LE CHOC DES DERNIERS REVERS
SUBIS PAR “TSAHAL”
Empêtré
dans le bourbier libanais, Israël alterne le chaud et le froid, alors
que ses dirigeants et différents groupes politiques sont divisés
sur l’attitude à adopter vis-à-vis de cette question. La
polémique bat son plein.
On peut parler même d’une malédiction qui poursuit
l’Etat hébreu, tant que “Tsahal” occupe une partie du Liban-Sud
et de la Békaa-Ouest. Alors que les médias occidentaux relèvent
le choc provoqué en Israël par les dernières attaques
d’un “Hezbollah” plus déterminé que jamais dans sa lutte
pour la libération.
L’opération de Marjeyoun-Kawkaba lancée le dimanche 28 février
par la résistance islamique, branche armée du “Hezbollah”,
au cours de laquelle le général Erez Gerstein a été
tué, ainsi que deux autres militaires et un journaliste israéliens,
a relancé le débat autour du retrait de “Tsahal” du Liban.
Le général Gerstein, 38 ans, était le “numéro
un” des forces israéliennes dans la zone occupée et assurait
la liaison avec l’ALS. Dimanche 28 février, peu avant 12 heures,
une puissante bombe télécommandée explose au passage
d’un convoi israélien sur la route allant de Marjeyoun à
Kawkaba tuant net le général Gerstein. L’émotion est
vive au sein de l’Etat hébreu, d’autant que c’est le premier militaire
israélien de ce rang à être tué au Liban depuis
l’opération “paix pour la Galilée”, en 1982.
La riposte de Tel-Aviv ne se fait pas attendre; elle se manifeste le
jour même par “des attaques sur terre, par mer et dans les airs”,
tel que l’annonce le général Shaoul Mofaz, chef d’état-major
de l’armée.
Les chasseurs -bombardiers israéliens effectuent de nombreux
raids suivis contre des positions du “Hezbollah” à Baalbeck, tout
comme dans la région de Tyr et contre le massif d’Iklim At-Touffah
et sur des positions palestiniennes à Naamé.
La tension est à son paroxysme, alors que le Premier ministre
israélien, Benjamin Netanyahu, déclarait: “Nous avons frappé
et nous sommes prêts à frapper avec plus de force encore.”
Lundi 1er mars, le Cabinet de sécurité israélien
se réunit d’urgence et M. Netanyahu se fait encore plus menaçant,
parlant “d’une nouvelle politique de représailles plus ferme, qui
n’impose à l’armée israélienne aucune restriction.”
Les menaces ont, d’ailleurs, été accompagnées d’un
acheminement de renforts en hommes et en matériel dans la zone occupée,
alors que le ministre de la Sécurité intérieure, Avigdor
Kahalani, relançait l’idée d’attaques contre des infrastructures
vitales au Liban. “Le jour où l’électricité sera coupée
à Beyrouth, affirme-t-il, le gouvernement libanais et ses “patrons
syriens” comprendront qu’il est dans leur intérêt de négocier
un retrait avec nous.”
Dans les localités du Nord d’Israël, la population passe
les nuits dans les abris par crainte de tirs de Katioucha. Dans les rues
de Tel-Aviv, des manifestants, surtout des femmes, pour la plupart des
mères de soldats israéliens, dénoncent vivement le
maintien des troupes israéliennes au Liban-Sud. Sur les pancartes
qu’elles brandissent, on peut lire: “Halte à cette occupation stupide”,
“Stop à la roulette russe!”
Au Liban, les hauts responsables ne cachent pas leur inquiétude
face aux menaces israéliennes. Des démarches sont entreprises
aussitôt auprès des Etats-Unis et de la France pour empêcher
une agression israélienne d’envergure.
La diplomatie prend, alors, le relais de l’escalade militaire et le
comité de surveillance se réunit dès le mardi 2 mars,
afin de reprendre la situation en main et de contrer toute escalade militaire,
tel que le préconise Washington.
M. James Foley, porte-parole adjoint du département d’Etat,
affirme: “Nous invitons toutes les parties à œuvrer dans le cadre
du comité de surveillance. Nous pensons qu’il est impératif
et dans l’intérêt absolu de toutes les parties que cette escalade
soit enrayée.”
Il précise, aussi, que Mme Madeleine Albright, secrétaire
d’Etat, a adressé des messages aux présidents Lahoud et Assad
leur demandant d’intervenir pour faire baisser la tension.
La tension est tombée. Après la tempête, le calme
a prévalu, mais le problème demeure entier: la libération
du Liban-Sud et, surtout, il s’agit de savoir par quel moyen Israël
sortira-t-il du bourbier libanais!
Les revers qu’il a subis ces derniers temps suite aux attaques des
“Hezbollahis” et la déconfiture d’Arnoun sont révélateurs
d’un profond malaise à l’intérieur d’Israël. Dans leurs
commentaires, les médias occidentaux en ont fait largement part,
les jours précédents, parlant “du trouble d’Israël qui
paraît impuissant face à la résistance islamique.”
“Euro-News”, “compare la situation d’Israël au Liban à
celle de l’Amérique au Vietnam.” La chaîne américaine
CNN affirme, pour sa part, que “ce que les Israéliens qualifient
“de zone de sécurité”, s’est retourné contre eux,
pour devenir un poids, avec une hémorragie de pertes continues en
vies humaines.”
Quant au commentateur militaire du quotidien “Haaretz”, Amir Oren,
il va même jusqu’à déclarer à l’AFP “qu’Israël,
comme d’autres nations confrontées à une guérilla,
n’a pas de véritable option militaire au Liban.”
A deux mois et demi des élections générales en
Israël, cette situation ambiguë n’est pas enviable pour les Israéliens.
L’information publiée par le “Yediyoth Aharonot”, faisant état
de vols de documents ultra-secrets relatifs au Liban-Sud, du bureau du
commandant de la région Nord, Gaby Ashkenaz, ne contribue pas à
calmer les appréhensions et la polémique: faut-il ou non
se retirer du Liban-Sud et selon quelle modalité? La question est
au centre de la campagne israélienne pour les élections et
les surenchères battent leur plein.
Le problème est d’autant plus urgent, que le “Hezbollah” exprime
avec force sa détermination à poursuivre les opérations
“jusqu’à la libération totale”.
Lors des funérailles d’un de ses militants, le responsable du
“Hezb” au Liban-Sud, cheikh Nabil Kaouk était plus qu’explicite
dans son allocution: “La résistance islamique ne permettra pas à
Israël de se ressaisir après les pertes qu’il a subies au Sud.
Nous sommes décidés à prendre pour cible des officiers
et des responsables sionistes, par des guet-apens et des obus piégés
tant qu’ils occuperont notre terre.”
Le “Hezbollah” vient donc de donner les preuves de l’efficacité
de ses services de renseignements et mène sa guérilla dans
le respect des normes prévues par l’arrangement d’avril 1996, en
évitant de prendre les civils pour cible.
En face, Israël révèle des faiblesses devant cette
résistance qui connaît le terrain et semble décidée
à rester dans les limites des accords conclus en 96.
Reste une grande interrogation: Tsahal se lancera-t-il dans une nouvelle
opération d’envergure au Sud avant les élections générales
en Israël et quel avantage pourra-t-il en tirer?
Souhaitons que la diplomatie puisse continuer à imposer sa force
tranquille, afin d’éviter le pire au Liban.
LE GÉNÉRAL SLEIMAN INSPECTE LES
UNITÉS MILITAIRES AU LIBAN-SUD
Le général
Michel Sleiman, commandant en chef de l’Armée, a inspecté
les unités militaires stationnées dans les positions avancées
du front méridional de Tyr à Nabatieh.
Le général Sleiman inspectant une
unité militaire
sur les lignes avancées du front méridional.
Félicitant les officiers et les hommes de troupe pour leur vigilance
et leur esprit de sacrifice, il les a engagés à s’acquitter
de leur devoir national sacré, tout en réaffirmant l’attachement
à la ligne tracée par le président Emile Lahoud depuis
le temps où il commandait la Grande Muette.
Puis, il a dénoncé les pratiques de l’ennemi israélien
“qui continue à occuper la terre et à réitérer
ses agressions contre les populations civiles démunies de défense.”
Le général Sleiman a appelé les militaires à
rester sur le qui-vive et à consentir plus de sacrifices “pour défendre
notre droit et nos concitoyens et les aider à résister à
l’occupation.” n
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