N’en déplaise aux gens de peu de foi, la libération d’Arnoun
ce n’est ni du chiqué, ni de la mise en scène. Elle représente,
tout simplement, la force du droit. “Il est un droit supérieur à
tous les autres, c’est le droit à la dignité de toute collectivité”,
s’est écrié Aristide Briand devant l’Assemblée nationale
un jour où la dignité de la nation française était
menacée.
Dans ce petit village sudiste, les mains nues de nos universitaires
se sont avérées plus efficaces que les armes...
“Si cent mille jeunes, même les mains nues, entreprenaient une
marche en direction des zones occupées du Liban-Sud, qui pourrait
leur barrer la route?”, s’est écrié un villageois avancé
en âge, après la libération d’Arnoun.
C’est un octogénaire de cette même localité qui
a enflammé les deux mille étudiants ayant enlevé,
la semaine dernière, la barrière en fils barbelés
qu’Israël avait installée le 17 février autour de cette
agglomération du caza de Nabatieh.
En effet, exposant la manière dont cette dernière a été
libérée des “barbelés de la honte”, un universitaire
ayant pris part à la marche libératrice d’Arnoun, a confié:
“Une fois arrivé devant les fils barbelés, un vieil homme
a frappé de sa canne la pancarte sur laquelle était inscrite
cette expression: “Danger-Mines”, avant d’essuyer, furtivement, ses larmes!
“Cela a suffi à mettre le feu aux poudres, a ajouté le
jeune homme. Avec des centaines de mes camarades, nous avons déferlé
comme un seul homme vers les barbelés que nous avons enlevés
ensemble. Et ce, en dépit des sommations des soldats israéliens
en position à la citadelle de Chékif.
“Ces derniers ont tiré plusieurs salves dans notre direction
et nous avons craint pour la vie de nos compagnons qui avaient grimpé
sur les pylôres électriques afin d’y hisser le drapeau libanais”.
Les deux mille universitaires, rejoints par les habitants d’Arnoun
et des villages voisins, ont fait montre d’un courage hors pair, bravant
le danger et n’ayant qu’un objectif: enlever toutes les entraves ayant
empêché la population d’Arnoun de communiquer avec l’extérieur
depuis plusieurs années.
Exactement à dater de 1964 où elle avait été
mise dans l’impossibilité de gagner le village en voiture. Elle
avait été également privée d’eau, d’électricité,
coupée de Yohmor et d’autres agglomérations du caza.
Après le mouvement de masse de la semaine dernière, les
Sudistes répètent: “Que l’Etat soutienne notre résistance
et nous nous chargerons du reste”, explicitant ainsi leur refus de l’occupation
et de l’agression.
Le chef du gouvernement qui s’est rendu dimanche à Arnoun, en
même temps que plusieurs ministres, députés, notabilités
et délégations populaires locales ou venues d’autres
districts, a mis l’accent sur l’importance de la résistance et magnifié
l’exploit des jeunes ayant donné la preuve de leur courage, de leur
attachement au sol de la patrie autant qu’à la dignité et
à la souveraineté nationales.”
Les responsables ont tous réaffirmé à cette occasion,
la détermination de l’Etat “à mettre toutes ses possibilités
à la disposition du peuple, pour l’aider à récupérer
les portions occupées du territoire et à recouvrer tous leurs
droits”, dont celui de retrouver leur condition d’hommes libres.
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