Editorial


Par MELHEM KARAM 

AUX GÉNÉRAUX D’ARNOUN SANS KALACHNIKOV, NI “M16”

BÉNIS SOIENT LES VENTRES QUI VOUS ONT PORTÉS 
ET LES SEINS QUI VOUS ONT ALLAITÉS

Arnoun est joyeux après que vous l’ayez libéré par votre opiniâtreté et vos volontés, sans armes hormis la foi. Ainsi, vous nous avez légué une gloire on ne peut plus sublime. Vous détenez dans vos mains des pages attendant d’être gravées. Etalez-y l’encre de façon à satisfaire Dieu et à glorifier l’homme. Puis, recevez le salut de celui qui mérite la médaille et remporte la victoire sans Kalachnikov, ni “M16”.
Pardonnez-moi, si j’utilise le mot mérite, car votre décoration est le symbole du Liban et quand nous prononçons son nom, cela exige le mérite et l’élévation.
Ô apôtres, vous engendrez une joie immense en vous mobilisant pour libérer la terre, avec un procédé nouveau, unique en son genre, en hissant un drapeau et en généralisant un héroïsme. Ceci est un acte transcendant qu’entreprend quiconque bénéficie du soutien de Dieu et de son inspiration.
Au moment de votre opération “suicidaire” courageuse, nous nous sommes tenus non pour voir une iliade, mais pour admirer le miracle de l’héroïsme croyant.
Si vous voyez une insistance de notre part à vanter cet exploit, c’est à cause de notre souci de garder en nous la justesse du symbole, sans rien perdre du sérieux de notre vision quant à l’un des motifs de l’humanité dans sa voie ascendante. Faute de quoi, les valeurs se perdraient et nous en arriverions à l’anarchie de l’égalité entre un homme de bien et de mal, entre un courageux et un être passif, entre un génie et un insipide.
Puis, vous avez réalisé le jeu de la prise de position grandiose, la vie étant dignité et esprit d’entreprise. Vous vous êtes exercés dans ce domaine et vous avez réussi.
Vous avez pris conscience d’une vérité flagrante: seuls ceux qui créent les événements de leur temps font l’Histoire. Quant aux autres, ce sont des êtres ternes; du bétail, des moutons n’ayant pas d’Histoire.
Il est parvenu à votre esprit jeune que le temps où on disait: “Si vous n’obtenez pas ce que vous voulez, admettez ce qui est”, n’est plus pour vous, ni pour votre préparation et votre logique. Votre temps exige de vous de dire: “Voici ce que nous voulons”. Et que les résultats soient à la lumière de ce que vous planifiez et décidez. Les vérités les plus grandioses sont conception et volonté. La malchance est la conséquence d’une volonté maladive, la chance étant la volonté triomphante. Les destins émanent de nos propres destins et jadis le poète disait: “Les réalisations sont à la dimension de notre détermination.”
Votre initiative est immortelle dans l’Histoire et même si celle-ci est ébranlée, elle restera altière. C’est une initiative héroïque ayant l’œil fixé sur le soleil. Ni faiblesse dans l’âme, ni nébulosité dans la vision.
Ô gens courageux!
Depuis l’aube de l’Histoire, l’action héroïque n’a pas connu un tel esprit d’entreprise hors du commun. A l’heure où a lieu le concours dans le festival des prises de position, le Liban se présente avec vous, tenant dans ses mains votre invasion d’Arnoun: le plan, l’exécution et le courage émanant de votre foi.
Vous êtes de la famille des géants qui ont une autre aurore. Combien les espoirs qui montent ont-ils besoin d’un geste de vos têtes, en signe d’approbation ou de refus.

***

Vous nous avez gâtés en nous habituant à tout acte transcendant évoluant, côte à côte, l’avec l’aventure. Nous attendons, désormais, de vous un don perpétuel, chaque jour un exploit et une invasion, comme si vous nous disiez: “Vous vous êtes éloignés de la fatigue découlant de l’engagement de la vie dans l’aventure. Combien êtes-vous tristes et combien sommes-nous heureux, nous qui voisinons avec le génie!
Et dans le sourire du sacrifice, apparaît un jour serein n’ayant pas son pareil en éclat et en beauté. On dirait un appel à la victoire et à la liesse. C’est le plan de la gloire et de l’orgueuil qui séduit, son monde étant nouveau et attirant. Celui-là est triste qui y pénètre tardivement. Beaucoup de choses lui ont échappé et il a perdu les plus radieux des jours.
Bénis les ventres qui vous ont portés et les seins qui vous ont allaités. Vous avez renforcé notre dignité; que Dieu raffer-misse la vôtre. Acceptez notre admiration et notre salut! 

Photo Melhem Karam

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