LE “OUI” AU PRÉSIDENT ASSAD,
UN DROIT À QUI LE MÉRITE
Avec
des millions de Syriens et d’Arabes, “oui” au président Hafez Assad.
Le oui du peuple est une récompense et un baptême qu’il a
mérités par ses prises de position nationales sincères.
C’est un “oui” que le cœur ressent et envers lequel la raison s’engage
par sa signification et ses données sacro-saintes.
Quant au “oui” émanant du peuple pour
les questions vitales, c’est la quintessence d’une position étudiée
sans complaisance, ni hésitation, ni perplexité. Etant entendu
qu’il ne se laisse pas fléchir par la complaisance: il s’exprime
avec courage et responsabilité, soucieux de puiser à la source
du droit et du cœur de Dieu.
Le “oui” du président Assad est l’engagement
et la persistance dans la position issue d’une sincérité
nationale dans ses sens les plus profonds et les plus purs.
Le “oui” est parfois, plus difficile que le “non”.
Pourtant, la plupart des fois, le “non” est le plus difficile. Le général
de Gaulle disait “non” à la fin de la Seconde Guerre mondiale. “Parce
que je suis faible, je dis cela”. Il disait aussi: Quand je deviendrai
fort, et seulement à ce moment, je dirais “oui”. Le général
lui-même a dit “oui” à l’Algérie; “oui” au retrait
français du pays d’un million de martyrs. Parce qu’il refusait de
faire payer à la France le tribut de l’effondrement algérien.
Par la suite, on a parlé dans les milieux
gaullistes de la lucidité du Général, de sa vision
futuriste. Le général de Gaulle était un visionnaire
en politique, comme Alexis de Tocqueville relatait l’histoire de la démocratie
en Amérique; l’Amérique démocratique. C’est là
qu’apparaît l’étrangeté du sujet: elle écoute
son président, Bill Clinton, le soir, parler de l’état de
l’Union et l’applaudit. Puis, dans la matinée du même jour
et dans la même salle, il se défend par l’intermédiaire
de ses avocats dans l’affaire de ses relations féminines et l’Amérique
se met en colère et se serre les lèvres.
Après vingt-cinq ans, les gaullistes ont
admis que le Général fut un visionnaire en disant “oui” à
l’Algérie, quel qu’en fut le prix. D’où la colère
des colonels et des généraux. Preuve en est que l’Algérie
dont les généraux voulaient faire un prolongement de la terre
de France, comptait neuf millions d’habitants le jour de l’évacuation
française; ceux-ci sont devenus trente millions un quart de siècle
plus tard. Quant à la France, elle est restée la même,
comptant après vingt cinq ans, cinquante-cinq millions d’âmes.
L’argument des gaullistes en parlant de la vision
du Général, est que l’Assemblée nationale française
était devenue algérienne avec le tiers de ses membres. Et
ce, en un quart de siècle. Que serait-ce après cela?
Le “non” est difficile pour celui qui le prononce
et le “oui” aussi, car tous deux traduisent une opinion, une attitude et
une prise de position. De là, la difficulté du “oui” du président
Hafez Assad qu’il dit un jour où les Arabes ne sont pas en position
de force dans le concept balistique. Parce qu’il a été convaincu,
avec sa vision du lendemain, que la force du droit est la force de l’argument,
la force de la position, surtout lorsque l’argument est avancé du
côté du droit et quand la position incarne le droit lui-même.
Le “oui” de Hafez Assad est le “oui” des Arabes
ou bien il doit en être ainsi. Car il est du droit des Arabes d’être
rationnels réalistes et ayant une longue vue. Il n’est pas du droit
des Arabes d’être faciles, accordant des concessions et perplexes.
Le “oui” du président Assad est le
“oui” du timing étudié et pondéré. Le “oui”
du positivisme constructif, soucieux de préserver le droit sans
transiger sur le droit des Arabes, non le droit de la Syrie seule. Le droit
des Arabes au-delà de la limite minima de la solidarité interarabe.
Comme lors de la rencontre des ministres arabes des Affaires étrangères
au Caire. Le droit des Arabes dans un Etat palestinien, restituant le droit
ou ce qui peut en être récupéré, aux ayants-droit.
Le droit des Arabes dans la Palestine-Etat et
leur droit au Liban-Sud, sur les hauteurs du Golan et à Jérusalem,
sans parler du soutien, comme dans le lexique israélien. Mais plutôt
dans le lexique juif dont les expressions se sont traduites par l’accession
de Benjamin Netanyahu à la présidence du Conseil le 19 juin
1996, en remplacement de Yitzhak Rabin, parce que Shimon Pérès
a pu amener le monde, sous la présidence de l’Amérique, à
Charm el-Cheikh, sans parvenir à amener la voix israélienne
- et non la juive - aux urnes.
Aujourd’hui, Israël est perplexe, se demandant
s’il est capable de se modérer, d’arrêter son agression contre
le Liban-Sud, le Golan et le droit palestinien! La tempête politique
l’ébranle, probablement, parce qu’il sent qu’il doit confronter
la décision. Avec le “oui” qu’il n’a pas été capable
de prononcer jusqu’aujourd’hui, l’Etat hébreu est resté dans
l’erreur depuis sa création.
Il parlait, comme le faisait Ben Gourion avant
1948 et après cette date, “d’alliés naturels au nord”, non
du Liban-Sud. Comme si le nord israélien n’avait pas de frontières.
C’est pourquoi, il a le droit d’envahir en profondeur le Liban-Sud. Les
comptes d’Israël dans l’esprit de Ben Gourion étaient erronés,
car les “alliés naturels” dans son idée, étaient les
maronites. C’est davantage un crime; c’est une erreur.
Si nous inversions l’équation établie
par Talleyrand et Cambacérès, en parlant de “l’assassinat”
du duc d’Enghien sur base du rapport de Georges Cadoudal, nous dirions:
“C’est pire qu’un crime; c’est une faute.” Nous inversons l’équation,
parce que l’erreur peut être commise, parfois, de bonne foi. Quant
au péché, il est voulu et planifié: il s’inscrit dans
la voie de la violation des lois et des traditions. Il les connaît
et les transgresse. N’est-ce pas plus grave qu’un crime?
Israël de Ben Gourion est tombé dans
le péché originel, celui qui naît avec l’homme. Il
ne s’en est débarrassé que par le baptême de l’eau,
comme chez les chrétiens. C’est que les maronites n’ont été
aucun jour des alliés d’Israël. Si quelque chose d’inacceptable
s’est produit, ça et là, il est exceptionnel. Nous nous limitons
à cela, parce que nous ne voulons pas rédiger un acte d’accusation
contre personne.
Le “oui” de Hafez Assad, est celui de la justice
sage et équilibrée. Il a été dit, il est vrai,
après la “perestroïka” et la glasnost” avec Mikhaël Gorbatchev
en 1985, mais n’a pas été affecté par la chute du
mur de Berlin. Hafez Assad excelle dans la lecture politique au lendemain
des événements, comme il excelle dans leur traitement pratique.
C’est pourquoi, il est avec le droit du peuple
irakien de vivre libre. Et avec la nécessité de maintenir
le régime irakien à l’intérieur des frontières
de la légalité internationale. Il est avec l’Irak, considérant
que ce pays ne doit pas être sous la menace du missile américain.
De même, il n’admet pas que le Soudan soit
frappé par ce missile. Telle est la distinction sage qui caractérise
la spécificité syrienne dans le “oui” de Hafez Assad.
L’unitarisme international est une situation
difficile. Il accapare le monde pour l’empêcher de dévier
de la ligne et comporte exception, déviation, sang et convoitise.
De la mondialisation à la privatisation... et à l’avilissement
de l’homme qui est valeur, en définitive.
Avec Hafez Assad et le “oui”, parce que c’est
le “oui” du positivisme protecteur et réservé. Le “oui” du
droit arabe. Le “oui” de l’aspiration arabe à un homme s’attendant
à un avenir éclatant ou à un avenir prometteur, tout
au moins. Il n’est pas admis que la région soit proche d’un grand
changement, celui de la paix et que les Arabes soient des spectateurs au
moment où l'événement se produit.
Celui qui fait l’événement diffère
de celui qui l’observe. Et l’associé honnête n’est pas un
simple passant; ni même un compagnon de route.
Oui au “oui” du président Assad, parce
que nous le voulons ainsi et se présente de la sorte à son
départ. Oui au “oui” du président Assad, la veille de l’échéance,
car au plan syrien et arabe, c’est un droit à un méritant.
Le “oui” de la confiance et de l’espoir.
“Oui” et salut à vous, Hafez Assad!
(Cet article paraîtra au journal syrien
“As-Saoura” et dans “Al-Hawadess”). |
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