CLARTÉ LIBANAISE ET PERPLEXITÉ
ISRAÉLIENNE
A la question: - Comment évaluez-vous la position libanaise
à travers les menaces israéliennes de s’attaquer à
nos infrastructures, chaque fois qu’un soldat de “Tsahal” est tué
au Liban-Sud?”, M. Abdel-Majid répond: “La position du Liban
est autant ferme et claire que celle d’Israël est perplexe. Cela est
dû au fait pour les Israéliens d’interpréter la résolution
425 selon leur intérêt, alors qu’elle exige un retrait immédiat
et inconditionnel.
“Puis, la position libanaise traduit la solidarité de votre
peuple avec la Résistance nationale, dont l’objectif est on ne peut
plus clair: libérer le territoire.”
- Que pensez-vous du refus d’Israël d’évacuer le Liban-Sud
et la Békaa ouest?
“L’Etat hébreu veut obtenir, à tout prix, des arrangements
de sécurité en contrepartie de son retrait, alors que son
opinion publique réclame, quo-tidiennement, le rapatriement des
effectifs de “Tsahal”, en raison des pertes en vies humaines et en matériel
qu’ils subissent.
“Il va sans dire que l’arrogance israélienne se retournera,
en définitive, contre les extrémistes, pour la simple raison
que la Résistance a parfaitement le droit d’attaquer l’ennemi sur
le territoire national. Les sacrifices que consentent ses combattants seront
inscrits en lettres d’or dans le livre de l’Histoire.
“D’ailleurs, le sort de tout occupant est connu: il devra, tôt
ou tard, évacuer le territoire qu’il a spolié.”
SITUATION INQUIÉTANTE AU SUD
- Comment jugez-vous la situation au Liban-Sud et dans la Békaa
ouest?
“Elle est grave et suscite l’inquiétude. Israël doit appliquer
inconditionnelle-ment, la résolution 425 du Conseil de Sécurité,
ainsi que l’exigent toutes les instances internationales. La Ligue arabe
appuie la position libanaise sans aucune réserve, celle-ci constituant
en elle-même une victoire pour le Liban et un revers pour Israël.”
- Le processus de paix est-il bloqué d’une manière
définitive sur les volets libanais et syrien?
“Les négociations de paix sont bloquées, naturellement,
sur ces deux volets jusqu’à preuve du contraire. Ceci pourrait durer
longtemps à cause de la position de l’Etat hébreu qui rejette
le principe de la terre contre la paix, tel que défini à
la conférence de Madrid.
“Israël manœuvre et invoque des raisons sécuritaires pour
n’avoir pas à respecter les accords conclus par Yitzhak Rabin. Pour
cela, Netanyahu tergiverse, afin de n’avoir pas à appliquer l’accord
de Wye Plantation, parce qu’il va à l’encontre de celui d’Oslo,
comme si l’OLP voulait un Etat palestinien à tout prix. Ceci la
concerne, mais n’est nullement encourageant pour la reprise des négociations
sur les volets libanais et syrien.”
- Faut-il appréhender de nouvelles guerres dans la région?
“La région ne supporte pas de nouvelles guerres. Je ne crois
pas que la situation intérieure de l’Etat hébreu lui permette
de déclencher une opération d’envergure contre qui que ce
soit, la conjoncture régionale étant différente de
ce qu’elle était dans les années 70 et 80.
“Tous les pays de la région veulent une paix juste et globale,
sur base des principes de Madrid. Quant aux menaces d’Israël, suite
à la persistance de l’état de tension permanente dans la
zone frontalière, elles se concrétiseront, tout au plus,
à travers des opérations limitées, car l’opinion internationale
réalise maintenant que le Liban a le droit de libérer son
territoire. Même les Etats-Unis admettent, à présent,
que la résistance à l’occupant est un droit légal,
bien qu’ils ne le proclament pas officiellement.
“Au cours de sa récente visite au Liban-Sud, M. David Satterfield,
ambassadeur US, n’a-t-il pas déclaré: “Nous n’assimilons
pas la résistance au terrorisme?
“C’est une reconnaissance franche de la légalité de la
lutte contre l’occupation. D’ailleurs, l’accord du 26 avril 1996 l’admet
et interdit les agressions contre les populations civiles de part et d’autre
de la frontière.”