La
“révélation” faite par le ministre de l’Intérieur,
selon laquelle près de 1.200 milliards de livres se sont volatilisées
de la Caisse municipale autonome au cours des cinq dernières années,
a provoqué une violente réaction dans les milieux parlementaires
où la tendance est en faveur de la formation d’une commission d’enquête.
Notre photo a été prise lors de l’ouverture, dimanche, au
palais de l’UNESCO, du congrès sur les municipalités.
En inaugurant
dimanche dernier le congrès pour la réactivation des municipalités
qui a tenu ses assises au palais de l’UNESCO, en présence de septcents
présidents de conseils municipaux, M. Michel Murr, ministre de l’Intérieur,
des Affaires rurales et municipales, après avoir exposé un
projet gouvernemental visant à déterminer le relation du
pouvoir central avec “l’autorité locale”, a créé la
surprise en posant la question suivante: “Où sont passés
les fonds de la Caisse autonome des municipalités? Comment ont-ils
été dépensés et dans quel but au cours des
cinq dernières années?
“Non moins de 1.200 milliards de livres sont entrés dans la
Caisse, a-t-il ajouté, et j’ai vainement tenté de savoir
comment ont été dépensées ces sommes considérables,
mais personne au ministère des Affaires rurales et municipales n’a
pu m’en informer. De ce montant énorme, il n’est resté que
10 milliards” (sic).
Ces “révélations” d’un ministre en poste ayant
fait partie du précédent Cabinet, n’ont pas manqué
de surprendre, d’autant que de tels propos ont été tenus
par un personnage haut placé ayant assumé des charges officielles
au cours des six dernières années. Premier à répliquer
au ministre de l’Intérieur, des Affaires municipales et rurales,
son ancien collègue des Finances. De fait, M. Fouad Sanioura a affirmé
que les fonds des municipalités avaient été dépensés
en vertu de décisions prises en Conseil des ministres, au cours
de réunions tenues en bonne et due forme, en présence de
M. Murr. Celui-ci a promis d’exhiber des documents corroborant ses dires.
M. Bassem Sabeh, ancien ministre de l’Information, s’est manifesté
à son tour et a exprimé sa surprise, qualifiant “d’absurdes”
les révélations de son ancien collègue, à qui
il reproche “de n’avoir dit que la moitié de la vérité”.
Il a même assuré lui avoir remis huit milliards, en sa qualité
de ministre des Affaires municipales et rurales “pour les distribuer aux
municipalités du Metn” (sa circonscription électorale) et
financer des projets d’utilité publique au moyen des fonds “prétendûment
extorqués”.
Un autre ex-ministre, en l’occurrence M. Elias Hobeika - on n’entendait
plus sa voix et ne voyait plus sa binette depuis des semaines - est remonté
sur ses ergots, défiant quiconque “d’ouvrir les dossiers et de prouver,
chiffres et faits à l’appui, que des “marchés louches” ont
été conclus dans les départements dont il détenait
les portefeuilles”.
Mais il est le moins bien placé pour lancer des défis...
M. Hobeika a profité de l’occasion pour décocher quelques
flèches empoisonnées aux nouveaux maîtres du Sérail.
En effet, il a minimisé l’importance de la réforme administrative
en cours. “Le changement, dit-il, me s’est opéré que dans
les noms; il n’y a rien de nouveau au niveau des options et du système
politique qui constitue le nœud du problème.” Aux dernières
nouvelles, l’Assemblée a réagi et se propose de mettre sur
pied une commission d’enquête pour tirer au clair l’affaire
des fonds disparus de la caisse autonome des municipalités.
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