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APRÈS LE VERDICT DU 3 NOVEMBRE, CELUI
DE L’AN 2000
C’est en vain que Trent Lott, sénateur du Mississipi et leader
modéré de la majorité républicaine, a tenté
de négocier, en coopération avec la minorité démocrate,
une issue honorable à la crise, en vue d’un procès rapide
faisant l’économie d’une comparution de témoins qui donnerait
lieu à un nouveau déballage pornographique à la face
du monde. Mais les ultras-républicains lui ont opposé une
fin de non-recevoir. Noyautés par une minorité activiste,
sous l’impulsion de la droite chrétienne prête à tous
les combats, ils entendent aller jusqu’au bout de la procédure,
dans l’espoir d’abattre un président honni qui ne partage pas leurs
valeurs.
La droite chrétienne du Grand Old Party ne représente
en fait que 30% de son électorat et seulement 10% des Américains.
Les treize “managers” issus de la Chambre des représentants, qui
font office de procureurs, semblent partager sa haine du président
et sont prêts à la guerre, d’autant que ce sont pour la plupart
des juristes chevronnés connaissant les règles du jeu et
la puissance de la loi. Mais ils restent apparemment déphasés
par rapport à la majorité des Américains.
Ceux-ci leur ont déjà exprimé leur désaveu
lors des législatives du 3 novembre dernier qui leur ont infligé
un semi-échec augmentant même, phénomène rare
pour un parti au pouvoir, la représentation démocrate au
Congrès. Leur politique leur a déjà coûté
deux speakers, l’ancien Newt Gingrich et celui destiné à
sa succession, Bob Livingstone. Elle risque de leur coûter les élections
de l’an 2000. Le GOP qui connaît une forte érosion ne séduit
plus que 40% des électeurs et semble au plus bas de sa popularité.
LE 106ÈME CONGRÈS SE VEUT ÉQUITABLE
ET SEREIN
Lors de sa rentrée parlementaire le 6 janvier, le 106ème
Congrès américain (435 représentants, 100 sénateurs)
a voulu se démarquer quelque peu de celui qui l’a précédé,
en tentant de débattre dans l’équité et la sérenité
du problème qu’il a hérité de celui qui l’a précédé
et dont la Chambre des représentants avait, en votant la destitution,
donné le spectacle de la désunion. Il avait sur les bras
une procédure à réinventer, la dernière en
date remontant à 130 ans et relative au procès d’Andrew Johnson,
sauvé à une voix près de l’“impeachment”.
Entré en scène, le lendemain, William Rehnquist, 74 ans,
chef de la Cour suprême, présidait le Sénat transformé
en tribunal et faisait prêter serment aux sénateurs devenus
juges et jurés. Il recevait les deux chefs d’inculpation portés
par William Hyde et les douze autres “managers”, mais se trouvait neutralisé
par les courants contradictoires animés par les républicains
(55) et les démocrates (45) portant notamment sur la procédure
et la convocation de témoins.
Le vendredi 8 janvier, à l’issue d’une réunion à
huis clos, les 100 sénateurs conduits par le leader de la majorité
républicaine, Trent Lott et le leader de la minorité démocrate,
Tom Daschle, ont adopté à l’unanimité les modalités
du procès où tout reste finalement à définir.
Ce compromis dit “historique”, fixe au 13 janvier le coup d’envoi des débats.
Les deux parties, à savoir les “managers” et les avocats du président,
disposeront chacune de 24 heures couvrant plusieurs jours pour présenter
leurs arguments. Quant aux sénateurs, ils bénéficieront
de 16 heures pour poser des questions. Ils procèderont par écrit
en ayant recours au président de séance. Ils pourraient demander,
à la moitié des voix, l’audition de témoins. Celle-ci
se fera au cas par cas et n’est pas acquise d’avance, comme le réclamaient
les ultras-républicains et que rejetaient en bloc les démocrates
qui estiment suffisant le déballage pornographique du procureur
Starr.
Monica (avec ses 83 kilos) et les autres, Linda Tripp, Betty Curie,
le secrétaire du président, Vernon Jordan proche ami de celui-ci,
peut-être une douzaine de témoins y compris Kenneth Starr,
pourraient être appelés à comparaître devant
le Sénat.
À LA RECHERCHE DU “SMOKING GUN”
Si à tout moment le procès pourrait être arrêté
et le non-lieu ou la réprimande votés, à tout moment
également, un élément nouveau pourrait créer
la surprise et constituer le “smoking gun” ou argument-clé que recherchent
en vain depuis douze mois les ultras-républicains et qui pourrait
précipiter la chute de Clinton. A tout moment, également,
Larry Flint, éditeur du magazine “Hustler”, pourrait entrer en ligne
et dévoiler, comme il le promet, une aventure sexuelle à
sensation attribuée à un ténor républicain.
La boîte de Pandore est ouverte. Et nul n’y échappera.
Une présidence fragilisée, de même qu’un Congrès
vivier idéal pour les scandales. Qui aurait pensé que l’affaire
Paula Jones mènerait à l’affaire Lewinsky et qu’une petite
stagiaire de la Maison-Blanche mènerait au bord du précipice
le “come-back kid”qui a apporté à l’Amérique 93 mois
de croissance?
Pendant que son sort est débattu au Sénat, Clinton qui
a évité de regarder la télévision, a préféré
poursuivre sa politique de proximité en faveur de l’école,
de la lutte contre la drogue et des retraites. Il sait bien que, selon
l’arithmétique, sa destitution est impossible. Les 67 voix ou la
majorité des deux-tiers n’est pas acquise. Son seul vœu est que
les choses aillent au plus vite. Il a, d’ores et déjà, donné
rendez-vous à ses concitoyens, le 19 janvier, pour son traditionnel
discours sur l’Etat de l’Union.