ALORS QUE HARIRI MULTIPLIE SES CRITIQUES ET PÉRÉGRINATIONS...
LA NÉO-OPPOSITION CONTINUE À FAIRE DE L’OBSTRUCTIONNISME...

Aux précédents soucis et obsessions, d’autres viennent s’y ajouter, résultant du lourd legs hérité par le nouveau régime.

Ainsi, suite à la “révélation” faite par le ministre de l’Intérieur en ouvrant le premier congrès sur les municipalités, annonçant la disparition de 1.200 milliards de livres de la caisse autonome municipale, un branle-bas de combat a sorti la Chambre des députés de sa léthargie. Trois anciens ministres sont montés aux créneaux: MM. Fouad Sanioura, Bassem Sabeh et Akram Chéhayeb, pour réfuter les propos de M. Michel Murr. L’Assemblée s’est saisie du dossier et devait au cours d’une réunion conjointe des commissions confier à une commission ad hoc le soin d’enquêter sur cette affaire.
Deux autres membres du Cabinet haririen: Walid Joumblatt et Elie Hobeika ont rallié leurs anciens collègues pour partir en guerre contre le Cabinet et le... régime. La réforme électorale et les mesures d’assainissement administra-tives constituent leurs chevaux de bataille, déversant surtout leur excès de bile sur le ministre de l’Intérieur, des Affaires rurales et municipales.
Le président Nabih Berri a dit qu’il ne pouvait plus ignorer le “dossier municipal” après les indications fournies par M. Murr devant plus de trois-cents édiles réunis au palais de l’UNESCO.
Avant la réunion conjointe des commissions parlementaires, mercredi matin, le ministre de l’Intérieur avait conféré avec le chef du Législatif, à qui il a remis des documents accablants pour certains anciens responsables impliqués dans la dilapidation des fonds municipaux.
Tout ce tapage n’affecte nullement la décision du pouvoir de poursuivre jusqu’au bout la réforme administrative, sur la base de rapports détaillés que les ministres présenteront sur les départements dont ils détiennent les portefeuilles.
Le tour de ces derniers viendra après qu’aura été achevé l’assainissement de l’admi-nistration étatique l’opération devant s’étendre aussi aux fonctionnaires des deuxième et troisième catégories.
Par la suite, le gouvernement s’emploiera à élaborer le nouveau projet de budget, en prenant en considération les possibilités financières de l’Etat, la tendance étant en faveur d’une politique d’austérité. Ce qui n’a pas empêché le Conseil des ministres de se prononcer en faveur de l’organisation des jeux asiatiques de l’an 2000, en dépit des crédits relativement substantiels à débourser.
Fait à signaler: selon un responsable, la réforme admi-nistrative considérée comme une opération permanente, prendra fin d’ici un an, ce qui n’empêchera pas le gouver-nement de procéder à des nominations pour pourvoir aux postes qui deviendront vacants d’ici au mois de juillet, lorsque leurs titulaires seront admis à faire valoir leur droit à la retraite.
Autre préoccupation officielle assainir les finances publiques pour pouvoir réduire au maximum le déficit budgétaire. Il faut dire que la réforme administrative aidera à mettre fin au gaspillage, car jusqu’ici les anciens gouvernants accordaient davantage d’attention à leurs affaires et intérêts personnels qu’à ceux des citoyens.
Le Conseil des ministres s’attèlera à l’édification de l’Etat des institutions, ainsi que le stipule l’accord de Taëf. Ceci sera facilité par le travail en profondeur qu’accomplit le “Cabinet des 16”.
Naturellement, tous ceux que le changement qui est en train de s’opérer au niveau des institutions indispose, font feu de tout bois pour entraver l’action de l’Etat. Aussi, propagent-ils des rumeurs, vite démenties par le Sérail, faisant état de divergences de vues entre les présidents Lahoud et Hoss, autour de certaines nominations.
Comme on s’en doute, les “obstructionnistes” poursui-vront leur travail de sape. Il ne manquait plus que M. Elie Hobeika, ancien ministre des Ressources, pour critiquer la réforme administrative en cours, disant que “le changement s’est limité jusqu’ici à quelques noms, sans s’étendre aux options politiques et nationales”...
Le même Hobeika - qui n’a pas intérêt à se manifester - défie “qui que ce soit d’ouvrir des dossiers compromettants” et d’étaler des affaires louches qui auraient été traitées durant tout le temps où il a assumé des charges gouvernementales. “Celui dont la maison est en verre, ne doit pas lancer des cailloux”, ont déclaré certains politiciens...
Dans le même ordre d’idées, on a constaté que M. Rafic Hariri est rentré, cette fois de voyage, sans tambour ni trompette. Après avoir passé quelques jours en sa résidence de Koraytem où il a reçu ses alliés et amis, l’ancien chef du gouvernement est reparti pour l’étranger. Paris, étant, vraisemblablement, sa destination finale.
M. Hariri ne multiplie plus ses déclarations anti-gouvernemen-tales et se contente de décocher ses critiques devant ses visiteurs, dans l’espoir que ces derniers se chargeront de les propager à large échelle...
Avant de repartir en voyage, M. Hariri a observé que, lors de sa dernière interview télévisée, le président Salim Hoss “a reconnu, implicitement, la justesse de la politique économico-financière suivie par ses Cabinets successifs depuis 1992.”
Quant au président Hoss et pour mettre un terme aux critiques, il a laissé entendre qu’il révèlera les raisons pour lesquelles un certain nombre de fonctionnaires de la première catégorie ont été mis à la disposition de la présidence du Conseil ou, tout simplement, remerciés. Et ce, afin de réfuter les allégations des pro-Haririens selon lesquelles les mesures d’assainissement administratif sont motivées par un désir de vengeance et la détermination des nouveaux maîtres du Sérail d’évincer les hommes de l’ancien régime.
A ce propos, il y a lieu de signaler une déclaration de M. Hassan Chalak, ministre d’Etat chargé de la Réforme administrative, en réponse à une “révélation” de M. Hariri. Celui-ci a prétendu que M. Chalak, au temps où il assumait des charges officielles au sein du Conseil de la fonction publique, s’était abstenu de lui signaler les abus et infractions qui étaient faits par les commis de la République.
M. Chalak a affirmé que l’ancien Premier ministre ne tenait pas compte de ses rapports et il lui avait même interdit d’assister aux séances des commissions parlementaires et de l’Assem-blée, pour l’empêcher de divulguer des faits très peu en faveur de son gouvernement... Sans perdre de vue les dossiers consignant l’activité admi-nistrative.
M. Hariri avait soutenu qu’aucun dossier n’avait été établi par le CFP, en base duquel les fonctionnaires jugés inaptes au service ou ayant commis des abus, ont été mis sur pied.
M. Hariri a, également, critiqué le récent mouvement diplomatique, disant que “des ambassadeurs ont été mutés à des pays dont ils ne parlent pas la langue (!).
Quant à M. Walid Joumblatt, il exprime son appréhension d’une éventuelle “disparition de l’identité politique.”
 

NADIM El-HACHEM

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