LA SITUATION S’ÉTANT APAISÉE AU SUD
PRIORITÉ AU BUDGET 99, MAIS IL NE SERAIT PAS TRANSMIS À LA CHAMBRE AVANT AVRIL
 


Les derniers développements survenus sur le terrain au Liban-Sud, notamment la libération d’Arnoun par des universitaires libanais, ont sérieusement affecté Israël où une polémique est instituée autour du retrait de ses troupes du sud et de la Békaa-Ouest.

Ceci laissait la conjoncture ouverte sur toutes les éventualités. Fort heureusement, l’action diplomatique entreprise par le Pouvoir à tous les niveaux, spécialement auprès de  Washington et de Paris, ont freiné l’escalade militaire, suite à l’appel à la retenue de Mme Madeleine Albright aux parties antagonistes, alors que le groupe de surveillance de la trêve a siégé 24 heures avant la date fixée, aux fins d’éviter le pire et non plus pour examiner les plaintes qu’Israéliens et Libanais présentaient chaque fois. La communication téléphonique effectuée lundi par le président Assad avec le président Lahoud, relevait la gravité de la situation, d’autant que l’Etat hébreu menaçait de “déclencher une attaque d’envergure par voie terrestre, navale et aérienne”.
Les deux hommes d’Etat ont échangé les vues sur les développements et abouti, comme toujours, à la conclusion que Tel-Aviv manœuvrait à l’effet de dissocier les volets libanais et syrien. De toute façon, le chef de l’Etat a assuré que “le Liban ne tomberait pas dans le guet-apens que lui tendait Israël à travers l’isolement d’Arnoun, d’autant qu’il est parvenu à s’en sortir par la volonté de nos jeunes universitaires qui ont démantelé la barrière de fils barbelés avec leurs mains nues.” De son côté, le président Salim Hoss a multiplié les contacts avec les ambassadeurs des grandes puissances insistant, une fois de plus, sur la nécessité d’appliquer la résolution 425. Quant au président Nabih Berri, il a dit que le Liban affrontait l’Etat hébreu à trois plans: l’unité nationale, la coordination et la coopération avec la Syrie et le soutien de la résistance en tant que moyen de libérer le territoire.”
Trois développements s’étaient produits sur la scène sudiste au cours de la dernière semaine de février: Primo, la perte par Netanyahu de la “bataille d’Arnoun”. Secundo, le coup asséné à un commando israélien, dont trois officiers ont été tués au cours d’une embuscade. Tertio, l’attaque perpétrée par les “Hezbollahis” contre une patrouille de “Tsahal” sur la route menant de Hasbaya à Marjeyoun et qui s’est soldée par la perte d’un officier ayant le grade de général, en plus de deux militaires et d’un correspondant de la radio israélienne, ce qui ne s’était pas produit depuis l’invasion de 1982. Israël a riposté en multipliant les raids sur Baalbeck, pour la première fois depuis douze ans et les hauteurs de Naamé, causant d’importants dégâts matériels sans faire de victimes. La DCA de l’armée libanaise est entrée en action. Ces opérations en profondeur ont eu lieu après le retour de Netanyahu d’Amman et la tenue, sous sa présidence, du conseil de Cabinet restreint au cours duquel la décision a été prise, une fois de plus, “de frapper les positions du Hezbollah partout où elles se trouvent”. Le chef du gouvernement, M. Salim Hoss avait relancé les grandes puissances - les Etats Unis et la France en tête - pour exercer des pressions directes sur l’Etat hébreu, à l’effet de le dissuader d’entreprendre des opérations de représailles. Dans le même temps, le Liban a signifié au comité de surveillance, par l’intermédiaire de son représentant, le colonel Maher Toufaïly, son attachement aux clauses de la trêve. De plus, il a observé que la Résistance restreignait son action au cadre défini par l’accord d’avril 96. Cependant, après le démantèlement de la barrière de fils barbelés installée par “Tsahal” autour d’Arnoun, les plaintes au Conseil de Sécurité et au groupe de surveillance de la trêve se sont avérées inutiles. Que l’Administration américaine y ait contribué ou pas, il se confirme que l’affaire d’Arnoun a scellé une fois de plus l’unité nationale, comme ce fut le cas lors de l’agression d’avril 1996 ayant fait des dizaines de martyrs à Cana. Puis, le résultat fut presque le même que dans ce village-martyr, les Israéliens s’étant avoués vaincus, à preuve qu’ils n’ont pas jugé nécessaire de réagir, se contentant de tirer quelques salves dans le vide aux fins d’intimider les deux mille jeunes qui avaient investi Arnoun. Le président Emile Lahoud a maintenu le contact, au cours de l’offensive estudiantine, avec le colonel Toufaïly, par l’intermédiaire duquel il a mis en garde les membres du comité de surveillance, le représentant d’Israël en tête, contre toute attaque, dont les universitaires pourraient être les victimes, d’autant qu’ils se sont présentés les mains nues, défiant les soldats israéliens en position dans la citadelle de Chékif toute proche.
Tant le président de la République, que les chefs du Législatif et du gouvernement ont réaffirmé, à plusieurs reprises, le droit des citoyens à libérer la terre par tous les moyens en leur pouvoir, qualifiant l’initiative des étudiants “d’acte héroïque entrepris dans une opération nationale légitime”. Pendant ce temps et la situation tendant à s’apaiser dans la région frontalière, la commission ministérielle ad hoc a repris l’étude du projet de budget 99, lequel ne serait déposé sur le bureau de la Chambre qu’au mois d’avril et non à l’ouverture de la session ordinaire du parlement. Et ce, afin d’y joindre un plan quinquennal destiné à relever l’économie nationale et de résorber la dette publique. Les responsables s’emploient à ramener le déficit budgétaire jusqu’au-dessous de 45%, le chiffre global de la loi de finances ne devant pas excéder 8.500 milliards de livres. En ce qui concerne les démarches effectuées en vue de préparer une rencontre entre le chef de l’Etat et le leader du PSP, elles n’ont pas encore porté leur fruit, mais on présume qu’elle ne tarderait plus. D’ailleurs, Joumblatt a appelé, indirectement, dimanche dernier, le président Lahoud, sans le citer nommément: “à s’ouvrir et à écouter toutes les parties; il n’est pas permis que le Liban en arrive à l’information dirigée et programmée. Aucun “sage” au Liban ne peut l’admettre.” A ce propos, il y a lieu de faire état des réflexions émises par S.Em. le cardinal Sfeir lors de sa visite à Paris et des termes de l’homélie qu’il a prononcée au cours de la messe solennelle célébrée en la cathédrale Notre-Dame. “La situation au Liban, a-t-il affirmé, a tendance à s’améliorer, les responsables déployant de grands efforts aux fins d’assurer une bonne gestion de la chose publique.”
De plus, l’éminent prélat a invité tous les Libanais “à contribuer au relèvement de la patrie, chacun à partir de sa position, afin que le Liban s’acquitte de sa mission historique, celle de la vie en commun dans un climat de souveraineté, d’indépendance, de justice, d’égalité, de liberté et de respect des droits de l’homme.” A l’issue de l’office divin, le cardinal-patriarche a conféré avec le président et Mme Amine Gemayel, le général Michel Aoun et M. Raymond Eddé, chacun séparément, ainsi qu’avec MM. Naji Abi-Assi et Robert Naoum, respectivement ambassadeur et consul du Liban et d’autres personnalités libanaises ou françaises, échangeant avec ses interlocuteurs les vues sur la conjoncture locale et régionale.
Par ailleurs, les observateurs se perdent en conjectures à propos de la réforme électorale, d’autant que le gouvernement semble en avoir placé le projet en quatrième position au plan des priorités.
Partant de là, on présume que le “Cabinet des 16” ne s’attellera à la révision de la loi électorale qu’après en avoir fini avec le projet de budget 99, la mise sur pied du Conseil économique et social et l’adoption de la décentralisation administrative.
Ainsi, le gouvernement s’accorde un certain délai pour recueillir l’avis des différentes parties quant à la formule la plus adéquate - par rapport à la circonscription et au découpage électoral - en vue d’assurer une représentation nationale la plus parfaite possible.Il semble que seul le Mont-Liban pose un problème, à l’exclusion des autres districts; aussi, le Pouvoir a-t-il préféré retarder l’étude de la question jusqu’à l’automne. Dans ce cas, la législature actuelle serait écourtée au printemps de l’an 2000.
 
 
 

NADIM El-HACHEM

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