AUX GÉNÉRAUX D’ARNOUN SANS KALACHNIKOV, NI “M16”
BÉNIS SOIENT LES VENTRES QUI VOUS ONT PORTÉS
ET LES SEINS QUI VOUS ONT ALLAITÉS
Arnoun
est joyeux après que vous l’ayez libéré par votre
opiniâtreté et vos volontés, sans armes hormis la foi.
Ainsi, vous nous avez légué une gloire on ne peut plus sublime.
Vous détenez dans vos mains des pages attendant d’être gravées.
Etalez-y l’encre de façon à satisfaire Dieu et à glorifier
l’homme. Puis, recevez le salut de celui qui mérite la médaille
et remporte la victoire sans Kalachnikov, ni “M16”.
Pardonnez-moi, si j’utilise le mot mérite,
car votre décoration est le symbole du Liban et quand nous prononçons
son nom, cela exige le mérite et l’élévation.
Ô apôtres, vous engendrez une joie
immense en vous mobilisant pour libérer la terre, avec un procédé
nouveau, unique en son genre, en hissant un drapeau et en généralisant
un héroïsme. Ceci est un acte transcendant qu’entreprend quiconque
bénéficie du soutien de Dieu et de son inspiration.
Au moment de votre opération “suicidaire”
courageuse, nous nous sommes tenus non pour voir une iliade, mais pour
admirer le miracle de l’héroïsme croyant.
Si vous voyez une insistance de notre part à
vanter cet exploit, c’est à cause de notre souci de garder en nous
la justesse du symbole, sans rien perdre du sérieux de notre vision
quant à l’un des motifs de l’humanité dans sa voie ascendante.
Faute de quoi, les valeurs se perdraient et nous en arriverions à
l’anarchie de l’égalité entre un homme de bien et de mal,
entre un courageux et un être passif, entre un génie et un
insipide.
Puis, vous avez réalisé le jeu
de la prise de position grandiose, la vie étant dignité et
esprit d’entreprise. Vous vous êtes exercés dans ce domaine
et vous avez réussi.
Vous avez pris conscience d’une vérité
flagrante: seuls ceux qui créent les événements de
leur temps font l’Histoire. Quant aux autres, ce sont des êtres ternes;
du bétail, des moutons n’ayant pas d’Histoire.
Il est parvenu à votre esprit jeune que
le temps où on disait: “Si vous n’obtenez pas ce que vous voulez,
admettez ce qui est”, n’est plus pour vous, ni pour votre préparation
et votre logique. Votre temps exige de vous de dire: “Voici ce que nous
voulons”. Et que les résultats soient à la lumière
de ce que vous planifiez et décidez. Les vérités les
plus grandioses sont conception et volonté. La malchance est la
conséquence d’une volonté maladive, la chance étant
la volonté triomphante. Les destins émanent de nos propres
destins et jadis le poète disait: “Les réalisations sont
à la dimension de notre détermination.”
Votre initiative est immortelle dans l’Histoire
et même si celle-ci est ébranlée, elle restera altière.
C’est une initiative héroïque ayant l’œil fixé sur le
soleil. Ni faiblesse dans l’âme, ni nébulosité dans
la vision.
Ô gens courageux!
Depuis l’aube de l’Histoire, l’action héroïque
n’a pas connu un tel esprit d’entreprise hors du commun. A l’heure où
a lieu le concours dans le festival des prises de position, le Liban se
présente avec vous, tenant dans ses mains votre invasion d’Arnoun:
le plan, l’exécution et le courage émanant de votre foi.
Vous êtes de la famille des géants
qui ont une autre aurore. Combien les espoirs qui montent ont-ils besoin
d’un geste de vos têtes, en signe d’approbation ou de refus.
***
Vous nous avez gâtés en nous habituant
à tout acte transcendant évoluant, côte à côte,
l’avec l’aventure. Nous attendons, désormais, de vous un don perpétuel,
chaque jour un exploit et une invasion, comme si vous nous disiez: “Vous
vous êtes éloignés de la fatigue découlant de
l’engagement de la vie dans l’aventure. Combien êtes-vous tristes
et combien sommes-nous heureux, nous qui voisinons avec le génie!
Et dans le sourire du sacrifice, apparaît
un jour serein n’ayant pas son pareil en éclat et en beauté.
On dirait un appel à la victoire et à la liesse. C’est le
plan de la gloire et de l’orgueuil qui séduit, son monde étant
nouveau et attirant. Celui-là est triste qui y pénètre
tardivement. Beaucoup de choses lui ont échappé et il a perdu
les plus radieux des jours.
Bénis les ventres qui vous ont portés
et les seins qui vous ont allaités. Vous avez renforcé notre
dignité; que Dieu raffer-misse la vôtre. Acceptez notre admiration
et notre salut! |
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