DANS LE “COLLIMATEUR ÉLECTORAL” D’ISRAËL: LE SUD ET LA BÉKAA-OUEST
“TSAHAL” MENACE D’ATTAQUER NOS INFRASTRUCTURES ÉCONOMIQUES VITALES

En l’espace de dix jours, les chasseurs-bombar-diers israéliens ont lancé leurs missiles, à deux reprises, sur la région de la Békaa, faisant des tués et des blessés, créant un vif climat de tension lourd de consé-quences imprévisibles.
 
 
 
Un médecin examinant une blessée
transportée d’urgence à l’hôpital.
 
 
Le raid du 22 décembre 1998 sur le village de Janta dans la région de Baalbeck à cinq kilomètres de la frontière libano- syrienne, avait fait sept tués: une femme et ses six enfants. Un véritable massacre. Pour se disculper, l’Etat hébreu s’est excusé et a parlé “d’erreur regrettable”, mais le spectacle des corps déchiquetés était insoutenable et a soulevé une vague d’indignation et une condamnation unanimes.
La riposte ne s’est pas fait attendre. Moins de 24 heures après l’attaque, le “Hezbollah” lançait des salves de katiouchas en signe de représailles sur le Nord d’Israël, faisant treize blessés et des dégâts matériels à Kyriat Shmona, une des localités les plus durement touchées.
Avec l’année nouvelle, Israël a récidivé. Le dimanche 3 janvier 1999, “Tsahal” est revenu à la charge: l’aviation ennemie a effectué deux raids toujours contre Janta, faisant neuf blessés: huit civils et un soldat syrien.
Les chasseurs-bombardiers israéliens ont pris pour cible, cette fois, une antenne de la radio du “Hezbollah” (au village de Nahlé près de Janta), qui a été sérieusement endommagée.

LA TENSION PERSISTE DANS LA BÉKAA ET AU SUD
Ce nouveau climat de tension qui plane sur la Békaa et le Liban-Sud, suite aux raids israéliens et à la riposte du “Hezbollah”, suscite une vive inquiétude dans le pays. Une des raisons de cette crainte provient du fait qu’Israël est, désormais, en pleine campagne électorale et le Liban risque fort d’être l’un des enjeux de cette campagne et d’en payer les frais.
D’autant que, depuis quelques mois, une vive polémique est engagée en Israël autour de l’opportunité d’un retrait unilatéral de Tsahal du Liban. Les avis sont très partagés, mais le débat n’est tranché pour autant; il peut même s’envenimer davantage pour des considérations électorales.
Sur un autre plan, les menaces du Premier ministre israélien sont un sérieux motif d’inquiétude pour le Liban .
Suite aux tirs de katiouchas sur le Nord d’Israël, Benjamin Netanyahu a lancé de graves menaces: “Nous ne tolérerons pas ces tirs de roquettes et riposterons par des attaques contre des objectifs à l’intérieur du Liban”, faisant allusion, indirectement, à des attaques contre des infrastructures économiques vitales. D’ailleurs, le ministre israélien de la Sécurité, Avigdor Kahalani avait, ouvertement, demandé (en réponse aux katiouchas du “Hezbollah”), qu’on bombarde les centrales électriques qui alimentent Beyrouth.

ASSURANCES INTERNATIONALES
La crainte d’une dangereuse escalade existe donc sérieusement; pour cela, le gouvernement libanais a, dès le premier raid sur Janta, entrepris des contacts au plus haut niveau international pour conjurer d’éventuelles repré-sailles lesquelles pourraient entraîner la région dans un conflit généralisé.
Paris et Washington ont réagi très vite à la demande libanaise. M. Hubert Vedrine, ministre français des A.E.,  a sur-le-champ demandé au président du comité de surveillance issu des arran-gements d’avril, d’interrompre ses vacances de fin d’année et de regagner son poste à Nicosie, afin de convoquer ce comité. Quant à l’Amérique, elle a transmis au Premier ministre libanais par la voix de son chargé d’Affaires à Beyrouth, M. David Hole, des assurances: l’Etat hébreu continuera à se conformer aux arrangements d’avril 1996. Cet accord limite les opérations militaires aux combattants des deux bords et interdit d’attaquer des objectifs civils.
Suite au second raid sur Janta, M. Hoss est entré en contact avec les représentants des cinq grandes puissances membres permanents du Conseil de Sécurité et transmis un message à M. Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU, afin d’informer la communauté internationale de la situation dans le pays et de lui demander “d’assumer ses responsabilités”.
Il est certain que la situation au Liban est une responsabilité internationale et on souhaiterait tant que les grandes nations assument pleinement cette tâche, afin d’aider le pays des Cèdres à retrouver sa pleine indépendance et souveraineté. Le nouveau régime mérite bien qu’on lui apporte ce soutien extérieur, afin qu’il puisse mener à bon terme les réformes intérieures nécessaires à la stabilité et à l’équilibre national qu’il s’est fixé comme objectif prioritaire.

N.H.


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