Les
Libanais pensaient que l’institution de l’Etat de droit était une
opération aussi difficile à réaliser que la quadrature
du cercle. Le Général-Président a ranimé leur
espoir, en prouvant, dès la prise en charge de ses fonctions, que
le changement est possible et qu’il suffisait de le vouloir pour le réaliser:
le premier Conseil des ministres (notre photo) a donné le ton de
l’action étatique, placée sous le signe de la transparence.
Commentant
la formation des Cabinets sous le mandat du président Béchara
el-Khoury, alors que les ministres se succédaient à eux-mêmes,
on prenait les mêmes têtes et on recommençait - le regretté
Georges Naccache tournait en ridicule les équipes gouvernementales
des années quarante et cinquante: il surnommait leurs membres les
“reconstructeurs”...
“Pour réparer les dégâts causés par X, Y
et Z, écrivait-il, c’est aux mêmes X, Y et Z que la république
a fait de nouveau appel. La question est de savoir si, étant donné
la carte politique du Liban, il est possible d’introduire dans les sérails
d’autres méthodes de gouvernement et d’administration”...
En passant en revue les Cabinets constitués au cours des neuf
dernières années, spécialement les trois équipes
haririennes, les réflexions de notre regretté grand confrère
nous revenaient souvent à l’esprit.
Subitement, quelque chose a changé dans la République,
dès l’accès du Général-Président à
la magistrature suprême.
En effet, la mise sur pied du premier gouvernement du nouveau régime,
fait émerger à la surface deux faits qui sont autant de chances
et de raisons d’espoir.
Premier fait: L’Etat n’est plus hypothéqué par trois
ou quatre douzaines de personnages qui se croyaient inamovibles -
on utilisait, généralement, le mot “constantes” - et
sortis de la cuisse de Jupiter, dont le moindre déplacement s’effectuait
sous escorte tonitruante...
L’Etat a été restitué, enfin, à l’ensemble
des citoyens qui vivent sur le territoire national et gagnent leur pain
à la sueur de leur front.
Second fait: La question que tout Libanais se posait sans cesse, a
trouvé une réponse: Est-il possible de changer quoi que ce
soit dans la République, transformée en chasse gardée
par une poignée de profiteurs?
La réponse vient d’être donnée et elle est persuasive.
Après la formidable levée d’hypothèque, la patrie
ayant été rendue à ses fils, le nouveau régime
prouve qu’il est fort possible de remplacer les “inamovibles” et les “constantes”
par les représentants des élites de notre peuple, seules
capables de transformer les destinées de la patrie...
... Parce que, contraire-ment, à leurs prédécesseurs,
ils ne réclament rien pour eux-mêmes, ne songent qu’à
servir le citoyen et à être un “modèle et un exemple”
d’intégrité, à l’instar du nouveau locataire de Baabda.
L’accueil enthousiaste réservé au premier Cabinet du
nouveau sexennat, témoigne de la confiance qu’inspirent ses membres.
Si l’on excepte l’unique fausse note émanant d’une des “constantes”
écartées du pouvoir, pour continuer à jouer sur plusieurs
cordes à la fois...
Conclusion pratique: le changement est réalisable et a déjà
commencé. Il importe, à présent, de le réussir. |