La
cabale menée contre le “Cabinet des 16”, à qui on n’a pas
accordé le bénéfice du “délai de grâce”,
a amené le président Salim Hoss à dénoncer
“la falsification des faits et la déformation de la vérité”
par ses détracteurs qu’il accuse “d’exploiter l’information à
des fins politiques, en usant de moyens financiers énormes”. Le
Premier ministre menace d’appliquer la loi sur l’enrichissement illicite
et de poursuivre “ceux qui ont monopolisé les médias par
l’octroi arbitraire de licences.”
Les fonds municipaux
disparus de la Caisse autonome des municipalités - selon le ministre
de l’Intérieur, des affaires municipales et rurales - auraient été
“retrouvés”, mais sur les régistres, du ministère
des Finances! Ce “scandale” ne connaîtrait pas, de si tôt,
son heureux épilogue, car la commission parlementaire chargée
d’enquêter sur ce problème, après avoir reçu
un rapport de l’Argentier de la république, ne pourra s’acquitter
dans un court délai de sa misssion.
De plus, la Cour des comptes aura à tirer au clair les infractions
ayant consisté à user des fonds municipaux au moyen d’adjudications
de gré à gré, ce qui transgresse les lois et règlements
en vigueur.
Une autre affaire s’est ajoutée à ce “scandale”: elle
a été soulevée par le ministre de la Réforme
administrative, ancien président du Conseil de la fonction publique.
Celui-ci soutient qu’il y a eu abus et gaspillage dans les 18 milliards
de dollars, prétendûment investis dans la reconstruction.
A son avis, tout au plus quatre ou six milliards ont été
utilisés pour les projets réalisés jusqu’ici. “Où
est passé, se demande-t-il, le reste du montant astronomique, le
Liban ployant sous le lourd fardeau d’une dette publique excédant
ses possibilités financières?”
A ce propos, les rapports de la Cour des comptes pour 1996-97 rendus
publics la semaine dernière, indiquent que “les gouvernements successifs
du président Rafic Hariri ont enregistré un chiffre-record
dans la réalisation de projets à propos desquels la Cour
des comptes a émis des avis défavorables.”
De ces rapports, il ressort que 270 décisions gouverne-mentales
portant sur des projets dont le coût global s’est élevé
à 340 milliards de dollars, ont été mises en application,
en plus d’autres dépenses d’un montant de 72 milliards, en dépit
d’un avis contraire de ladite Cour.
D’autre part, il est apparu que d’anciens ministres avaient engagé
des dépenses pour des millions de livres, cinq jours après
l’élection du nouveau chef de l’Etat, en contradiction avec les
lois et règlements, alors que le gouvernement Hariri expédiait
les affaires courantes, en dépit de la mise en garde de la Cour
des comptes et de son refus d’y souscrire.
Fait curieux; un ancien membre du gouvernement haririen, en l’occurrence
Ali Hrajli, s’est élevé contre les attributions conférées
à cette Cour, dont le droit de contrôle préalable sur
l’exécution des projets et les dépenses, arguant “qu’elle
risque de devenir un super-ministère ayant tendance à bloquer
l’activité gouvernemen-tale”...
Ainsi, on aura tout entendu de la part d’une équipe ministérielle
qui se croyait tout permis et faisait la sourde oreille aux conseils et
aux critiques, parce que, sans doute, elle se croyait inamo-vible...
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