons ni par la contrainte, ni en nous érigeant en donneurs de leçons. La condamnation est nécessaire. Mais c’est aussi par le dialogue, fut-il critique, la coopération et l’assistance technique que nous progresserons.”
 
 

En marge de la cérémonie inaugurale, Federico Mayor, directeur général de l’Unesco, avec le président Chirac et Mary Robinson, haut commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.  


Chirac saluant le Dalaï Lama.  


Le prix Nobel Elie Wiesel saluant un autre prix
Nobel de la paix, le Dalaï Lama lors de la cérémonie inaugurale.  


Mary Robinson, haut commissaire des Nations Unies aux Droits de l’homme, prononçant son discours.

  UN MILLIER DE PERSONNALITÉS RÉUNIES À PARIS
C’est un concerto pour deux violons de Bach exécuté sous la direction de Yehudi Menuhin, qui a donné le coup d’envoi des cérémonies commémoratives de ce cinquantenaire auquel ont été conviées un millier de personnalités, venues du monde entier permettant à la France de renouer avec ses traditions d’hospitalité et de grandeur, en association avec les pouvoirs publics et les nombreuses organisations non gouvernementales.
Lionel Jospin qui a voulu accorder à l’événement une dimension exceptionnelle, avait confié à Robert Badinter une mission interministérielle pour l’organisation des manifestations du cinquantenaire. Parallèlement aux travaux de cette mission, les ONG réunissant Amnesty International, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), France-Libertés et ATD-Quart Monde, se lançaient dans une série de travaux en vue des états généraux convoqués pour les 8 et 9 décembre au Palais de Chaillot.
Tous les palais de la République ont ouvert leurs portes pour accueillir les différentes manifestations. L’un des temps forts est le déjeuner offert par le président de la République à l’Elysée en l’honneur d’une dizaine de prix Nobel pour la paix dont le Dalaï Lama, chef spirituel des Tibétains, en exil depuis 1951. Dans un premier temps, l’invitation, à titre privé de ce dernier, avait suscité une vive polémique.
L’événement majeur des célébrations était sans contexte celui du 10 décembre, date anniversaire de la naissance de la Déclaration ayant permis au millier d’invités réunis au Palais de Chaillot d’acclamer, en liaison satellite, le vote par l’Assemblée générale des Nations Unies réunie au Palais de verre à New York, d’un texte, résultat de 13 ans de négociations, “engageant les Etats à respecter le combat que mènent les militants des droits de l’homme”. En même temps, était rendu hommage à Eleanor Roosevelt et René Cassin pour leur participation efficace à l’élaboration de la Déclaration (à laquelle avait si activement collaboré le Libanais Charles Malek).
Autre sujet de fierté, l’adoption auparavant par la 53ème Assemblée générale des Nations Unies de la “déclaration sur le génome humain et les droits de l’homme”, fruit des travaux du comité international de bioéthique présidé par Noëlle Lenoir et qui proclame: “Chaque individu a droit au respect de sa dignité et de ses droits, quelles que soient ses caractéristiques génétiques.”
Il restera enfin, par-delà la fête, le sentiment que le monde, en dépit de ses errances, est voué au respect de l’homme, valeur centrale de l’univers.
 
 

Contrôle de l'application des droits de l'Homme


Répression des défenseurs des D.D.H. de par le monde

 

LES PAYS QUI ONT VOTÉ LA DÉCLARATION UNIVERSELLE DES DROITS DE L’HOMME 10 DÉCEMBRE 1948
48 pays ont voté la Déclaration universelle des droits de l’homme: Afghanistan, Argentine, Australie, Belgique, Birmanie, Bolivie, Brésil, Canada, Chili, Chine, Colombie, Costa-Rica, Cuba, Danemark, République Dominicaine, Equateur, Egypte, Salvador, Ethiopie, France, Grèce, Guatemala, Haïti, Islande, Inde, Irak, Iran, Liban, Liberia, Luxembourg, Mexique, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Nicaragua, Norvège, Pakistan, Panama, Paraguay, Pérou, Philippines, Siam, Suède, Syrie, Turquie, Royaume-Uni, Etats-Unis d’Amérique, Uruguay, Venezuela.
Huit pays se sont abstenus: la Biélorussie, la Tchécoslovaquie, la Pologne, l’Arabie séoudite, l’Ukraine, l’Union sud-africaine, l’URSS et la Yougoslavie.

LES AUTEURS DU TEXTE
Parmi ceux qui ont participé à la rédaction du texte: Eleanor Roosevelt (Etats-Unis), René Cassin (France), Peng-chun Chang (Chine), Charles Malek (Liban), Fernand Dehousse (Belgique), Hernan Santa Cruz (Chili), John P. Humphrey (Canada), Henri Laugier (France) et Emile Giraud (France).


Home
Home