RUTH DREIFUSS, PREMIÈRE
FEMME
À LA PRÉSIDENCE
SUISSE, ENTRE EN FONCTIONS
Ruth Dreifuss,
58 ans, fran-cophone, socialiste, ancienne syndicaliste, féministe
et juive, est la première femme à accéder à
la présidence de la Confédération suisse, pour un
an.
Ministre de l’Intérieur - un ministère essentiellement social,
les affaires de sécurité intérieure et de police étant
confiées à un autre département - depuis 1993, Ruth
Dreifuss gardera son ministère pendant son année de présidence,
dont l’importance est essentiellement symbolique.
Ruth Dreifuss a été élue par les deux chambres
du Parlement suisse le 9 décembre dernier, au terme d’un scrutin
sans surprise. Les sept conseillers fédéraux (ministres)
qui forment le gouvernement assurent, à tour de rôle, la présidence
de la Confédération. Ruth Dreifuss, qui était vice-présidente
en 1998, succède à ce poste à Flavio Cotti, ministre
des Affaires étrangères.
“J’ai un peu le trac”, avait confié Ruth Dreifuss, dans une
interview peu avant son entrée en fonctions. Pour elle, pas question
d’être une “femme-alibi”. Très heureuse de symboliser les
progrès qui ont été réalisés en Suisse
sur le plan de l’égalité entre les sexes, elle ne veut pas
que sa présidence laisse des illusions quant au chemin qui reste
encore à parcourir.
“Aujourd’hui, nous franchissons tout simplement une nouvelle étape
d’une lutte longue de plusieurs dizaines d’années”, avait-elle déclaré
le jour de son élection, avant d’encourager “l’autre moitié
du monde” à s’engager dans l’action politique.
“Il faut que cette moitié de la population (les femmes), qui
est traitée souvent comme une minorité, soit représentée
comme elle le doit. Cette égalité, nous la voulons et nous
allons la conquérir, pas à pas”, avait-elle ajouté.
Ruth Dreifuss avait 31 ans lorsque les citoyennes suisses ont obtenu le
droit de vote, en 1971.
Durant sa présidence, la socialiste genevoise entend être
à l’écoute de la population, de ses besoins et de ses espoirs.
Sa priorité ira aux jeunes, aux personnes en difficulté ou
qui font l’objet de discriminations, a-t-elle expliqué.
La nouvelle présidente souhaite également hâter
le débat sur une réforme des institutions helvétiques
et, surtout, soutenir l’idée d’une adhésion future de la
Suisse à l’Union européenne (UE). Pour elle, la discussion
doit être menée en expliquant clairement qu’il ne s’agit pas
d’une décision à prendre maintenant, mais de réfléchir
à ce qui pourrait être la suite.
“L’adhésion (de la Suisse à l’UE) est quelque chose de
souhaitable et, à mon avis, la seule solution digne d’un pays souverain
et indépendant”, avait-elle déclaré lors de sa première
interview, le jour de son élection.
Son élection à la présidence, bien qu’attendue,
a fait l’objet d’un vif intérêt dans la presse internationale,
surprenant une Berne fédérale habituée à voir
les correspondants étrangers couvrir avec un intérêt
poli la désignation annuelle d’un nouveau président. La Chancellerie
fédérale, à Berne, croule, désormais, sous
les demandes d’interviews.
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