LA CABALE JOUMBLATO-HARIRIENNE A L’AIR DE S’ESSOUFLER...
LE POUVOIR DÉTERMINÉ À POURSUIVRE LA RÉFORME ADMINISTRATIVE JUSQU’À SA FINALITÉ

L’opposition de M. Walid Joumblatt, chef du parti socialiste progressiste, s’est avérée plus “féroce” que celle de M. Rafic Hariri qui perd chaque jour un peu plus de sa vigueur.
 

Le président Husseini

Le président Karamé.

Le président Hariri et Walid Joumblatt.
 

De même, la position du parti social national syrien (ex-PPS) paraît moins virulente, ce dernier émettant des réserves sur la manière dont a été opérée la première tranche de la réforme administrative, arguant que “les organismes de contrôle n’avaient pas joué, comme il se doit, le rôle qui leur incombe.”
Par ailleurs, un membre du front de lutte nationale (joumblattiste), en l’occurrence M. Akram Chéhayeb, ancien ministre, a qualifié de “précipitées” les mesures prises dans le cadre de l’assainissement administratif, disant que les membres du gouvernement n’avaient pas été informés, au préalable, des rapports établis et des motifs ayant nécessité le relèvement de leurs fonctions de fonctionnaires de la première catégorie.
“Ceci étant, a ajouté M. Chéhayeb, il y a lieu de craindre la mise au rancart de l’accord de Taëf et de tous ses acquis”, appelant à “une politique moins vindicative qui pourrait fausser la réforme tant politique qu’administrative.”

HARIRI ASSOUPLIT SA POSITION
Cela dit, le président Hariri a mis de l’eau dans son vin. En effet, dans une harangue prononcée lundi dernier lors d’un iftar, l’ancien chef du gouvernement s’est prononcé “contre tout ce qui pourrait semer les germes de la zizanie... Nous sommes pour l’union et la solidarité afin de pouvoir affronter tant de défis auxquels le pays est confronté.
“Nous tenons ces propos, a-t-il poursuivi, à partir d’une position de force et non de faiblesse ou de défaitisme. Nous sommes fiers de ce que nous avons accompli et invitons les responsables à définir les lignes d’une politique pour l’avenir. C’est pourquoi, nous espérons que le Cabinet parachèvera la réforme et placera des éléments compétents et probes dans les postes vacants, tout en excluant les éléments corrompus et inaptes au service.”
Et de terminer: “Nous avons proclamé, dès le premier jour, notre disposition à nous tenir aux côtés des responsables et à les soutenir.”
Cette volte-face inattendue, M. Hariri l’a faite à la suite de “conseils” que lui auraient été prodigués par Damas. M Joumblatt a été, également, invité à atténuer de sa virulence, d’autant qu’il paraissait sur le point de s’en prendre, au président Lahoud en personne.

LA “BATAILLE DES IFTARS”
La “bataille des iftars” paraissait devoir se poursuivre au début de la semaine, mettant aux prises le président Hoss et son prédécesseur.
Le chef du gouvernement qui s’était abstenu de répliquer à ses détracteurs, a changé de tactique et répondu à ces derniers. A propos de l’éviction de certains fonctionnaires de la première catégorie - proches de M. Hariri - M. Hoss a dit qu’ils pouvaient recourir au Conseil d’Etat, s’ils jugent avoir été lésés. “Mais dans ce cas, a-t-il ajouté, nous nous verrons contraints d’ouvrir tous les dossiers et de révéler les raisons ayant motivé leur exclusion. Nous qui prônons le respect des institutions, accueillons, favorablement, toute action conforme à la loi.”
Cependant, l’ex-Premier ministre s’emploie, semble-t-il, à brouiller le chef du Législatif avec le nouveau régime, en réclamant le licenciement de fonctionnaires (se réclamant de “Amal” ou de la ligne politique du chef de ce parti), jugés incapables d’assumer les obligations de leurs charges. “J’ai tenté, vainement, assure-t-il, de les éloigner de l’Administration étatique. Des considérations d’ordre politique m’en ont empêché.”  M. Hariri croit ainsi inciter le président Berri contre le pouvoir.

CABALE À CARACTÈRE SECTAIRE ET CONFESSIONNEL
Certains milieux accusent M. Hariri de mener campagne contre le président Hoss, en jouant sur la corde sectaire ou confessionnelle. Et ce, à l’effet de le priver de la légalité politique au sein de la communauté sunnite.
Mais le président Omar Karamé est entré en ligne, dimanche dernier et prenant la défense de M. Hoss, a affirmé que “la communauté sunnite est parfaitement bien représentée au pouvoir.”
Ceci a amené M. Hariri à atténuer son action anti-gouvernementale. Dans le même temps, il a mis en doute la capacité du Cabinet de mettre au point un projet de budget équilibré, “ce qui, dit-il, constituerait un fait grave.”
De plus, il a mis en garde contre d’éventuelles attaques israéliennes contre nos infrastructures, prédisant, de ce fait, “quelques mois perturbés.”
De son côté, M. Joumblatt est revenu à la charge, à partir de Moukhtara, sur la base des intentions prêtées au régime d’élaborer une nouvelle loi électorale, qualifiant l’Armée de “sectaire et d’isolationniste”, disant en substance: “Nous n’accepterons pas une loi qui nous placerait à la merci de certaines gens dans la zone-nord du Mont-Liban.”
A ce propos, il a parlé de “deux montagnes”: une montagne arabe qui constitue la clé de la route reliant Damas à Beyrouth et le Sud, et une “montagne non arabe”, faisant ressembler sa bataille contre la loi électorale à la bataille militaire de la montagne en 1983...
Et d’enchaîner: “Le moment est venu d’arrêter cette comédie sous ce régime qui se cache derrière la transparence, devenu un régime terroriste falsifiant la compétence et la loi. Avant qu’il réclame des comptes aux honnêtes gens, nous lui réclamerons des comptes.”

LE SECOND TRAIN DE MESURES ADMINISTRATIVES
Quoi qu’il en soit, la rupture a éclaté au grand jour, lors de l’iftar annuel de l’orphelinat musulman, la semaine dernière: bien qu’assis l’un près de l’autre à la table d’honneur, les présidents Hoss et Hariri ne se sont pas adressé la parole.
Puis, dans le discours qu’il a prononcé à cette occasion, le Premier ministre n’a pas manqué de s’en prendre “à ceux qui mettent des bâtons dans les roues du char gouvernemental.
“Nous avons réactivé l’Etat de la loi, a dit M. Hoss, et nous nous employons à le doter d’éléments compétents et probes, en prévision de la réforme administrative que nous entreprendrons à travers les institutions.
“D’autre part, nous avons abrogé la décision interdisant les manifestations, afin d’accroître l’espace de liberté. De même, nous rouvrirons le dossier de l’audiovisuel.
“Enfin, nous avons réaffirmé la solidarité des volets libanais et syrien, ainsi que l’unité du destin entre les deux pays frères et voisins. Nous accordons l’attention qu’elle mérite à la question du Liban-Sud et de la Békaa-ouest, surtout dans cette période où s’intensifient les agressions criminelles d’Israël contre notre territoire et notre peuple.”
Et de conclure: “Le legs dont nous avons hérité est lourd, en particulier au plan financier et administratif. Mais, Dieu merci, nous disposons de la volonté, de la détermination et de la vision claire pour traiter tous ces dossiers, la vérité devant éclater, tôt ou tard, au grand jour.”

POLITIQUE DE “L’ORDRE DU JOUR”
Toujours est-il que les critiques du chef du PSP restent les plus violentes. En effet, il a utilisé des termes et des expressions laissant craindre la “militarisation” du régime et l’instauration de la “politique de l’ordre du jour”. Il va même jusqu’à accuser le pouvoir “de suivre une politique de dépit et de vengeance et de raviver la troïka sous une autre forme.”
Cela dit, le président Berri n’a pas manqué de réagir contre la cabale joumblato-haririenne, affirmant qu’il est résolu “à faciliter la tâche du pouvoir, pour réaliser la réforme administrative et, partant, édifier l’Etat de droit dont fait mention le document de l’entente nationale.”
En conclusion, il y a lieu de signaler la déclaration par laquelle le président Lahoud a réaffirmé, cette semaine, sa détermination à poursuivre la réforme et l’assainissement des services étatiques, tout en se disant satisfait des mesures prises jusqu’ici.
De son côté, le président Hoss abonde dans le sens du chef de l’Etat, alors que le président Husseini, à l’issue d’un entretien avec le président Berri, a exprimé sa satisfaction de ce qu’accomplit le “Cabinet des 16”.
De plus, il a répliqué à ceux qui taxent le nouveau régime de terrorisme: “S’il en était ainsi, dit-il, certains n’auraient pas pu expliciter leur opinion avec autant de liberté”.
 

NADIM El-HACHEM

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