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Avec l’approche de la date des élections anticipées en raison du gel du processus de paix, Israël apparaît comme une société explosant de l’intérieur, n’ayant ni pilier, ni base, ni pierre angulaire. L’armée seule est le plus important facteur de la complémentarité, de la fusion, de l’unification et de l’homogénéité sociale dans la pensée et l’action entre les citoyens. Ceux-ci ont été amenés d’un peu partout pour créer un Etat qui ne porte de l’Etat, ni de la quintessence humaine que le nom et le drapeau. Israël - et que les jusqu’auboutistes disent ce qu’ils désirent - traverse une crise d’identité. Car les accords d’Oslo de 1993 avaient produit l’effet de l’anesthésie, au point de porter la majorité des Israéliens à croire que l’affaire palestinienne s’achemine vers sa solution. Cependant, la réplique aux problèmes idéologiques des grands partis a été une crise d’identité avec ses ramifications qui partagent une société dans son ensemble entre pauvres et riches, nouveaux et anciens immigrants, laïcs et religieux. La récession économique ayant suivi un développement éclatant et rapide dans la première moitié des années 90, a eu pour conséquence de permettre au revenu moyen du citoyen de dépasser celui du citoyen espagnol. L’économie s’est ralentie et a régressé, à tel point qu’on parle, à présent, de marasme et de chômage ayant atteint, officiellement, 8,5%; cette proportion n’a cessé de croître jusqu’à s’élever à 10%. Puis, il y a eu la fracture sociale disproportionnée. Les vaches maigres et grasses, les pauvres et les riches. Selon les nouveaux chiffres et statistiques, un Israélien sur huit (729.000 âmes) vit sous le seuil de pauvreté. C’est un ancien contentieux qui élargit la brèche entre les Sépharades et les Ashkénazes, aggravée par l’immigration russe. Les confrontations entre les jeunes Russes et les Maghrébins sont une grande source d’inquiétude, doublée par une crainte similaire de ce que la paix souhaitée ait une couleur de kaki (Ehud Barak, leader du parti travailliste, est un ancien général et Amnon Lipkin Shahak incarne le chef que la Providence a choisi, de l’avis de bon nombre d’Israéliens). Si les intérêts particuliers constituent le lot de toute démocratie parlementaire, en Israël ces intérêts revêtent la “marque” de l’usine qui les a fabriqués. Par rapport aux nouveau-nés du camp israélien de la paix, l’état d’urgence se traduit par le fait de s’entretuer sur le front social. Tout dialogue avec un pacifiste israélien cache toujours des surprises. Orin Yéhi Shalom (la paix vient sûrement) et c’est son nom véritable (27 ans) apparaît, un revolver fixé à la ceinture. Cela provoque un choc parce qu’Orin est le porte-parole de “Dor Shalom Dor Doresh”. C’est une formation comptant vingt mille volontaires et sa traduction est: “Une génération entière réclame la paix”. Il s’agit d’un rassemblement de jeunes âgés entre 25 et 30 ans, que l’assassinat de Yitzhak Rabin a regroupés et organisés, au sein duquel son fils Youval assume la charge de directeur du comité. Ce groupe a des relations régulières avec le président Arafat et l’organisation palestinienne “Fath”. Ainsi, entre l’attente de l’explosion interne inéluctable et la militarisation de la paix en kaki, Israël continue à localiser la position de la paix avec des doigts tremblants et aveugles, à la recherche d’une identité dont tout ce qui pointe à l’horizon régional et international, affirme qu’elle est perdue. |
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